Gestion des vidéos clubs : les « victimes économiques » de la stabilité du courant électrique

Vidéo ClubAujourd’hui, si la stabilité du courant à Conakry a été salutaire pour certains, ce n’est pas le cas pour d’autres, notamment les gérants des vidéos clubs. C’est en tout cas ce que Guineematin.com a appris de certains promoteurs qui ont vu leurs chiffres d’affaires nettement en baisses.

Plusieurs de ces gérants rencontrés disent se trouver aujourd’hui dans le désespoir et se demandent à quel saint se vouer. C’est le cas de Mamadou Bah, gérant d’un vidéo club  au quartier Hafia. Assis dans  une vaste salle avec seulement trois clients à l’intérieur pour suivre un film indou, ce jeune a confié à Guineematin.com que ses recettes sont à la baisse et son avenir est incertain avec cette activité qu’il  exerce pourtant depuis 2010 : « Je n’ai eu que deux clients pour le film de 15 heures. Il y a eu beaucoup de régressions dans nos activités. Avant la stabilité du courant, je pouvais animer trois séances et recevoir entre 45 à 65 personnes. Mais, comme il y a le courant présentement, je ne reçois que 7 à 11 clients au maximum voir par programmation. Autrefois, avec les grandes affiches notamment les matchs Real Madrid- Barcelone, Bayer Munich-Dortmund ou Chelsea-Manchester, je pouvais demander jusqu’à 3 000 francs par match et recevoir plus de 50 clients. En plus, les  films et théâtres, je faisais payer aux gens 1 500 GNF par programmation avec assez de spectateurs en majorité des femmes.  Mais, aujourd’hui, un match se négocie entre 1 000 GNF à 1 500 GNF et je n’enregistre pas plus de 20 clients. Avec  les films et Théâtres  programmés entre 15 heures et 17 heures, je demande 1 000 GNF contre 1 500 GNF au moment où il y avait la crise d’électricité.  Mais, malgré la baisse du tarif, je ne reçois pas plus de 10 clients par jour. C’est pour vous dire combien la chute est à tous les niveaux. Je suis incertain et je me demande si cette activité  va encore fonctionner comme avant», a-t-il dit.

Sur la même lancée, Saliou Sow prometteur dudit vidéo club, envisage plutôt de rendre la salle aux propriétaires : « Je ne peux pas continuer à payer un loyer qui ne m’apporte rien. Par mois, je paye 250 000 GNF comme frais de location, 150.000 GNF comme frais d’abonnement à Canal+ et 300 000 GNF au jeune qui gère la salle. Suite à la stabilité du courant, je ne peux plus continuer. Avant, je pouvais m’acquitter de toutes ces dépenses et que ça me reste plus d’un million francs guinéens. Franchement, je gagnais et c’est pourquoi d’ailleurs j’avais même pris quatre autres salles. Et, toutes ces salles faisaient un compte rendu à la fin du mois», a-t-il informé.

Ayant perdu l’espoir dans ce secteur, Bangaly Camara, gestionnaire d’une salle de jeu et un vidéo club rencontré dans le même quartier, a dit avoir déjà commencé à liquider ses biens. «J’ai commencé à liquider mes télés depuis la première semaine que Kaléta a démarré. J’avais 15 postes téléviseurs. Mais, aujourd’hui, il ne me reste  que  sept. Je cherche à monter un autre projet pour pouvoir survivre. On ne peut  plus compter sur l’argent qui rentre des salles de Jeux ou des vidéos clubs. Les gens ont la possibilité de trouver tout ça chez eux surtout que le courant est stable. C’est pourquoi, ils ne s’intéressent plus comme avant à effectuer des déplacements ou à payer pour regarder des séries ; des matchs de football ou pour jouer simplement. Moi, je ne suis plus optimiste de voir cette activité rayonner comme avant avec la stabilité du courant et l’arrivée massive des appareils sur le marché. Mais, dans la vie, il faut savoir changer, grandir et rêver plus haut avec des nouvelles initiatives qui pourront vous apporter plus d’utilité. Pourquoi pas aussi profiter du courant actuel ?», interroge-t-il.

Pourtant, certains continuent à préférer regarder les films dans les salles de cinéma et les vidéos clubs. La Fatoumata Binta Diallo, a expliqué à Guineematin.com la motivation qui l’amène dans les vidéos-clubs malgré la stabilité du courant à la maison. « Je suis venue dans cette salle parce que les vidéos clubs sont des lieux des retrouvailles pour nous les jeunes filles. Les films nous enseignent. Je préfère regarder les films dans un cinéma ou dans un vidéo club que de les regarder chez moi où sur mon téléphone portable, même s’il y a le courant. Pour grandir, il faut sortir hors de la maison ! On ne peut pas tout regarder à la maison, parce que ce n’est pas tout le monde qui s’intéresse à ce que moi je veux regarder », a-t-elle dit.

Yacine Sylla pour Guineematin.com

Tel : (+224) 628 71 71 56

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