Guinée : le rôle et la mission de la police en cette période de COVID-19 au cœur d’une formation à Conakry

Capitaine de police Idrissa Keïta

Alors que la Guinée apparaît actuellement comme un terrain fertile pour la propagation de la maladie due au nouveau coronavirus (avec plus de 2300 cas confirmés de COVID-19) qui secoue l’humanité, les inquiétudes grandissent chez les agents de sécurité, notamment ceux de la police, qui sont censés faire respecter les mesures de prévention et les restrictions instaurées par les autorités guinéennes dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 dans le pays. Et, c’est en réponse à ces inquiétudes que COGINTA, en collaboration avec le ministère de la sécurité et de la protection civile, organise actuellement à Conakry des sessions de formation des agents de la police nationale.

L’objectif de ces rencontres d’échange et de partage d’expérience consiste surtout à rappeler « le rôle et la mission des services de sécurité » dans ce contexte de crise sanitaire, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ces sessions de formation ont démarré le mercredi dernier, 13 mai 2029, avec la tenue d’un atelier de formation qui a regroupé treize policiers formateurs à la direction régionale de la police nationale de Conakry. Et, pendant les échanges, il a été conseillé aux policiers le strict respect des gestes barrières de prévention contre le COVID-19, notamment le port obligatoire du masque et la distanciation sociale. Il a aussi été recommandé aux agents de sécurité de faire respecter scrupuleusement les mesures de prévention et les restrictions (interdiction de sortir de Conakry, interdiction des rassemblements de plus de 20 personnes) édictées par les autorités. Cependant, ont précisé les formateurs de COGINTA, cette mission régalienne doit se passer dans le strict respect de la dignité humaine. Et, pour ce faire, il a été conseillé aux policiers de faire preuve de pédagogie et de discernement sur le terrain.

Justine Neloumngaye, coordinatrice de projets à COGINTA

Selon Justine Neloumngaye, coordinatrice de projets à COGINTA, la présente formation comporte deux volets. « Le premier, c’est d’abord la protection de ces policiers dans l’exercice de leur mission en cette période de pandémie, à travers le respect du port de masque, la distanciation sociale, le lavage des mains. Donc, chaque policier doit rester dans le cadre de ces mesures là ; et, la hiérarchie et les autres donateurs ont mis en place des mesures pour permettre aux policiers d’entrer en possession de kits pour leur propre sécurité. Le second volet, c’est d’amener les policiers à inciter la population au respect des mesures édictées dans le cadre de la lutter contre le COVID-19, afin de limiter la propagation de cette pandémie en Guinée », a-t-elle expliqué.

Pour atteindre tous les agents de la police de Conakry, cette formation a été élargie aux policiers des différents services des commissariats centraux et spéciaux de la sécurité routière, des compagnies mobiles d’intervention et de sécurité, de la direction centrale de la police judiciaire, des brigades anti-criminalité, de l’OPROGEM et des commissariats spéciaux de l’aéroport et du port de la capitale guinéenne. Et, ce sont les treize « policiers formateurs (qui ont été outillés mercredi) » qui sont chargés de cette vulgarisation. C’est dans ce cadre d’ailleurs que le Capitaine de police Idrissa Keïta a conféré hier, jeudi 14 mai 2020, avec ses collègues du commissariat central de police de Dixinn.

Capitaine de police Idrissa Keïta

« Au cours de la formation de ce matin, il a été demandé aux policiers de suivre les mesures barrières pour freiner cette maladie. Parce qu’il n’est pas autorisé à un policier de demander à un citoyen pourquoi il ne porte pas la bavette (le masque) pendant qu’il (l’agent) n’en porte pas. Il leur a été conseillé, dans le cadre de la patrouille, avant-pendant-après, de nettoyer à tout moment proprement leur mains et les barres de fer qui entourent leurs engins de patrouille. Mais, après cette sensibilisation, les agents se sont plaints. Ils ont dit qu’ils veulent des gants en plastique, parce que pendant l’interpellation, il y a souvent de la résistance de la part des citoyens. Et, ce sont des gens qu’il faut obligatoirement toucher pour procéder à l’interpellation. Donc, si vos mains ne sont pas gantées, les risquent d’être contaminé sont énormes… Au niveau des barrages, au niveau des points de contrôle, il a été conseillé aux policiers de faire preuve de maturité et n’agir que nécessairement, surtout au niveau des personnes vulnérables. Les femmes en état de famille, les mendiants, nos mamans pauvres, les mineurs, les policiers doivent toujours passer par la sensibilisation avant de penser à la répression. Au niveau des barrages, ils doivent faire très attention en demandant les papiers de véhicules. Il faut toujours créer une distance de sécurité avant de prendre les papiers du véhicule d’un chauffeur qui ne porte pas de gant et de masque. Et, dès après le contrôle, il faut se laver sérieusement les mains. Il a été conseillé aux agents de se protéger, de protéger leurs familles et leurs amis…», a indiqué le Capitaine Idrissa Keïta à ses frères d’armes.

A noter que cette formation s’inscrit dans le cadre du projet « partenaires pour la sécurité en Guinée : la réforme de la police au service du citoyen », mis en œuvre en Guinée par le consortium PartenersGlobal, COGINTA et le CECIDE, sur financement du département d’Etat américain.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Facebook Comments Box