Abdoul Salam Sow n’approuve pas la composition du comité de normalisation, mis en place pour gérer la Fédération guinéenne de football (FGF) pendant les sept prochains mois. Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, l’ancien footballeur international guinéen a dénoncé particulièrement le choix de Mme Mariama Diallo Sy pour diriger le CONOR. Pour lui, ce n’est pas normal de confier la gestion du football guinéen à une personne qui n’est pas issue du domaine.
Décryptage !
Guineematin.com : suite à la crise qu’a connue récemment la Fédération guinéenne de football, la FIFA a décidé de mettre en place un comité de normalisation, qui va diriger le football guinéen jusqu’à la mise en place d’un nouveau comité exécutif. Que pensez-vous de cette décision ?
Abdoul Salam Sow : je pense qu’avant la mise en place de ce comité de normalisation, on devait consulter les anciens footballeurs aussi, parce qu’on a été des acteurs et maintenant on est spectateurs du football guinéen. Alors, qu’on consulte tout ce beau monde pour sortir une équipe homogène. Parce que ce comité a un travail important à faire, notamment la modification des textes. Mais, si les hommes ne sont pas normaux, comment vont-ils normaliser ? Il faut appeler les bonnes personnes en regardant qui peut faire quoi, qui peut apporter une bonne idée, parce qu’il faut changer les textes qui avaient été mis en place pour empêcher certains de se porter candidats.
Guineematin.com : vous n’êtes visiblement pas satisfait de la composition de ce comité de normalisation. Pourtant, il est dirigé par deux personnes bien connues : l’ancienne ministre Mariama Diallo Sy et le journaliste sportif Séga Diallo, qui sont respectivement présidente et vice-président du CONOR.
Abdoul Salam Sow : c’est vrai que Séga est un garçon très intelligent, qui a beaucoup d’atouts, il peut apporter quelque chose au football. Mais, la dame (la présidente, ndlr) est plutôt connue dans le domaine du tourisme et de l’hôtellerie. Une personne qui évolue au niveau de l’hôtellerie, qu’est-ce qu’elle a à faire avec le football ? Elle vient chercher quoi dans le football ? Est-ce qu’on peut parler football avec elle ? Le président qui est là aujourd’hui, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il a parlé de changement. Mais est-ce un changement ça ? Moi, je dis non, ce n’est pas bon pour le football, parce qu’elle ne s’y connait pas.
J’aurais préféré Edgar, qui a beaucoup d’idées, qui pourrait être un bon président, ou bien Koïta, qui a joué au Horoya à l’époque et qui est membre de l’association des anciens footballeurs. On doit impliquer les anciens footballeurs, on ne doit pas sortir comme ça de nulle part pour venir diriger le football. Je ne dis pas qu’il faut forcément mettre des anciens footballeurs à la tête, mais il faut prendre des gens qui connaissent le domaine. Des personnes comme Thierno Saïdou Diakité, Gaoussou Diaby peuvent aussi diriger, parce qu’ils connaissent le football.
Personnellement, ce sont des postes qui ne m’intéressent pas, parce que quand tu dis la vérité, on va dire que tu es impoli, tu es mal éduqué. Mais quelqu’un comme Gaoussou, il a l’expérience, il a un vécu et avec ce vécu-là, il peut apporter un plus. Parce que comme je l’ai dit, il y a des textes qu’il faut changer. Il faut les changer, parce qu’ils n’engagent que les personnes qui les ont mises en place. Pour moi, c’est le plus important. Parce que si tu fais un texte rien que pour toi, à ton avantage, personne ne va te toucher, ça ne marche pas. On fait les textes pour qu’il y ait l’égalité entre nous, celui qui passe après le vote devient le chef.
Guineematin.com : tout comme la Féguifoot, le Syli national aussi n’affiche pas une image reluisante. L’équipe guinéenne a été incapable de gagner un seul de ses six matchs lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2022. A votre avis, à quel niveau se situe le problème du football guinéen aujourd’hui ?
Abdoul Salam Sow : le football, il y a les joueurs sur le terrain et il y a les dirigeants. Mais, s’il n’y a pas une bonne direction, ça ne marche pas. Antonio Souaré (l’ancien président de la FGF), a fait ce qu’il avait à faire, il a apporté beaucoup, mais on ne l’a pas accompagné. Alors qu’à lui tout seul, il ne peut pas tout faire. Pour avoir une bonne équipe nationale, il faut d’abord avoir un bon sélectionneur. Aujourd’hui, le Syli national doit avoir des joueurs sur les flancs, il y a 8 joueurs au milieu qui jouent au même poste, ça ne peut pas marcher comme ça.
On a besoin de garçons, comme Alsény Soumah « Chamacal », Sékou Oumar Yansané « Akalé », Abdoulaye Paye Camara. Ce sont des joueurs qui peuvent apporter un plus pour permettre au milieu de terrain de respirer. Le football guinéen a toujours été grand sur les côtés, avec les Petit Sory, Maxime, Fodé Karéka. Après, il y a eu les Fodé Mansaré, Ibrahim Traoré, on a toujours évolué sur les côtés. En parlant d’Ibrahim Traoré, je pense que l’écarter de l’effectif a été une erreur, parce que le Syli manque de leader. Je suis sélectionneur demain, malgré le fait qu’il n’a pas de club, je le ferai venir pour qu’il accompagne le groupe, parce que c’est un leader.
Guineematin.com : aujourd’hui, quand on voit le Syli national jouer, on a l’impression que les joueurs n’ont pas envie de jouer. Vous qui avez été un footballeur très engagé, que pensez-vous de cette situation ?
Abdoul Salam Sow : aujourd’hui, le milieu du Syli me dérange vraiment, et je l’ai même dit aux joueurs. Parfois, quand je vois le Syli jouer, j’ai les larmes aux yeux. Mais, moi, je ne m’en prendrai aux joueurs, mais je m’en prends au système, parce que quand il y a de grands et bons dirigeants, ça fonctionne. Mais, aujourd’hui, on n’a même pas de fédé, on vient de mettre en place le comité de normalisation, mais comment ces gens sont choisis ? Il faut qu’il y ait des échanges pour qu’on puisse corriger les problèmes qui existent pour hisser haut le football guinéen.
Entretien réalisé par Mamadou Yaya Petel Diallo pour Guineematin.com
Tel: 622 67 36 81
