Fin du procès du 28 septembre 2009 : « Nous ne sommes pas fâchées contre Dadis, Toumba…» (victime)

Comme annoncé précédemment, le verdict est tombé dans le procès du massacre du 28 septembre 2009 avec diverses peines pour les accusés, parfois très lourdes pour certains. D’autres ont été tout simplement acquittés à l’issue du verdict. Les victimes de ces atrocités expriment leur satisfaction et disent ne pas être rancuniers à l’encontre des condamnés. C’est le cas de Mariama Baïlo Diallo, une des victimes, interrogée par un reporter de Guineematin.com, dans la foulée de la décision rendue par le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry.

Le tribunal a requalifié les faits en crimes contre l’humanité. Dans le verdict, de nombreux accusés écopent de lourdes peines d’emprisonnement.

Mariama Baïlo Diallo, partie civile dans cette affaire, domiciliée au quartier Dixinn Rails, se réjouit des condamnations. « Le verdict rendu aujourd’hui, je suis vraiment contente de même que mes amies victimes. Au début, nous ne pensions pas que le procès allait avoir lieu. Ça s’est enfin réalisé. Pendant 15 ans, nous avons attendu. Nous n’avons pas fait cela pour qu’il y ait la guerre ou la mésentente entre nous (guinéens). Nous l’avons fait pour que ceux qui sont ou cherchent le pouvoir sachent que nous sommes des enfants de la Guinée. Nous n’avons nulle part où aller. J’ai été opérée deux fois à cause de ce que j’ai subi lors des événements du 28 septembre 2009. J’ai eu des problèmes d’yeux. Grâce à l’AVIPA (Association des victimes, parents et amis du 28 septembre), j’ai subi une opération de mes yeux et j’ai obtenu cette paire de lunettes. Beaucoup de mes enfants ont souffert à cause de ce qui m’est arrivée le 28 septembre. Mais aujourd’hui, je suis contente. Je remercie ceux qui ont permis à ce que ce procès ait lieu. Je suis ravie du procureur. Ce que je demande, ce ne sont pas eux qui nous ont soigné mais le dédommagement qu’ils nous ont promis, de tout faire pour que cela se réalise. Si ça se réalise, c’est bon ; sinon, ce n’est pas grave. Mais, nous voudrions que cela soit une réalité. Ils ont parlé du dédommagement mais, je ne suis pas sûre que cela aura lieu, puisque c’est la Guinée. Je ne croyais pas que ce procès allait avoir lieu. J’aimerais que le dédommagement se fasse de la même manière. Je demande au procureur de nous aider à obtenir notre dédommagement. Nous avons souffert », a laissé entendre Mariama Baïlo Diallo.

Par ailleurs, cette partie civile précise ne pas avoir de ressentiment contre les accusés. « Nous ne sommes pas fâchées contre Dadis, Toumba, ceux qui étaient au pouvoir en ce moment. Ils ont été condamnés pour leurs actes. Heureusement pour certains d’entre eux, ils sont presque libres maintenant, mais ils doivent savoir que s’ils sont au pouvoir, ce sont nous les enfants de la Guinée qu’ils dirigent. Nous n’étions pas allés au stade pour la guerre plutôt pour fêter. Quand on t’interdit de parler dans la concession de ton père, tu vas parler dans la concession du père de qui ? On était parti au stade pour nous exprimer. Les condamnés aussi ne doivent pas être haineux contre nous. Nous devons jouer et blaguer ensemble. Nous supplions pour avoir le dédommagement promis », a déclaré Mariama Baïlo Diallo.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box