Présidentielle au Niger et en RCA : 2 scrutins dans 2 pays que tout oppose

Une élection présidentielle se déroule dans deux pays africains ce dimanche. Le premier est le Niger. Le deuxième, la République Centrafricaine. Dans le premier pays le président sortant est l’exception qui confirme la règle dans une sous-région où le troisième mandat, qu’on croyait à jamais banni, fait son grand retour. Avec notamment la Côte d’Ivoire et la Guinée dont les chefs d’Etat étaient arrivés au pouvoir au même moment que leur homologue nigérien.
Affirmer sans ambages que si Mouhamadou Issoufou n’a pas brigué un troisième mandat c’est à cause de l’histoire récente du Niger serait un procès d’intention fait à l’homme. Cependant, les déboires de son prédécesseur Mamadou Tanja, qui avait fait au Niamey en 2009 ce qu’on a fait à Conakry et à Abidjan en 2020, le sort réservé à Tanja était suffisamment dissuasif pour la tentation du troisième mandat.

Dans tous les cas, le président Issoufou s’est révélé comme un grand démocrate. Non seulement il a respecté la constitution nigérienne mais aussi a incarné et symbolisé la lutte contre le tripatouillage constitutionnel sur le continent. Et en particulier dans l’espace CEDEAO. C’est un mérite. Pour avoir modifié la constitution de leur pays pour se maintenir au pouvoir, ses homologues guinéen et ivoirien ne peuvent jamais songer à l’obtention du prix Mo Ibrahim. En revanche lui il mérite largement cette distinction.

Un bémol tout de même, l’exil forcé, l’arrestation et l’invalidation de la candidature de son principal opposant sont des faits qui assombrissent le tableau démocratique du chantre de la lutte contre le troisième mandat. Mais entre sacrifier un homme et sacrifier toutes les institutions la différence est grande. Au Niger, un opposant a été sacrifié. Dans d’autres pays de la sous-région, toutes les institutions ont été sacrifiées au profit d’un homme.

Le deuxième pays qui organise une présidentielle ce dimanche est la RCA. Là le sortant ne se présente pas à un troisième mandat. Mais ce pays reste l’épine dans le pied de l’Afrique centrale. Une région qui est loin d’être la mieux lotie en ternes de démocratie et de l’Etat de droit. Mais dans cette région du continent la RCA n’a jamais présenté une image enviable. C’est même le pire des pires. De Bokassa à Bozizé en passant par Patassé, les dirigeants centrafricains ont été un cauchemar pour leurs concitoyens.

Après une transition dirigée par une femme, suivie d’une élection présidentielle, le pays était censé enfin sortir de ses éternelles crises. Espoir vite déçu. Le pays est plus que jamais divisé. On estime au moins à 14 le nombre de groupes armés. Ces dernières décennies, les 7 000 à 8 000 membres des FACA ont davantage constitué une menace envers la population qu’une garantie de leur sécurité. Les FACA sont craintes pour leur brutalité et les violations graves des droits de l’homme qu’elles ont commises en toute impunité.

La Seleka CPSK-CPJP-UFDR

La Seleka, qui signifie l’alliance en sango, la langue nationale, était une coalition de mouvements rebelles formée dans le but de destituer le président Bozizé. A sa tête il y a Michel Djotodia. Lequel est revenu de son exil au Bénin pour prendre les commandes du groupe.

La milice anti-balaka

Fin 2013, monseigneur Nestor Désiré Nongo Aziabgia, évêque de Bossangoa, écrivait : « Les nombreuses atrocités et violations des droits de l’homme perpétrées par la Seleka ont créé un sentiment de rébellion et poussé des hommes, incités par la violence, à organiser leur propre défense et leur propre justice […] Les troubles au sein de différents segments de la population ont conduit à l’émergence de groupes d’autodéfense, dont les anti-balaka. »

Les Bandits

Des bandits, connus localement sous le nom de zaraguina, opèrent en bandes organisées et bien armées qui tuent, enlèvent en vue de demander des rançons, pillent et incendient des maisons. En l’absence de forces de sécurité nationale efficaces, ils agissent en toute impunité. Leurs attaques ont conduit des dizaines de milliers de personnes à fuir leur village pour mener une vie précaire dans la brousse, sans accès à leurs champs ni aux marchés. Les importations par les principales voies commerciales ont été coupées, notamment en provenance du Cameroun. Le rapatriement des réfugiés de RCA au Tchad a également été entravé par leurs activités.

Le soutien de Moscou

A noter que la Russie vole au secours du régime centrafricain pour empêcher les rebelles de marcher sur Bangui. De son côté, le gouvernement centrafricain a accordé des permis miniers, pour l’exploitation de l’or et du diamant notamment, à des sociétés russes associées à l’homme d’affaires Evguéni Prigojine. Très proche de Vladimir Poutine, cet homme est suspecté d’être le principal financier de Wagner, la société de sécurité privée russe dont les paramilitaires sont très présents en RCA.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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