Quiproquo au sein des écoles MAARIF : des travailleurs accusent, la Direction contrattaque

Les relations ne sont pas en odeur de sainteté entre le Directeur pays de la fondation MAARIF en Guinée et certains travailleurs des écoles turco-guinéennes gérées par cette fondation turque dans notre pays. Selon certains travailleurs qui se sont confiés à Guineematin.com, le Directeur Ecevit ERCAN fait preuve de mauvaise gestion et se rend coupable de beaucoup d’abus, dont certains sont très graves.

Pour certains employés des écoles turques en Guinée, tout a basculé depuis le départ de la fondation Citadelle qui gérait ces écoles et son remplacement par la fondation MAARIF. Ce changement dû à un problème politique en Turquie, avait pourtant tout l’air de faire du bien aux travailleurs.

Car la fondation MAARIF est proche du gouvernement turc et beaucoup espéraient qu’elle puisse bénéficier d’un accompagnement des autorités du pays. C’est d’ailleurs l’argument qui avait été brandi dès le départ pour les convaincre de rester, nous confient des travailleurs.

Selon nos sources, à son arrivée en Guinée en janvier 2018, l’actuel Directeur pays de la fondation, Ecevit ERCAN, avait lui-même promis monts et merveilles aux travailleurs (augmentation de salaire, prise en charge médicale, prêts bancaires etc.). Mais, toutes ces promesses n’ont été que de pures illusions, car aucune d’entre elles n’a encore été concrétisée.

Au contraire, soulignent nos témoins, la situation est devenue très compliquée pour eux. Selon eux, monsieur ERCAN a commencé par s’en prendre à certains de ses compatriotes turcs qui travaillaient dans ces écoles. Il aurait réussi à faire renvoyer ces derniers dans leur pays avant de se tourner maintenant vers le personnel local.

Ce personnel dénonce aujourd’hui une gestion caporalisée de la part du Directeur pays de la fondation MAARIF. Nos informateurs accusent Ecevit ERCAN d’avoir centralisé « le payement des frais de scolarité des élèves à son niveau ; il organise des réunions en catimini avec certains de ses proches et prend des décisions unilatérales ».

Le Directeur est accusé aussi d’avoir opéré des changements en faisant des mutations jugées arbitraires par les travailleurs et visant à réduire le grade de « tous ceux qui ne soutiennent pas sa mauvaise gestion ». Il a même fait rompre le contrat de la responsable de la restauration qui a porté plainte contre la fondation MAARIF, a-t-on appris.

Mais, en plus de la mauvaise gestion administrative dont on le reproche, Ecevit ERCAN est accusé d’autres comportements plus graves. C’est notamment des injures publiques et parfois à caractère raciste. « Il tient des propos injurieux et racistes comme : je suis blanc, donc je ne suis pas con ; il n’y a pas de bons musulmans en Guinée… », explique un témoin.

Nos sources assurent que le personnel permanent des écoles MAARIF a écrit plusieurs fois au Directeur pour attirer son attention sur les dysfonctionnements évoqués plus haut et demander une amélioration de la situation. « Mais, tous ces courriers sont restés sans suite favorable alors que la situation s’empire du jour au lendemain », nous a-t-on fait savoir.

Interrogé sur ces accusations, le Directeur pays de la fondation MAARIF nous a dirigés vers son conseiller, Asmiou Tchédré. Ce dernier a balayé d’un revers de la main toutes les accusations formulées par les travailleurs à l’encontre de leur Directeur.

Selon lui, le problème entre monsieur ERCAN et les travailleurs qui l’accusent a commencé lorsque le Directeur a découvert que certains membres du personnel administratif des écoles MAARIF se livrent à pratiques interdites par la fondation turque.

Ces derniers auraient décidé, de leur propre chef, de faire payer le test d’accès aux écoles MAARIF qui est normalement gratuit. « Il y a un expatrié qui est venu inscrire ces trois enfants dans notre école ici.

Certains responsables locaux qui sont là, lui ont dit que le test d’accès est payant et que c’est 100 mille francs par candidat. Le monsieur leur a demandé alors de lui fournir les factures qu’il va présenter à la société pour laquelle il travaille.

Ils ont fait trois factures en raison de 100 mille francs par enfant. Mais, il s’est trouvé que la société en question devait payer par virement bancaire. Donc, quand le monsieur est venu leur demander le numéro de compte pour payer les frais de test, ils lui ont dit qu’il doit payer en liquide.

C’est ainsi qu’il a décidé d’aller voir le Directeur. Il lui a montré les factures et a demandé à avoir le numéro de compte pour effectuer son payement », explique monsieur Tchédré.

Il indique que c’est à partir de là que la Direction des écoles MAARIF s’est rendue compte que les parents d’élèves étaient soumis au payement de frais de test pour l’accès de leurs enfants aux écoles turco-guinéennes. Une situation, dit-il, qui a profondément choqué le Directeur pays de la fondation Ecevit ERCAN.

Ce dernier a convoqué les responsables concernés qui ont laissé entendre que ce montant sert à acheter du thé et du sucre pour les enseignants. Un argument loin de convaincre la Direction.

Deuxième problème évoqué par Asmiou Tchédré, c’est le payement de frais de retrait des dossiers. Selon lui, les mêmes responsables font payer aux parents d’élèves de l’argent pour retirer les dossiers de leurs enfants qui veulent quitter les écoles MAARIF.

Là-dessus, les travailleurs concernés ont expliqué qu’ils n’ont jamais réclamé de l’argent à un parent d’élève. Mais, soutiennent-t-il, certains leur font des petits cadeaux en leur donnant volontairement de l’argent qu’ils se partagent. Version pas convaincante aussi pour la Direction.

Un autre grief de la Direction à l’encontre des responsables locaux, c’est la perte d’argent qui aurait été enregistrée au niveau du secrétariat. C’est cette situation d’ailleurs, qui a conduit le Directeur à centraliser le payement des frais de scolarité au niveau du comptable turc, explique monsieur Tchédré.

Il ajoute que pour toutes ces raisons aussi que monsieur ERCAN a décidé de procéder à des remaniements « en vue de casser le réseau qui s’est formé au sein de l’école de Kaporo Rails qui abrite la Direction ».

Actuellement, un climat de méfiance règne donc entre la Direction de la fondation MAARIF en Guinée et certains membres du personnel local. Toute chose qui n’est pas favorable pour ces écoles turco-guinéennes reconnues pour la qualité de la formation qu’elles offrent à leurs élèves.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

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