Dansa Kourouma à propos de la CRIEF : « c’est l’expression d’une volonté de mettre fin à l’impunité »

Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile de Guinée (CNOSCG)

Quelques jours après sa création, la Cour de répression des infractions économiques et financières voit ses compétences renforcées. Dans une ordonnance publiée lundi soir, 6 décembre 2021, le colonel Mamadi Doumbouya, a transféré certaines attributions de la Haute Cour de justice (une juridiction prévue dans la loi guinéenne, mais non mise en place) à la CRIEF.

Cette décision du président de la Transition est bien accueillie par le président du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG). Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, Dr Dansa Kourouma a salué la volonté exprimée des autorités guinéennes de mettre fin à l’impunité dans le pays.

« La mise en place de la CRIEF et l’ordonnance qui rattache une partie des compétences de la Haute Cour de justice à cette CRIEF, est l’expression même d’une volonté politique de mettre fin à l’impunité dans notre pays. D’abord, le caractère répressif de certaines infractions restées jusque-là impunies et dont la commission était encouragée, ensuite, le fait de prendre en charge les crimes économiques et financiers antérieurs à la mise en place de la CRIEF est pour moi l’expression de cette volonté de mettre fin à l’impunité dans notre pays », a-t-il déclaré.

Pour l’activiste de la société civile, cette volonté des autorités de la Transition est d’autant plus salutaire que si on parvient à obliger les commis de l’Etat à respecter les biens publics, la Guinée pourra même se passer de l’aide extérieure. « Si on est capables de gérer convenablement nos ressources minières, agricoles et halieutiques, la Guinée pourra se passer de tous les accords de financements extérieurs. Mais hélas, le pays est frappé par une sorte d’injustice sociale, où c’est une minorité qui fait main basse sur les richesses du pays.

Et la meilleure façon de restaurer notre dignité aujourd’hui, c’est notre capacité politique réelle à préserver les ressources internes du pays et à garantir un investissement de qualité dans les secteurs sociaux de base. Parce que quand on parle de l’indice du développement humain, c’est la capacité d’investissement dans les secteurs sociaux, à les rentabiliser pour que ça impacte durablement sur le niveau de vie de la population. La Guinée a les moyens de sa politique, mais ces moyens n’arrivent jamais à destination, parce qu’ils sont détournés par des cadres qui gagnent dans une sorte d’impunité ou même dans une immunité de palais. Donc, la CRIEF est une grande opportunité », a dit Dr Dansa Kourouma.

Maintenant, dit-il, il faut veiller sur les critères de choix des magistrats et éventuellement de tous ceux qui vont travailler à la CRIEF. Dr Dansa Kourouma rappelle que le problème de la Guinée n’est pas la création des institutions, mais les hommes qui y siègent. « Nous savons créer les institutions, nous savons innover, mais la mise en place de ces institutions se trouve être rapidement biaisée par le recyclage d’hommes sans vertu, qui développent le clientélisme et le démérite, installent des contre-valeurs dans ces organisations et perdent aussi leur crédibilité.

Donc, il faut ouvrir l’élection des magistrats membres de la CRIEF à la diaspora. Il faut faire un appel d’offres, un recrutement international pour que les Guinéens, partout où ils se trouvent dans le monde, qui ont des formations adéquates puissent postuler et se retrouver dans cette juridiction importante pour l’avenir de notre pays », conseille le président du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG).

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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