C’est un avocat très en colère et extrêmement inquiet pour l’indépendance de la justice guinéenne que nous avons joint au téléphone dans l’après-midi de ce vendredi, 04 février 2022. Me Salifou Béavogui (puisque c’est de lui qu’il s’agit) a exprimé son indignation suite à l’arrestation de son client Karfala Dabo par la gendarmerie. L’avocat dénonce de « l’arbitraire pur et dur » et une défiance contre la justice.
Selon les informations confiées à Guineematin.com, Karfala Dabo est un opérateur économique qui avait été arrêté pour le « meurtre » d’un citoyen (Lamine Traoré) dans le village de Toumanyah (dans la préfecture de Dabola). Mais, après toutes les enquêtes, il a bénéficié d’un « non-lieu » de la part du juge d’instruction en charge de cette affaire. La réquisition du juge Oumar Doumbouya en sa faveur date du 14 janvier dernier. Mais, après sa libération, la gendarmerie, en violation de l’ordonnance du non-lieu, l’a encore arrêté. Et, depuis lundi dernier, elle le trimballe de ville en ville pour l’interroger sur les mêmes faits dont il a été blanchi. D’où la colère de son avocat, Me Salifou Béavogui.
« La justice libère, la gendarmerie oblige la justice à arrêter. Il y a eu un cas de meurtre à Dabola, précisément dans le village de Toumanyah. Un opérateur économique du nom de Karfala Dabo a été suspecté de ce meurtre. Après toute enquête, Karfala Dabo bénéficie d’un non-lieu en bonne et due forme de la part d’un juge d’instruction du nom d’Oumar Doumbouya. Donc, on le libère. Mais, il vient à Conakry ; et, quelques jours après, la gendarmerie l’arrête. Il présente l’ordonnance du non-lieu et le réquisitoire du juge de paix, mais la gendarmerie refuse de le libérer. Ça c’est depuis lundi dernier. On le prend et l’envoie à Kankan où on le met en prison à la brigade de recherche. Nous faisons tout pour qu’il soit libéré, impossible. A l’instant où je vous parle, on vient de l’embarquer pour Dabola. Ça c’est inacceptable. Quand le juge libère pour non-lieu, seul le juge peut reprendre pour de charge nouvelle. Mais, tel n’est pas le cas ici. Donc, la gendarmerie oblige le juge à encore arrêter un citoyen que la justice a libéré. C’est une façon de dire que la justice ne sera plus indépendante. C’est une façon de dire : vous la justice vous l’avez libéré, mais nous la gendarmerie nous l’avons arrêté et on verra maintenant qui va le libérer. L’indépendance de la justice est complètement mise à rude épreuve. Le pauvre Karfala Dabo est en train d’être trimbalé de ville en ville. C’est inacceptable, il faut qu’il soit libéré. C’est de l’arbitraire pur et dur. C’est une façon d’obliger la justice à se contredire », a dénoncé Me Salifou Béavogui.
A suivre !
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
