Me Jean Baptiste Jocamey Haba, un des conseils du capitaine Moussa Dadis Camara, plaide depuis la matinée de ce mercredi, 12 juin 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry). Et dans son exposé cet après-midi, il a révélé les raisons qui ont sous-tendu à l’inculpation de son client dans ce dossier. Il a notamment évoqué des “raisons politiques” dont le chef d’orchestre était le Pr Alpha Condé (ex chef de l’Etat guinéen : ndlr). Cet avocat assure que le capitaine Moussa Dadis Camara a été entendu en qualité de témoin avant d’être inculpé dans ce dossier sur instruction du président Alpha Condé qui avait peur de l’affronter à l’élection présidentielle de 2015 en Guinée.
« Oui, le président Dadis a été inculpé sans l’existence d’aucun indice grave et concordant de nature à justifier son inculpation. Aucun indice grave et concordant rendant vraisemblable sa participation directe ou indirecte en tant qu’auteur, co-auteur ou complice à la commission des faits pour lesquels il est renvoyé devant vous. C’est un témoin qui a été inculpé pour des raisons politiques. La première raison, c’était que le président Dadis avait accepté d’être président d’un parti politique qu’on appelait le FPDB. Il a été inculpé le 28 février 2015. Et 2015, c’était l’année électorale en Guinée pour le Pr Alpha Condé. L’autre raison, c’est tout simplement parce qu’il a reçu le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo… Le président Alpha Condé a dit : ils veulent me menacer. Et nous savons tous qui il (Alpha Condé) est en politique. Donc, il fallait empêcher Dadis d’être candidat à cette élection présidentielle de 2015. Et c’est pour ça qu’il a décidé de demander aux juges d’aller l’inculper. Monsieur le président, je pèse mes mots. Je le dirais plus haut ailleurs qu’ici : le président Dadis n’a pas été inculpé pour avoir commis ou tenté de commettre une infraction. Mais, il a été inculpé pour des raisons politiques, parce que le président Alpha Condé ne voulait pas le voir candidat. Puisqu’il (Alpha Condé) l’avait transformé en fonds électoral. Et c’est ce qui continue aujourd’hui… Il (Dadis Camara) reste populaire, qu’on le veuille ou pas. Une bonne partie des Guinéens se reconnaissent encore au président Dadis Camara… Donc vous comprendrez pourquoi le parquet et la partie civile ont des difficultés à démontrer le bien-fondé de telles ou telles infractions à son égard », a déclaré Me Jean Baptiste Jocamey Haba.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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