Hommage à Elhadj Sidafa Sanoh, ‘’l’homme qui savait vous donner, sans vous donner en spectacle aux curieux’’

KaabaPar Talibé Barry- Le 17 septembre dernier, le ministre guinéen de la Coopération internationale, celui de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes, bref la Guinée des riches, mais aussi celle des déshérités, ont été endeuillés par la mort d’El Hadj Sidafa Sanoh. Décédé à 89 ans, au terme d’une vie bien remplie d’œuvres utiles et exemplaires, le père de Dr. Koutoub Moustapha Sanoh, le grand-père de Moustapha, l’abreuvoir des indigents, a été inhumé à Kankan. Présent à ces funérailles, notre confrère Talibé Barry, en a eu des émotions, et tiré des leçons qu’il partage avec nos lecteurs. Lisez l’hommage qu’il rend à l’illustre défunt.

Un baobab s’est couché, un phare s’est éteint. La grande faucheuse a eu raison d’un homme dont le cœur était large comme la sainte mosquée de la Kaaba. La mort aura choisi le jeudi 17 septembre 2015 pour venir à bout d’une vie tout entière dédiée à la charité. Une existence de bout en bout consacrée à la générosité au sens le plus large du terme. El Hadj Sidafa Sanoh, cet homme dont l’évocation du nom est inévitablement accompagnée d’une litanie de qualificatifs, les uns toujours plus expressifs que les autres, et les autres toujours plus exemplatifs que les uns, de la bonté d’un être qui plaçait l’amour du prochain au-dessus de sa fortune. Une fortune qui n’était sans doute pas la plus grosse du pays, mais qui était, incontestablement, parmi les plus au service des autres.

Que de déshérités auront gardé un soupir de vie grâce aux largesses d’El Hadj Sidafa Sanoh. Que de handicapés auront trouvé un répit à leur vie infernale sous les toits à eux destinés par El Hadj Sidafa Sanoh. Que d’étudiants, de cadres, de religieux et autres compatriotes, à la croisée d’un quotidien difficile, ont pu étancher leur soif dans la généreuse fontaine que représentaient les si discrètes mains d’El Hadj Sidafa Sanoh.

Cet homme qui repose désormais sous la terre sablonneuse de Kankan en imposait par sa modestie et sa sobriété. Et Kankan où ont eu lieu ses funérailles le vendredi 18 septembre dernier, a su le lui rendre. Tant par la mobilisation monstre que par les torrents de larmes et d’hommages que les populations de cette ville historique, ont réservé à leur illustre bienfaiteur. Les populations de Kankan, pas seulement! Puisque pris d’émoi et de compassion, des Guinéens sont venus des quatre coins du pays pour s’associer à l’indicible douleur de la perte d’un homme qui était l’incarnation du bien. Un homme qui savait vous donner, sans vous donner en spectacle aux curieux qui rôdent souvent autour des nantis. Un homme dont la foi en Dieu était l’arme fatale avec laquelle il donnait un coup de grâce à la souffrance de ses proches.

Au terme d’une vie bien remplie donc, Kankan et la Guinée lui ont rendu la pareille. Puisqu’ils n’ont pas oublié qu’il a été l’un des piliers de soutènement de la Sunnah du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) à Kankan. Puisqu’ils ne perdent de vue que la Guinée, notre cher pays, a sans doute une kyrielle d’hommes, certes riches de leurs comptes bancaires gorgés de milliards, mais qui, hélas, partagent peu ou pas. Oui, le diamantaire El Hadj Sidafa Sanoh était une sorte d’exception dont la force était moins ses pierres précieuses que le service humanitaire auquel il consacrait tant le principal que les dividendes de celles-ci. Lorsqu’un homme de la trempe généreuse d’El Hadj Sidafa Sanoh tire donc sa révérence de ce cupide et égoïste monde, il faut en saisir l’occasion pour rappeler à nos fortunes, ces si belles interpellations d’un poète qui disait, je cite: «Vivre, c’est aider les autres à vivre. Etre heureux, c’est faire des heureux».

Arraché à notre affection à 89 ans, El Hadj Sidafa Sanoh s’en va donc en nous laissant des souvenirs impérissables. Mais aussi, preuve d’une existence comblée, il nous laisse une progéniture qui a bien maitrisé les lignes de force du livre de sa vie. Aujourd’hui par exemple, son fils Dr Koutoub Moustapha Sanoh, voire son petit-fils Moustapha Naïté, et d’autres de ses descendants, tentent, à la hauteur de leurs capacités, d’en être de dignes héritiers. Mais aussi, d’exemplaires continuateurs et d’inlassables imitateurs.

El Hadj Sidafa Sanoh, dormez donc en paix dans le Royaume des cieux. Votre passage sur Terre, consacré au service de la terre qui vous a vu naître, et que vous avez servi si gracieusement, ce passage donc, aura été fructueux. Et comme le disait le Grand imam de Conakry, El Hadj Mamadou Saliou Camara qui a dirigé votre prière funèbre, puisse Dieu, faire que votre exemple essaime les cœurs et abreuve les âmes de vos compatriotes.

Talibé Barry
Directeur Général du Groupe de presse ‘’La République-City FM’’

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