Cour Constitutionnelle : ils veulent dégager Kéléfa Sall puisqu’il est contre un 3ème mandat

Une sainte confusion règne actuellement à la Cour Constitutionnelle qui semble fonctionner dans le sens contraire des lois de la République ! Les choses se sont accélérées hier, lundi 05 mars 2018, à la Cour Constitutionnelle. Après un tirage au sort destiné à renouveler par tiers les membres de la Cour, huit (8) des conseillers sur les neuf (9) que compte l’institution, se sont réunis pour destituer le président Kéléfa Sall.

Une situation que dénonce le Professeur Salifou Sylla, constitutionnaliste. Joint au téléphone dans l’après-midi de ce mardi 06 mars 2018, cet ancien ministre de la justice de feu général Lansana Conté a vertement critiqué le non respect des textes de lois dans notre pays.

« J’ai appris qu’ils ont destitué Kéléfa Sall. Je ne vois pas en vertu de quel droit ils l’ont destitué. Parce que, ce que je sais de la Constitution, c’est que le président de la Cour Constitutionnelle est élu pour 9 ans, non renouvelables. Je ne sais pas sur quel texte ils se sont basés pour le destituer. Est-ce que c’est la loi organique ? Est-ce que c’est le règlement intérieur ? Je dois dire que je n’ai pas ces deux textes à ma disposition. Mais, je crois que le texte de base, c’est la Constitution et que rien ne doit être fait par les textes inférieurs qui ne soit conforme à la Constitution », soutient le Professeur Salifou Sylla.

Pour ce qui est du tirage au sort effectué et qui remplace 3 conseillers, l’ancien ministre pense qu’ils peuvent contester la méthode. « Qu’ils puissent contester la manière dont le tirage au sort a été fait, c’est possible, c’est leur droit. Mais, ce tirage au sort est une obligation, parce qu’il est dit qu’au bout de trois ans, il y a trois qui doivent être tirés au sort et qu’ils doivent quitter. Tous les conseillers, à l’exception du président de la Cour Constitutionnelle, désigné pour 9 ans non renouvelables, qui est garant de la continuité de l’institution, on ne devrait pas le toucher », estime-t-il.

A la question de savoir ce qui peut expliquer pareil scénario, le Professeur Salifou Sylla pense que « le problème en Guinée, c’est qu’on est accroché aux postes, personne ne veut quitter. Toutes les autorités du pays, à commencer par le sommet, tout le monde est accroché, les gens sont cramponnés aux postes ».

Qui en veut alors à Kéléfa Sall ? « Je suis convaincu qu’on voulait dégager Kéléfa Sall, depuis le discours qu’il a prononcé le jour de l’investiture. Il y a des pics qu’on a lancés. Depuis lors, il n’est pas en odeur de sainteté et on essayait de l’avoir. Peut être qu’il est tombé dans un piège en faisant ce tirage, et les autres l’attendaient. Ceux qui dirigent ce pays sont des spécialistes de la violation de la loi, ils ne respectent pas le droit, ils ne respectent pas leur parole », martèle l’ancien garde des sceaux.

Pour ce qui est de la solution, le Professeur Salifou Sylla dit « ne pas savoir comment ils vont faire puisqu’il n’y a pas une structure qui est au dessus de cette Cour Constitutionnelle qui invalider ce que la Cour a fait ».

Propos recueillis pas Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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