Peu d’engouement à quelques jours de la fête de Tabaski en Guinée : témoignages

Fête (6)L’Aïd el-Kebir (Eid el-Adha), appelée fête de Tabaski ou fête du mouton est une fête très populaire qui commémore le sacrifice d’Abraham. En Guinée, comme dans la plus part des pays musulmans, notamment en Afrique de l’Ouest, c’est occasion des retrouvailles entre parents pour des sacrifices et bénédictions. C’est aussi une période de générosité envers les plus nécessiteux. 

Mais, cette année, à quelques jours de la Tabaski,  c’est un climat morose qui annonce la fête dans la capitale guinéenne devenue de plus en plus pauvre. Selon beaucoup de citoyens interrogés par Guineematin.com, cette situation s’explique par la crise économique actuelle de la Guinée. En dépit de tout, certains amoureux de nos coutumes comptent fêter Tabaski dans leurs villages.

Fête (3)Rencontré à la gare routière de Kankan, Kabinet Kaba explique que c’est une fierté et une obligation  de fêter la Tabaski à Kankan, aux cotés de ses parents. « Nous, les fils de Kankan, on est obligé de faire la Tabaski chez nous, parce qu’il y’aura des sacrifices à faire pour les enfants, il y a des rencontres familiales que nous ne devons pas rater. Mais, il faut retenir que la fête de Tabaski est pour nous une occasion de retrouvaille, tenir des réunions  familiales et faire des bilans annuels. C’est seulement à l’occasion de cette fête qu’on peut retrouver certains qui quittent les Etats-Unis, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, etc. pour venir  fêter avec nous à Kankan».

El hadj Mohamed Condé, père de famille, ne compte pas habiller ses enfants à l’occasion de cette fête. « C’est n’est pas un refus de ma part. Qu’est-ce que je peux faire avec cette situation ? Nous sommes à la fin du mois, je ne suis pas payé et je n’ai aucun sous en banque. D’ailleurs, c’est ce qu’on doit manger le jour de la fête et l’ouverture des classes  qui me préoccupe. Ils peuvent porter les anciens habits s’ils veulent. Le fait que j’ai accepté de passer la fête sans sacrifier un bélier pour la première fois depuis 15 ans, depuis que j’ai touché mon premier salaire, cela seulement prouve que c’est vraiment dure chez moi ».

Fête (4)Pour Mamadou Bobo  Diallo, contrairement aux autres fêtes religieuses, il fait savoir que le marché de Madina est moins animé et dense. Devant sa boutique remplie d’habits et autres maquillages, les yeux rivés sur les passants, il s’interroge sur comment s’en sortir  avec ce manque criard de clients. « Le marché n’est pas cher. Le problème est que  les clients qui viennent n’ont pas d’argent. Nous sommes prêts à réduire et même accorder des crédits. Mais, ceux qui viennent, la plupart, ne font que marcher, ils ne nous demandent même pas ».

Aïssata Bangoura est au marché Avaria avec trois complets en main. Elle dit à Guineematin.com que depuis le matin, elle n’a eu aucun client, même pour demander seulement le prix ! « C’est difficile pour  vendre ! J’ai l’habitude d’utiliser un mégaphone. Mais, aujourd’hui, avec la campagne politique, mes clients ne m’entendent même pas. Partout, c’est des chants et autres mouvements. Qu’à cela ne tienne, je continue mon petit commerce et je garde espoir».

Pour le moment, chacun se prépare de sa façon pour pouvoir passer cette fête avec moins de dégâts. Mais, en plus de ce manque généralisé d’argent, s’ajoute une rareté de véhicules dans les gares routières en général et particulièrement à Madina pour rejoindre l’intérieur du pays où ils veulent aller faire la fête

Yacine Sylla pour Guineematin.com

Tél. : 628 71 71 56

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