Un homme tué par balle et la gendarmerie incendiée : le maire de Dalaba à Guineematin

Elhadj Ibrahima Dalaba Diallo, maire de Dalaba
Elhadj Ibrahima Dalaba Diallo, maire de Dalaba

Comme annoncé précédemment, la gendarmerie de Dalaba a été incendiée dans la soirée d’hier, jeudi 20 août 2020, par des citoyens en colère. Ces derniers protestaient ainsi contre le meurtre par balle d’un homme, qui aurait été commis par un gendarme. Joint au téléphone dans la matinée de ce vendredi, 21 août 2020, Elhadj Ibrahima Dalaba Diallo, le maire de la commune urbaine de Dalaba, est revenu sur ces violences qui ont secoué sa ville.

« Tout est parti de l’arrestation, dans la journée d’hier, d’un coupeur de route, violeur de femmes et de filles, qui fatiguait les habitants d’un secteur nommé Bhoundou Saali, dans la commune urbaine. Lorsqu’il a pris une femme (pour la violer) au cours de la journée, les jeunes se sont mobilisés pour le prendre, parce qu’il avait fait ça maintes fois et il était recherché. Donc, les jeunes l’ont pris, les notables ont demandé qu’on ne le batte pas pour le tuer ; mais, de l’envoyer au niveau de l’autorité. C’est ainsi qu’ils ont attaché le bandit et ils l’ont pris pour le conduire à la gendarmerie.

Lorsque la gendarmerie a été alertée, elle a dépêché des agents, à bord de deux pick-up pour aller prendre le bandit. Les jeunes et les gendarmes se sont rencontrés au barrage ; et, les gendarmes ont récupéré le bandit. Ceux qui le protégeaient contre la fureur des jeunes ont aidé l’équipe de gendarmes à le mettre dans le pick-up. Maintenant, ceux qui sont venus en renfort, le deuxième pick-up de gendarmes, certains parmi eux ont fait des tirs. Et, finalement, ils ont tiré sur un notable. Ils sont venus jusqu’au niveau de la gendarmerie, ils ont abandonné le corps du vieux qui était déjà mort sur le goudron.

Les jeunes sont venus prendre le corps là et l’envoyer à l’hôpital. Lorsque moi je suis arrivé, on m’a interpellé, je suis allé voir. Le commandant de la gendarmerie n’était pas informé qu’il y avait eu un cadavre. Donc, il (le commandant de la gendarmerie) disait que les jeunes les agressaient pour rien. Il a dit que si c’est le problème du bandit, ils vont l’envoyer à Mamou. Finalement, on m’a interpellé de venir aussi à l’hôpital. Quand je suis arrivé à l’hôpital, j’ai trouvé que le lieu était bourré d’individus qui criaient. Je suis allé dans la salle des urgences où j’ai trouvé un corps sans vie.

Alors, j’ai interpellé le doyen de la population, Elhadj Chérif, il est venu. Ils ont pris le corps de la salle des urgences pour l’envoyer à la morgue. Les gens se sont rendu compte effectivement qu’il est mort. C’est ce qui a créé la fureur des jeunes. Ils se sont rendus maintenant au niveau de la gendarmerie, il y a eu des tirs de sommation, des tirs à balle réelle. Et, finalement, le conseil communal est allé à la gendarmerie pour chercher à faire baisser la tension des jeunes. Mais, moi-même j’ai été gazé et on m’a même cogné. C’était vraiment tendu.

Les jeunes ont fini par entrer à la gendarmerie, ils ont sorti quelques objets qui s’y trouvaient pour les incendier. Puisque vous savez que la gendarmerie avait déjà été saccagée lors des événements survenus pendant les élections législatives. Et, finalement, vers le crépuscule, la tension a baissé. Actuellement, nous (les autorités) sommes en train de taire la tension pour qu’on puisse enterrer le corps du vieux. On est en communication direct avec le responsable régional de la gendarmerie de Mamou, qui est venu en mission spéciale », a expliqué le maire de Dalaba.

Selon nos informations, le défunt était marié à une femme et père de cinq enfants. Quant au présumé bandit interpellé à Bhoundou Saali, il est toujours dans les mains de la gendarmerie.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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