Souleymane Sow (Amnesty Guinée) : « la situation des droits de l’homme n’est pas reluisante »

Souleymane Sow, directeur exécutif d'amnesty international, président du comité d'organisation

La journée internationale des droits de l’homme, célébrée ce vendredi 10 décembre 2021, a été l’occasion pour plusieurs acteurs évoluant dans ce domaine de faire un état des lieux de la situation des droits humains en Guinée. C’est le cas notamment de Souleymane Sow, directeur exécutif d’Amnesty international en Guinée, qui a abordé ce sujet dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.com qui l’a joint au téléphone. Même s’il salue une amélioration de la situation sur le plan politique, l’activiste des droits de l’homme s’indigne contre la recrudescence des cas de viols dans le pays. Il invite les autorités de la transition à lutter efficacement contre ce phénomène et contre l’impunité.

« Si vous prenez actuellement la recrudescence des violences sexuelles avec les cas de viols en cascade que nous rencontrons, vous comprendrez que la situation n’est pas reluisante. Et donc, ça nous interpelle et nous inquiète énormément. Nous espérons que les nouvelles autorités vont prendre les directives pour combattre ce fléau. Sur le plan politique, il y a une accalmie, la tension baisse en matière de violation des droits de l’homme en Guinée, pour celui qui a vécu les manifestations, les répressions de 2020 et début 2021. Il faut aussi rappeler qu’il y a énormément de cas d’impunité dans ce pays. C’est pourquoi, nous disons aux nouvelles autorités de lutter contre l’impunité.

Comme vous le savez, il y a eu beaucoup de cas de morts, il y a eu un usage excessif de la force par les forces de défense et de sécurité avec la répression des manifestations passées. Amnesty international avait sorti un rapport intitulé « Marcher et mourir » où nous avons documenté certains cas de violations graves des droits de l’homme. Il y a des plaintes qui ont été déposées par certaines familles et donc, nous appelons que des enquêtes soient menées, que les responsabilités soient situées, et que les auteurs soient traduits devant la justice et jugés. Il y aussi le cas des blessés dans les manifestations, dont les soins doivent être pris en charge par l’État, nous l’avons même exigé dans nos précédents rapports », a-t-il rappelé.

Souleymane Sow demande aussi aux nouvelles autorités guinéennes d’annuler la décision de l’ancien gouvernement, interdisant toute manifestation dans le pays. « Cette décision est illégale. Le droit de manifester ne peut pas être suspendu sur tout le territoire et indéfiniment. Donc, les nouvelles autorités doivent revenir sur cette décision et autoriser les manifestations pacifiques de toute personne et de toute organisation. Parce que le CNRD a annoncé que la justice sera la boussole qui va guider les actions du gouvernement. Lutter contre l’impunité et mener des enquêtes impartiales contre toutes les personnes qui ont commis des crimes et des tueries lors des manifestations pacifiques et que justice soit faite pour les personnes qui ont porté plainte », sollicite ce défenseur des droits humains.

Le directeur exécutif d’Amnesty international en Guinée indique qu’il est nécessaire aussi d’insérer dans les programmes d’enseignement, des modules sur les droits de l’homme pour faciliter la promotion et le respect de ces droits.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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