Marche des femmes de l’opposition : « le ministre Kéira a prouvé qu’il n’est pas courageux »

Malgré l’interdiction faite par les autorités, les femmes de l’opposition ont voulu battre le macadam ce jeudi, 1er novembre 2018 à Conakry. Elles n’ont certes pas pu arriver au ministère de la Sécurité et de la protection civile, mais ces femmes ont réussi à perturber la circulation au niveau du carrefour de la mosquée Fayçal, sur l’autoroute, a constaté sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Les femmes de l’opposition ont bravé l’interdiction pour organiser une marche pacifique ce jeudi. La démarche visait à dénoncer « les assassinats ciblés » de leurs enfants à l’occasion des manifestions politiques de l’opposition.

La marche, qui devait partir de la morgue de Donka, allait déboucher au ministère de la Sécurité à Coléah, où un mémorandum devrait être lu devant le patron du département ou un des membres de son cabinet. Mais, c’était sans compter sur la détermination des femmes gendarmes et policières déployées en grand nombres sur les lieux.

N’ayant pu suivre leur itinéraire, les femmes de l’opposition ont occupé le carrefour située à quelques pas de la mosquée Fayçal, sur l’autoroute Fidèle Castro. Là, elles ont scandé des slogans hostiles au régime actuel : « Alpha, zéro ! Justice, zéro ! Alpha, assassin ! Justice pour nos morts ! ».

Mme Bah Hadja Maimouna Diallo

Après plusieurs heures de protestation, madame Bah Hadja Maimouna Diallo, membre du bureau politique de l’UFDG et vice-présidente des femmes du parti, s’est adressée à la foule. « Nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin. Nous avons voulu marcher aujourd’hui, pour aller vers le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, pour lui donner ce mémorandum où nous avons les photos des victimes, pour l’interpeler face à ses responsabilités. Ce sont ses hommes qui sont en train de tuer nos enfants dans la ville. Vous êtes tous à Conakry, vous savez qu’avant-hier seulement, il y a eu un mort et 15 blessés par balles, dont une femme enceinte. Nous pensons, nous les femmes, que l’heure est grave ! Aujourd’hui, on a un fléau dans notre pays, au même titre ou plus qu’Ebola. Figurez-vous, nous sommes à 100 morts, si on compte ceux qui sont morts à Mandiana et à Kindia. A Conakry ici, il y a 98 morts par balles et par nos forces de l’ordre et de sécurité ».

Par ailleurs, la vice-présidente des femmes de l’UFDG a regretté le refus du ministre de la Sécurité, Alpha Ibrahima Kéira, de recevoir les femmes de l’opposition. « Au lieu de s’asseoir devant la télévision, dire que ses hommes travaillent de façon professionnelle, il n’avait qu’à ouvrir ses yeux, voir les dégâts que ses hommes font dans les quartiers, voir ce que ses hommes, censés être professionnels, font dans nos foyers. Ils versent les repas de nos mamans, ils tuent nos mamans, ils violent, ils volent. Trop c’est trop. On aurait voulu l’avoir en face de nous pour lui demander si lui, il n’est pas guinéen, si lui, il n’a pas d’enfant, s’il n’est pas de ce pays-là, on voulait le lui dire en face. Mais malheureusement, il n’a pas eu le courage de nous recevoir. Quand un homme est courageux, il doit prendre ses responsabilités, il ne doit pas reculer. Il nous a prouvés qu’il n’est pas courageux, il devait avoir le courage de s’arrêter devant nous. On allait lui dire en face qu’il est en train d’assassiner nos enfants. On ne savait pas qu’on l’a mis à ce poste pour tuer nos enfants. Mais malheureusement, il n’est pas un homme courageux, il n’est pas un homme d’Etat. Il ne devait pas nous barrer la route, il nous a barré la route. Mais, nous avons passé notre message. Il faut qu’il comprenne qu’on en a assez, trop c’est trop ».

En outre, madame Bah Hadja Maimouna Diallo dira que les femmes de Guinée ne mettront un terme à leurs manifestations que lorsque ce fléau qui gangrène notre pays sera endigué. « On aurait voulu que ces gendarmes femmes qui sont là se rendent compte qu’elles sont des mères. On aurait voulu qu’elles se rendent compte que, si c’est un de leur enfant qui était tué dans la rue, elles n’allaient pas se comporter comme ça. Mais, il faut qu’elles comprennent que l’histoire est têtue. L’histoire retiendra le rôle que chacun est en train de jouer aujourd’hui. (…) Nous rappelons que nous n’allons plus nous arrêter jusqu’à ce que ces tueries s’arrêtent dans notre pays, jusqu’à ce que ces tueries cessent. Nous appelons toutes les femmes de Guinée de se joindre à nous. La semaine prochaine, on va dérouler notre programme, on va continuer la lutte jusqu’à ce que tout ça s’arrête ».

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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