Droits de l’homme en Guinée : Me Foromo Loua peint en noir la situation guinéenne en 2021

Me Foromo Frédéric Loua, président de l'ONG Mêmes Droits pour Tous

A la fin de ce mois de décembre en Guinée, plusieurs ONG de défense des droits humains s’efforcent à dresser un bilan de l’année 2021 de notre pays en matière de respect des droits et libertés des citoyens. C’est le cas de l’ONG Même Droit pour Tous (MDT) où Me Frédéric Foromo Loua peint en noir le tableau guinéen d’avant le 05 septembre dernier.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mardi, 28 décembre 2021, cet avocat guinéen et défenseur des droits humains a évoqué « un bilan mitigé ». Il assure qu’il y a des avancées dans certains domaines, tout comme il y a d’énormes recul dans d’autres domaines.

« En termes de respect et de promotion des droits humains en 2021, le bilan est globalement mitigé. Il y a eu des avancées dans certains domaines, alors que dans d’autres, c’est carrément un recul. C’est le cas notamment de la situation des détenus en Guinée qui n’a pas évolué. Nous continuons à assister à une pléthore dans les prisons guinéennes. La justice pénale travaille en dent de scie. Les dossiers ne sont pas épuisés. Les violences à l’égard des femmes n’ont pas reculé ; car, nous avons assisté à beaucoup de cas d’agression ou de viol à l’endroit des femmes. La question des mutilations génitales féminines a pris de l’ampleur et l’Etat n’a rien fait pour inverser cette tendance. Les quelques rares cas qui ont été portés devant la justice, ils n’ont pas connu le soutien escompté pour aboutir à une décision de justice.

La situation en termes de droits de travail n’a pas évolué. Beaucoup de nos compatriotes qui travaillent dans les sociétés minières, notamment chinoises, continuent à être exploités, à subir l’injustice sans que les autorités chargées de les protéger ne lèvent le petit doigt pour sanctionner qui que ce soit. Il y a aussi que les mines de chez nous sont en train d’être exploitées sans que cela n’ait un réel impact sur le quotidien des guinéens. A cela s’ajoute le fait que les populations impactées par les activités minières continuent à être déguerpies sans compassassions nécessaires. Le droit à un environnement sain et à un travail décent n’est pas respecté. Donc, de façon générale, les droits sociaux, économiques et culturels n’ont pas connu la protection escomptée. Et, nous continuons à assister au fait que dans nos différentes villes, l’Etat peine à assurer un environnement décent aux populations. Les ordures jonchent les rues et nous avons des difficultés », a expliqué Me Foromo Loua.

A en croire le président de l’ONG Même Droit pour Tous, des inquiétudes en matière de respect des droits de l’homme persistent encore dans le pays, en dépit du changement de régime intervenu au mois de septembre dernier.

« Le 05 septembre, nous avons assisté à un changement de régime. Le régime qui avait confisqué les libertés dans ce pays, qui avait mis en place un système de pillage systématique des ressources et qui avait renié aux guinéens le minimum de droits a été renversé. Le régime actuel a promis de refonder l’État en mettant en place des institutions fortes. C’était une situation que les Guinéens attendaient; mais, il faut reconnaître aussi que nous commençons à avoir quelques inquiétudes, notamment la détermination de la durée de la transition et la mise place du CNT. Nous avons aussi quelques inquiétudes par rapport aux nominations à des postes de responsabilité. C’est l’occasion pour nous de rappeler aux autorités de prendre en compte cette répartition régionale, ethnique, dans la nomination à des postes de responsabilité pour que tous les guinéens, de façon inclusive, soient intéressés à la gestion de la chose publique. Donc, ce sont quelques soucis, en tant que défenseur des droits de l’homme, que nous avons et nous pensons que 2022 va être une année au cours de laquelle ces différentes difficultés vont pouvoir être résolues dans un contexte apaisé et socialement équilibré », a dit Me Foromo Loua.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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