Les populations de Kaporo rails menacées : « vous risquez de créer des troubles », prévient Haali-Pular

Haali pularLes citoyens qui habitent le quartier Kaporo rails sont de nouveau menacés. Ayant reçu une lettre du ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, la coordination nationale Haali Pular a prévenu ce dernier des risques, notamment de troubles qu’un tel déguerpissement pourrait susciter.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, l’intégralité de cette lettre signée du très respecté Elhadj Saïkou Yaya Barry, président de la Coordination nationale Haali-Pular, doyen des Sages, Compagnon de l’indépendance :

De la Coordination Nationale Haali-Pular de Guinée

Au

Ministre de la Ville et de l’Aménagement du Territoire

Lettre réf. 004 du 09 /03/15

Monsieur le Ministre,

Nous accusons réception du courrier n°0795 que vous avez bien voulu transmettre aux coordinations régionales pour information à la date de 29 Décembre 2014 en réponse au courrier que le collectif des citoyens de Kaporo Rails vous a adressé le 14 Novembre 2014.

Revenant au contenu de la lettre, vous avez cité le décret de 1989 et vous avez terminé en disant que les occupants des secteurs 4 et 5 de Kaporo Rails doivent déguerpir immédiatement.

C’est ce passage qui nous a mis hors de nous-mêmes, parce que nous estimons avoir à faire à un Etat, à une République régit par des lois édictées par le pouvoir législatif appliquées par le pouvoir exécutif avec l’arbitrage du pouvoir judiciaire qui veuille à ce que fut juste fut fort et non fut fort fut juste. Bref qui veuille à ce que les plus forts n’écrasent pas les plus faibles. Ce pouvoir garantit les droits de tous les citoyens.

Parlant de ce décret de 1989 faisant de cette zone, une réserve foncière de l’Etat, vous devez savoir qu’avant cette date, cette partie était déjà occupée et si l’Etat veut l’exproprier, il doit passer par la procédure qui sied en la matière. D’ailleurs, ce décret de 1989 est un décret usurpateur, parce qu’il est venu réserver une zone qui est déjà occupée légalement.

En s’appuyant sur ce décret N°D/211/PRG/SGG/89, du 23 Novembre 1989, on pensait que vous devriez aller jusqu’au bout, en citant son article 4 alinéa 2 qui dispose : que ces occupants qui auraient mis en valeur leur fonds avant la date du 20 Avril 1988, ci-dessus indiquée, ne sont déguerpis que si l’Etat s’engage à les recaser et à les indemniser de la valeur de leurs réalisations sur le fonds.

On vous recommande aussi les textes suivants : l’article13 de la Constitution, l’article 54 du Code Foncier et Domanial et l’article 534 du Code Civil.  

Monsieur le Ministre, tous ces textes de lois règlent ce Problème. Vous n’avez pas besoin de contours et de détours en envoyant tantôt le Président de la délégation Spéciale de Ratoma, tantôt en écrivant aux habitants de Kaporo Rails. Il vous suffit d’ordonner à votre conseiller juridique de lire attentivement ces lois et qu’il vous dise ce qu’il faut faire.

Il ya lieu de vous rappeler aussi, que des citoyens guinéens attendent encore de l’Etat, leur indemnisation dans ce même quartier depuis leur déguerpissement en Février 1998. L’Etat est une continuité.

Sachez Monsieur le Ministre, que les secteurs 4 et 5 de Kaporo Rails sont habités par plus de 8349 habitants, 1015 bâtiments, et plus 643 familles. Ce sont les derniers chiffres communiqués par le Collectif à la Coordination Haali-Pular et le recensement continu.

Où voulez-vous mettre tous ces habitants ? Vous savez que la Cité Ministérielle, le bloc des professeurs, une partie de Kaloum, jusqu’à Moussoudougou, une partie de Coléah, Mafanco, la Sig Madina, la Cité de l’air, etc…sont des réserves foncières de l’Etat mais, vous ne vous intéressez pas à toutes ces zones parce qu’elles sont habitées par des gens qui sont dans les bonnes grâces de certains.

La Coordination suggère au gouvernement d’envoyer une Commission pour évaluer ce qui a été détruit en 1998, qu’il y ait une indemnisation juste des déguerpis d’alors, avant de penser à provoquer d’autres dégâts.

C’est de cette façon que les choses doivent se dérouler dans un Etat de droit et comme l’Etat de droit signifie la soumission de l’Etat au droit, alors, l’Etat aussi doit être respectueux des lois de la République.

C’est de la même manière que le gouvernement guinéen, a procédé pour indemniser les personnes dont les bâtiments avaient été touchés par l’élargissement de la Route de Dabompa jusqu’à la Commune urbaine de Coyah. Pour quoi la même procédure ne peut pas être utilisée pour les habitants de Kaporo Rails?

Maintenant, si au nom de l’Etat, certains veulent imposer, une procédure illégale aux innocents citoyens, en ce moment, nous serons dans l’obligation de nous battre corps et âmes contre toute forme d’injustice d’où qu’elle vienne.

Monsieur le Ministre, nous savons que derrière cette affaire, se cachent des objectifs inavoués, une volonté de chasser les Peulhs de Kaporo Rails et de tout Ratoma. Nous savons qu’on leur en veut beaucoup.

D’ailleurs, Monsieur le Ministre, des mauvaises langues disent que vous auriez tenu des propos à caractères racistes et ethnocentristes à l’égard de ces habitants de Kaporo Rails, lorsque des personnalités Politiques de ce pays sont venus vous rencontrer pour ce même problème.

S’il en est ainsi, la Coordination Haali-Pular est obligée de vous dire que ces peulhs dont-il s’agit, sont des citoyens guinéens qui ont des droits et des devoirs, et nous ne permettrons à personne de leur imposer l’injustice et l’arbitraire.

La Coordination Nationale Nationale Haali-Pular de Guinée, toujours très soucieuse de la préservation de la paix et de l’unité nationale, vous conseille de passer par la voix légale pour résoudre cet épineux problème.

Le gouvernement sait parfaitement, ce qu’il faut faire pour déguerpir un citoyen. Mais, dans ce cas précis de Kaporo Rails, il  est en train à travers votre département de faire des manœuvres pour contourner la loi, en voulant coûte que coûte chasser des milliers des familles de leurs domiciles acquis légalement à la sueur de leur front. Pour une première fois, c’est le Président de la délégation spéciale de Ratoma qui a été chargé de mener la première tentative et cette fois-ci, c’est vous. Si vous persistez sur ce chemin, vous risquez de créer des troubles aux conséquences incalculables et cela n’est pas souhaitable.

Veuillez, agréer Monsieur le Ministre, l’assurance de nos sentiments distingués.

Vive l’application juste et équitable des lois de la République à tous les citoyens guinéens sans exception.

Conakry le 09 Mars 2015

ELHADJ SAIKOU YAYA BARRY

Président de la Coordination

Nationale Haali-Pular doyen des Sages, Compagnon

de l’indépendance

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