Kankan : les malinkés chez les peulhs pour demander la paix et à la cohésion

Mohamed Lamine Kaba, dit Ringo, porte-parole du patriarche de Kankan
Mohamed Lamine Kaba, dit Ringo, porte-parole du patriarche de Kankan

La jeunesse de Kankan a entrepris une démarche de réconciliation entre les différentes communautés de la ville. Et, c’est avec la communauté peule que cet appel à la paix et à la cohésion sociale a commencé. En effet, le mercredi 03 août 2016, aux environs de 16 heures, les jeunes de Kankan sont allés rencontrer les jeunes de la communauté peule chez leur Doyen Elhadj Amadou Goubiwal Diallo a constaté Guineematin.com, à travers un de ses correspondants qui a assisté à la rencontre.

C’est Mohamed Lamine Kaba, dit Ringo, porte-parole du patriarche de Kankan, qui a conduit la vingtaine de jeunes. Prenant la parole au nom du patriarche, Mohamed Lamine Kaba a indiqué que lui et ces amis ne sont pas venus pour rencontrer les sages et les jeunes du Fouta pour parler de politique ou de l’ethnie ou encore mieux de religion ; mais, qu’ils sont venus pour parler du renforcement et du raffermissement des liens de solidarité et de cohésion sociale historiques qui existent entre ces différentes communautés en général et celle du Fouta en particulier. Dans la langue maninka, Lamine Kaba a rappelé la notion de  Nabaya, qui veut dire « la terre de ceux qui sont venus ». Il a aussi relaté l’histoire de Kankan, précisant que cette ville « a été bâtie par nos parents et par vos parents (les peulhs, ndlr) ».

Revenant sur les liens entre peulhs et malinkés, le porte parole des visiteurs a rappelé la solidité de ces liens : « c’est notre ancêtre Kaba Laye qui a eu pour épouse une femme peulh Bonko Diakité et celle-ci a eu deux enfants : Abdourahamane et Mariamagbè, c’est pourquoi on dit Kabadiayité… Cette femme, il l’a eu par amour et par fidélité historique. Le père de celle-ci la lui a donnée en disant : je te donne ma fille à cause de Dieu. Or, on ne fait un don qu’à son ami seulement…», a-t-il relaté.

Sur les liens historiques entre le Fouta et Kankan, le porte parole a rappelé le voyage d’Alpha Kabinet à Timbo et Fougoumba. « Ce voyage montre que le Fouta et Kankan ont un passé commun. C’est au Fouta que notre ancêtre a eu le sacrement pour que la paix, la prospérité et la cohésion sociale qui étaient menacées à Kankan reviennent. Donc, la contribution de la communauté peule est double pour Kankan. D’abord, elle nous a donné la vie et elle nous a donné le secret pour que Kankan devienne une cité de paix et une cité de prospérité convoitée par tout le monde. On dit le plus souvent que le coran est divisé en deux partie : une partie est à Timbo et l’autre partie est à Karfamoriya », a rapporté Mohamed Lamine Kaba, dit Ringo, pour déduire que la construction de la paix et la cohésion sociale à Kankan interpelle tout le monde et, au premier chef, le Fouta.

Selon le porte parole de la communauté mandingue, c’est à partir de 1993 que les relations entre ces deux communautés ont été éprouvées par le fait des politiciens. « Or, les politiciens ne devraient nous diviser ; eux (les politiques) ils récupèrent les évènements, ils les utilisent et puis ils passent ; et, nous,  nous demeurons », a fait remarquer Mohamed Lamine Kaba.

En réponse, les sages de la communauté peule de Kankan, par la voix leur porte-parole, Amadou Baïlo Diallo, dit Général Baïlo, ont exprimé leur satisfaction et saluer cette initiative salvatrice.

Dans un bref rappel, Amadou Baillo a dit que rien ne doit opposer ces deux communautés, liées par des faits très sacrés. En guise d’exemple, Général Baïlo a rappelé qu’à la veille de l’indépendance nationale, quand Yacine Diallo avait eu des problèmes de soutien au Fouta pour sa réélection, c’est à Kankan qu’il était venu chercher et trouver ce soutien qui l’avait alors permis d’être réélu à la représentation coloniale. « Ce jour, il a construit une case et a immolé (50) bœufs. Les relations entre le Fouta et Kankan ont commencé à se dégrader depuis les années 1993. Mais, le pire moment de leur dégradation, c’est en 2010 », a regretté le porte parole des peulhs de Kankan.

Bref, les sages ont souhaité la multiplication de telles actions et promis de mettre leurs jeunes à la disposition de leurs frères de la communauté malinké pour des fins utiles, chaque fois qu’ils seront sollicités.

« Désormais, nous ne voulons plus que quelqu’un soit inquiété dans l’exercice de sa vie citoyenne », a réitéré le porte parole de la communauté malinké, rappelant que leurs ancêtres avaient instruit que le premier citoyen de Kankan est un homme ou une femme qui œuvre pour la prospérité de Kankan.

Kankan, Mamadou Sounoussy Diallo pour Guineematin.com

 

Facebook Comments Box