Exploitation minière à Kérouané : les communautés de Damaro interpellent les autorités (les raisons)

Les revendications et plaidoyers pour l’amélioration des conditions de vie des populations impactées par les projets miniers se multiplient à travers la Guinée. C’est dans cette dynamique que les communautés de Damaro, dans la préfecture de Kérouané, ont envoyé des messages forts ce dimanche, 19 mai 2024, exigeant le respect du contenu du référentiel de compensation, d’indemnisation et de réinstallation, a appris un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Les communautés de Damaro ont pour l’occasion arboré des pancartes avec des messages forts tels que « Mon déplacement exige mon consentement », « Femme, épouse, ma voix compte », « Nos moyens de subsistance, nos vies », « Sécuriser nos moyens de subsistance », « Nos terres perdues, la désolation de nos cœurs », « Ma terre, ma vie, l’avenir de mes enfants ». Dans un mouvement de revendication, les citoyens ont réclamé du gouvernement une prise en compte de leurs droits, un consentement libre et éclairé avant toute décision affectant leur territoire.

Tout tourne autour du référentiel de compensation et d’indemnisation, un document essentiel qui établit les normes et les mécanismes à mettre en place pour assurer une compensation juste et équitable aux communautés affectées par les activités minières. Mais, depuis 2017, la signature de ce document peine à voir le jour. C’est dans ce cadre que Bangaly Camara, leader communautaire de Damaro, a pris la parole au nom de ses camarades mobilisés pour la circonstance, pour défendre et exiger la signature de ce document pour le bien-être de la communauté.

Bangaly Camara, leader communautaire de Damaro

« Nous, communauté de Damaro, sommes réunis aujourd’hui, dimanche 19 juin 2024, pour lancer un appel à l’endroit de notre gouvernement, pour adopter de façon urgente, le référentiel de compensation et d’indemnisation des communautés impactées par l’exploitation minière. Depuis 2017/2018, ce document est sur la table du gouvernement avec l’implication de toutes les parties prenantes. Mais, jusqu’à ce jour, les communautés souffrent parce que ce référentiel n’est pas encore officiel… Tout ce que nous pouvons demander à l’Etat, c’est de regarder nos conditions de vie et de rendre officiel ce document qui va positivement impacter la vie des communautés victimes », a-t-il déclaré.

Pour appuyer ce mouvement de revendication et accélérer la signature de ce document qui garantit le droit des communautés, les acteurs de la société civile ont formulé des recommandations importantes à l’endroit de l’Etat.

Amadou Damaro Camara, acteur de la société

« L’adoption de ce référentiel n’est qu’une urgence pour non seulement la communauté impactée mais aussi la nation toute entière. Nous, en tant que société civile, demandons à l’État d’accompagner la communauté en votant ce référentiel. Adopter ce projet offrirait un soulagement à la population impactée ; car, nos terres ne servent à rien maintenant, même pour l’élevage, nos cours d’eau disparaissent aussi à chaque instant », a fait savoir Amadou Damaro Camara, acteur de la société.

L’impact de l’exploitation minière a des conséquences particulièrement néfastes pour les femmes, qui voient leurs activités économiques durement touchées. L’occupation des terres agricoles par les sociétés minières réduit considérablement leurs sources de revenus, mettant ainsi en péril leurs entreprises.

Devant cette situation précaire, elles perdent leur accès aux ressources naturelles nécessaires à leurs activités économiques. Ce qui entraîne une diminution des revenus et une détérioration de leurs conditions de vie. C’est ce qu’a indiqué Aminata Camara, au nom de la gent féminine.

Aminata Camara, ressortissante de Damaro

« Les difficultés que nous avons aujourd’hui, c’est que l’argent qu’on nous donne ne vaut pas la valeur de nos terres. Ce sont ces terres qui nous nourrissaient, mais ce qu’on nous donne est loin de la valeur de nos terres. C’est pourquoi nous exigeons l’adoption du document dénommé « le référentiel de compensation et d’indemnisation des communautés impactées par l’exploitation minière ». Si ce document est officialisé aujourd’hui, nous, les femmes, bénéficierons d’un accompagnement au niveau de nos activités, notamment la culture maraîchère et autres », a-t-elle indiqué.

En réclamant la signature du référentiel de compensation et d’indemnisation, les communautés de Damaro cherchent à établir un partenariat équitable avec les sociétés minières. Elles veulent s’assurer que leurs droits soient respectés, que leurs voix soient entendues et que leurs préoccupations soient prises en compte dans toutes les décisions qui les concernent.

De Kankan, Souleymane Kato CAMARA pour Guineematin.com

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