Pèlerinage 2022 : des candidats en colère accusent le gouvernement et certains hauts cadres de la présidence

Contrairement à ce qu’avait affirmé le Secrétaire général des affaires religieuses, Elhadj Karamo Diawara, le 28 mai 2022, devant la presse, comme quoi le pèlerinage de cette année sera le meilleur, allant jusqu’à le comparer à un voyage à Paris, beaucoup de candidats au pèlerinage et leurs proches sont déçus de l’organisation. En colère, ils dénoncent des membres du gouvernement et certains hauts cadres de la présidence, a appris Guineematin.com, auprès d’une victime.

Selon un des lecteurs de Guineematin.com qui a contacté la rédaction ce lundi 27 juin 2022, se présentant sous le nom d’Ibrahima Sory K, le pèlerinage est une saine pagaille orchestrée par des membres du gouvernement et même des personnes se faisant passer pour des hauts cadres de la présidence de la république.

« Mon papa devait partir à la Mecque cette année. Il est venu de Labé où il a été inscrit à la ligue préfectorale de Labé qui n’avait que 15 places. Toutes les formalités ont été accomplies. Il est venu à Conakry pour le voyage. Ils étaient tous convoqués au centre islamique de Donka pour les formalités de départ. Comme les Affaires religieuses n’étaient pas prêtes, ils ont demandé aux agences d’envoyer les premiers candidats inscrits. C’est Dounia voyage qui a été recrutée comme Agence d’assistance technique et logistique. A ce titre, elle gérait le pèlerinage en collaboration avec le département des affaires religieuses.

L’agence faisait un travail très sérieux. Elle appelait les gens par téléphone. Les deux premiers convois n’ont pas eu de problème. Pour le cas de mon papa, nous on a été appelés jeudi dernier, 23 juin 2022, vers 20 heures, pour nous dire de nous présenter à zéro heure. Nous sommes restés là jusque tard. Et le vendredi à 6 heures, le vieux m’a appelé pour dire qu’il y a des manquants au niveau du vol ; et donc qu’il devait remplir l’avion par ceux qui avaient les documents au complet. Le vendredi à 12 h, ils ont commencé à appeler les gens pour l’embarquement ».

Ce qui a suscité la colère des gens, c’est surtout la présence d’un Colonel, venu au nom de la présidence de la république pour s’emparer des opérations.

« Entre-temps, un Colonel est venu avec une liste et près de 200 passeports. Il s’est mis à appeler les gens pour monter dans le bus. Nous sommes restés dans cette situation pendant toute la journée du vendredi jusqu’à 20 heures. j’ai commencé à voir l’arrivée des ministres de l’administration du territoire, Mory Condé, du budget, Moussa Cissé, de l’information, Rose Pricemou, des finances Lancinet Condé… Ils étaient dans un bureau où l’on imprime les visas pour les mettre dans les passeports. J’ai aperçu les ministres de l’économie et des finances et celui du budget qui sélectionnent des listes de leurs proches. Et dans une autre salle, il y avait la ministre de la communication et de l’information qui sélectionne également ses connaissances pour être appelées », a révélé M. Ibrahima Sory K.

Décidé de faire voyager son papa, il a pris son courage des deux mains pour aller vers ceux qui détenaient la liste.

« Dans mes recherches, j’ai réussi à accéder à un Colonel, qui se faisait passer pour un envoyé de la présidence. C’est lui qui appelait la liste des candidats. Je suis venu lui demander d’appeler la liste des pèlerins de Labé qui n’ont aucun bras long dans cette affaire. Il m’a fixé dans les yeux, apparemment surpris de voir un civil à ce niveau, il m’a dit d’attendre qu’il finisse sa liste. Et après, il a appelé 6 personnes sur la liste de Labé. Et j’ai continué ma lutte pour les autres. Finalement, mon papa a été embarqué le samedi 25 juin à 2 heures du matin. Je me suis battu pour faire embarquer les 11 restants le samedi vers 11 heures 13 h pour décoller 2 h après », a expliqué ce proche de pèlerin.

Très préoccupé par les conditions de pèlerinage de cette année, Ibrahima Sory K. suggère prochainement, que chaque candidat au pèlerinage se fasse accompagner jusqu’à son embarquement.

« Au début, c’était bien. Mais après les deux premiers voyages, c’était foutu. L’organisation était nulle. Cela, à cause de l’arrivée du gars de la présidence. C’est lui qui a tout gâté. Au centre islamique, les candidats étaient abandonnés à eux-mêmes. Ils ne mangeaient pas et ne dormaient pas bien. Et d’ailleurs jusqu’en Arabie Saoudite, cette désorganisation a continué. Mon papa, par exemple, a quitté Conakry, le samedi 25 juin à 7 heures 15, pour arriver à Médine, en Arabie Saoudite, à 15 heures. Et le dimanche jusqu’à 12 h, ils n’étaient pas pris en charge. Ils sortaient chercher à manger eux-mêmes, alors que tout a été payé ici au départ. Je suis actuellement, sidéré de la façon dont est organisé ce pèlerinage. Je pensais qu’un ministre est pour tout le monde mais pas pour leurs proches seulement », a-t-il dénoncé.

Avant de finir, il a appelé les autorités de changer d’attitude et de comportement lorsqu’ils sont en face du bas peuple.

A rappeler que cette année, la Guinée a été autorisée d’envoyer aux lieux saints de l’Islam 4527 personnes. Et ce lundi, le 15ème et dernier convoi doit quitter le pays vers 15 h.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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