Le célèbre écrivain guinéen, Tierno Monénembo, est très remonté contre la décision du colonel Mamadi Doumbouya, rebaptisant l’aéroport de Conakry au nom de Sékou Touré (le premier président de la République de Guinée). Il l’a fait savoir ce samedi, 18 décembre 2021, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par l’association des victimes du camp Boiro (AVCB), à Conakry, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.
Le décret du président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya, changeant le nom de l’aéroport de Conakry, devenu désormais « Aéroport international Ahmed Sékou Touré », continue de susciter une vive polémique en Guinée. Parmi ceux qui désapprouvent cette décision, figure l’écrivain Tierno Monénembo, qui a toujours dénoncé les exactions commises par le régime de Sékou Touré.
« Je suis écœuré de cet acte ignoble, qui est un coup de poignard dans le dos de la démocratie guinéenne. Mais, c’est aussi ce puissant facteur de division qu’on ne nous a jamais donné dans ce pays depuis l’indépendance », a déclaré le lauréat du prix Renaudot 2008, qui remet en cause la légalité de cette décision du chef de la junte militaire qui dirige actuellement la Guinée.
« Cet acte est complètement illégal. Le colonel Doumbouya n’a aucun pouvoir, aucune légalité, aucune légitimité pour baptiser ou débaptiser un lieu en République de Guinée. Colonel Doumbouya n’est pas un président de la République, c’est un putschiste. Il est là parce qu’il nous a débarrassés du régime néfaste d’Alpha Condé. On l’a applaudi pour cela. Mais, il n’a aucune légitimité, il n’est pas le président de la Guinée. Il n’a rien à décréter (…). C’est parce que la Guinée fonctionne à l’envers.
En 2010, je l’avais fait remarquer. Le président de la transition signait des contrats miniers, ce qui est interdit. Un gouvernement de transition gère les affaires courantes, il n’a pas à reconnaître un État, établir des relations diplomatiques ou signer les contrats miniers. Colonel Mamadi Doumbouya est dans l’illégalité la plus totale. Son acte est plus illégal que le 3ème mandat d’Alpha Condé. Si on était dans un pays normal, il aurait été destitué et foutu en prison, mais la Guinée n’est pas normale », s’est-il indigné.
Face à cette situation, l’écrivain appelle les Guinéens à continuer la lutte pour obtenir la liberté. « Il faut rendre ce pays normal par le combat. Il faut se battre, il ne faut plus subir. Tout le monde doit se battre. Il faut que les démocrates dans ce pays se lèvent et se battent contre tous ces gens qui considèrent la Guinée comme une propriété privée et qui agissent par décret à la place du peuple. Ce combat doit être mené, quel que soit le prix, parce que la liberté a un coup. Il faut que les Guinéens sortent de la léthargie et de la résignation.
Ayons le courage, affrontons les barbares. On ne discute pas avec les barbares, on les combat. Et ce combat doit commencer maintenant. Vous (les membres de l’AVCB, ndlr) avez parlé de la procédure judiciaire, cette procédure doit commencer maintenant. Il faut que dans la semaine, il y ait quelque chose dans les tribunaux guinéens, de la CEDEAO ou ailleurs. Les Guinéens doivent s’éveiller, s’unir et se battre, sinon, ce pays est à vau-l’eau », a laissé entendre Tierno Monénembo.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
Tél : 622 68 00 41
