Jusqu’à preuve du contraire: Il n’est pas trop tard pour les héros (Par Top Sylla)

Général Sékouba KonatéAprès un long séjour au pays de l’oncle Sam, pour des raisons de santé, le général Sékouba Konaté  a rallié récemment le Maroc. Dans la capitale du royaume il a retrouvé son ami et conseiller Tibou Kamara, journaliste et ancien ministre guinéen (ère Lansana Conté et transition).

Si selon  de nombreux observateurs, les relations entre le général Konaté et le président Alpha Condé se sont refroidies ces derniers temps, ce n’est plus le cas avec Tibou Kamara.

Après des péripéties mouvementées pour quitter la Guinée au lendemain de l’installation du président élu, la « réconciliation » avec l’hôte de Sékhoutouréya est une réalité. Ils seraient même en excellents termes, comme c’était déjà le cas il y a une vingtaine d’années. Bien avant que le journaliste ne fasse la connaissance de l’actuel chef de file de l’opposition, avec lequel il est lié également par une solide amitié connue de tous.

« S’exprimer, s’accommoder ou s’exiler sont les trois options qui s’offrent à l’individu en société », a dit  Albert Hirschmann.

Tibou Kamara et le général Sékouba Konaté
Tibou Kamara et le général Sékouba Konaté

Loin des préoccupations qui étaient celles de l’économiste et sociologue américain d’origine allemande, Tibou Kamara qui a connu l’exil, qui s’est exprimé récemment encore sur la crispation politique dans son pays, est attendu à Conakry. Ce ne sera certainement pas pour s’accommoder de la veillée d’armes ambiante (entre pouvoir et opposition) que vivent, avec beaucoup d’appréhensions, ses compatriotes. D’autant plus que ce pic de tensions survient dans un contexte déjà alarmant.

De plus en plus de Guinéens vivent dans une exécrable pauvreté. Le nombre de nos compatriotes qui ne peuvent plus faire face à leurs besoins ne cesse de croître. La plupart des services sociaux du pays sont en décrépitude.

La fracture sociale, déjà béante, s’accentue entre le peuple et les rares privilégiés. Ces derniers, qu’ils se réclament de la majorité ou de l’opposition, vivent au crochet d’un Etat vampirisé, détourné de sa vocation égalitaire et, surtout, pris au piège des jeux et calculs politiciens.

Cette excessive politisation de l’espace public, accaparé par des « opérateurs politiques » prêts à en découdre pour des questions de positionnement, ne fait que repousser le débat, pourtant urgentissime, sur les vrais enjeux et défis du développement et de la transformation économique et sociale de la Guinée.

Devant un tel tableau, ne rien faire serait criminel ! Surtout quand on a l’avantage d’être écouté par les deux principaux protagonistes de la crise, et qu’on est convaincu que faire tomber le mur à ce niveau ne pourra qu’ouvrir la voie à un dialogue qui aura toutes les chances d’être réussi.

Evidemment, dans un tel contexte, prendre position c’est aussi prendre des risques. Notamment celui d’être une cible  dans les querelles byzantines, les invectives et les attaques crypto-personnelles que charrie le marais politique guinéen.

Sans avoir la prétention d’avoir les moyens persuasifs à même de lever toutes les suspicions, briser toutes les réticences, on attend de lui au moins une chose : essayer d’apporter, avec humilité et sincérité,  sa contribution pour que nos élites politiques recommencent à se parler.

Comme on est d’ailleurs en droit de l’attendre des autres acteurs de la transition qui, ne l’oublions pas, a enfanté ce que d’aucuns appellent aujourd’hui la IIIe République.

 On ose croire que ce n’est pas trop demander aux « héros » de la transition. Surtout à celui qui a réussi, avant le second tour de la présidentielle, à réunir autour d’une table les candidats Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo.

Contrairement au personnage du film de Robert Aldrich (Too Late the Hero), il n’est pas trop tard pour nos «héros » à nous.

Jusqu’à preuve du contraire …

Top Sylla

 

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