Quelques jours après l’annonce du déclenchement d’une grève générale de trois jours, le Syndicat des acteurs de la monnaie électronique de Guinée passe à l’acte. Le SAMEL-GUI a lancé hier, lundi 20 juin 2022, son mouvement de protestation contre la nouvelle réduction des commissions des points de vente Orange money. Et cet appel est largement suivi à Conakry, où la majeure partie des acteurs sur le terrain ont cessé leurs activités, a constaté une journaliste de Guineematin.com qui a sillonné plusieurs points de vente.
Thierno Saïkou Barry, détenteur d’un point de vente à Tombolia, trouve inacceptable la décision d’Orange finances mobiles, filiale de la société de téléphonie mobile Orange Guinée, de procéder à une nouvelle baisse des commissions des points de vente Orange money. C’est pourquoi, il a décidé d’observer la grève déclenchée par le Syndicat des acteurs de la monnaie électronique de Guinée (SAMEL-GUI). Et il se dit prêt à aller plus loin qu’une simple suspension des transactions Orange money pendant trois jours.
« J’ai jugé utile de ne pas faire de transactions Orange money pendant ces trois jours, parce que la société a diminué nos commissions. Depuis le 1er de ce mois, elle a changé sa grille tarifaire. Actuellement, si on fait une transaction de 10 mille à 50 mille francs, on ne gagne que 271,71 francs guinéens. Donc, avec de telles commissions, on peut se retrouver avec un intérêt journalier de seulement 20 mille à 25 mille francs. Ce qui est très insignifiant pour un père de famille, surtout avec la conjoncture actuelle. Donc, j’espère que cette grève de trois jours va impacter l’économie de la société et qu’elle va nous rétablir dans nos droits. Et si elle ne nous rétablit pas dans nos droits, nous allons arrêter carrément les transactions Orange money », a-t-il annoncé.
Abondant dans le même sens, Aliou Bangoura a expliqué aussi pourquoi il a suspendu les transactions Orange money. « J’ai décidé d’observer ces journées sans Orange money, parce que la société a baissé nos maigres commissions sans aucune raison valable. Depuis longtemps d’ailleurs, elle ne fait que diminuer nos commissions à son profit. Ce n’est pas normal ça. C’est pourquoi, depuis ce matin, des clients viennent me demander de faire des transactions, mais je ne le fais pas. Je pense que si pendant ces trois jours, on ne travaille pas, cela va jouer sur eux et ils vont nous entendre. C’est pourquoi, tous les points de vente doivent respecter ce mot d’ordre de grève », a dit cet autre acteur de la monnaie électronique.
Même son de cloche chez Ibrahima Keïta : « la société a diminué les commissions sans penser à nous les détenteurs des points de vente. Elle pense seulement aux clients, mais pas à nous, les vendeurs. Alors que nous aussi, nous ne pouvons pas travailler sans gagner. Donc, nous allons suivre cette grève jusqu’à obtenir gain de cause. Aujourd’hui, d’après mes informations, la majorité des PDV (points de vente) ne sont pas actifs. Comme vous le constatez ici, tous mes voisins ont suivi le mot d’ordre lancé sur notre plateforme. Donc, c’est une bonne nouvelle. Parce que c’est seulement comme ça qu’on peut mettre la pression sur la société pour qu’elle accepte de penser à nous aussi ».
Aminata Bah, détentrice d’un point de vente, observe aussi cette grève. « Orange a complètement réduit nos commissions, elle ne se soucie pas de nous. Depuis le 1er juin, elle a changé d’identité visuelle, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de nouvelles affiches. C’est comme si elle voulait se débarrasser de nous. Nous travaillons avec nos propres fonds pour gagner quelque chose. Mais si dans tout cela on ne gagne rien, c’est mieux d’arrêter avec Orange et continuer avec d’autres, parce que nous ne sommes pas des esclaves. Donc, si après ces trois jours on n’a rien comme réponse, nous allons continuer la lutte », a-t-elle fait savoir.
A noter toutefois que même s’ils sont peu nombreux, certains détenteurs de points de vente n’ont pas observé cette grève. Mais ces derniers n’ont pas voulu s’exprimer sur leur décision de ne pas suspendre les transactions Orange money.
Aïssatou Sadio Bah pour Guineematin.com
