Fête de Ramadan : les ateliers de couture partagés entre affluence et rareté de la clientèle

À quelques jours de la célébration de la fête de Ramadan, c’est la course contre la montre dans les ateliers de couture. Dans le souci de paraître plus beau, nombreux sont les fidèles musulmans qui se dirigent chez les stylistes pour se faire une tenue de fête. Dans les ateliers de couture sillonnés hier, jeudi 28 avril 2022, la situation est plus au moins morose. Si certains tailleurs se réjouissent de la forte affluence, d’autres par contre se plaignent de la rareté des clients et pointent du doigt la cherté des matériels de travail, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Oumar Bah, tailleur à Hamdallaye

A Hamdallaye, dans la commune de Ratoma, Oumar Bah se réjouit de la forte affluence au point qu’il a été obligé de rejeter certains clients. « Cette fois-ci quand même ça va, l’engouement est là, on a eu beaucoup de clients. Je trouve l’engouement de cette année plus dense que celui de l’année dernière. Il m’a fallu refuser certains habits parce qu’on ne peut pas prendre tout ce qu’on nous envoie si on sait qu’on ne peut pas terminer avant le jour de la fête… ».

Toutefois, Oumar Bah dénote la rareté et la cherté du matériel de travail. « Presque tous les matériels que nous utilisons ici sont importés. Il y en a qu’on ne trouve même pas à moins qu’on ait la chance d’en avoir dans la friperie. Donc, nous sommes en manque de matériels et cela s’ajoute leur cherté ».

Toutefois, Oumar Bah interpelle les autorités à accompagner les couturiers pour leur épanouissement. « Nous demandons au gouvernement de surtout penser aux tailleurs parce que celui qui veut avancer dans ce métier a tout un problème. Quand on te dit, vas à la banque pour faire un prêt, arrivé là-bas, on demande un titre foncier à un débutant qui n’a même pas de terrain d’abord. Comment va-t-il s’en sortir pour évoluer ? Sinon, nous voulons produire 100% made in Guinea, mais pour ça, il faut les moyens pour l’achat des matériels, employer les apprentis afin de créer la différence. Quand ils parlent de l’artisanat, c’est vrai que nous sommes dans ce groupe mais ils n’ont qu’à décanter les choses pour nous voir », suggère le tailleur.

Joseph Siné Gouavogui, gérant de boutique prêt à porter

Par contre, Joseph Siné Gouavogui, rencontré dans la boutique Shop au quartier Ratoma, se plaint de la rareté de la clientèle. « Vu la conjoncture et la situation actuelle du pays, la clientèle se fait un peu rare. On a quand même un petit nombre de clients qui arrivent chez nous. L’engouement est vraiment morose. Quand les clients viennent et qu’on leur propose la marchandise, souvent ils disent que le prix est cher, mais pour un client désireux d’acheter, nous essayons toujours de faire des arrangements dans l’intérêt des deux parties. Quand nous envoyons les bazins, wax… cousus et non cousus du Sénégal, du Bénin… nous essayons de faire de telle sorte que le prix soit abordable à la clientèle en cherchant juste un petit bénéfice sur ça », a expliqué le gérant de cette boutique prêt-à-porter.

Abondant dans le même sens, Makan Camara, couturière au Camp Carrefour de Yimbaya, se plaint de la rareté de la clientèle. « C’est vrai qu’on n’est pas resté sans clients, mais l’an passé était mieux que cette fois-ci. On n’a vraiment pas eu assez de clients cette année. C’est pourquoi je n’ai rejeté personne cette fois-ci. En plus, les matériels de travail sont devenus plus chers qu’avant. Mais malgré cette augmentation du prix, nous, nous ne pouvons pas répercuter cela sur le coût de notre prestation. D’ailleurs, tout le monde pleure qu’il n’y a pas d’argent et si nous fixons le prix d’une manière, les gens vont nous fuir davantage. Or, nous avons le prix du loyer à payer et autres besoins à satisfaire. Donc, on est obligé d’être flexible ».

Mamadou Oury Bah, maître tailleur à Hamdallaye Concasseur

Mamadou Oury Bah, couturier à Hamdallaye Concasseur est du même avis que les précédents intervenants. « Nous avons eu des clients, mais tardivement. Beaucoup sont venus entre le 15 jusqu’au 20 du mois de ramadan. C’est pourquoi on s’est abstenu de prendre beaucoup d’habits. Parce que quand tu prends ce que tu ne peux pas terminer, tu risques de te créer des problèmes dans ton atelier. Il n’y a pas assez d’engouement parce que les gens sont venus en retard vu qu’il n’y a pas assez de moyens. Ce qui fait que dès qu’on leur dit le prix, ils se mettent à parler. Mais, comme souvent ce sont des clients de longue date, on est obligé de diminuer pour eux. Le rouleau de tissus qu’on achetait l’année dernière à 85 jusqu’à 100 mille GNF est vendu aujourd’hui à 120 000 GNF sans compter les autres matériels », a-t-il fait savoir.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

Facebook Comments Box