Habib Hann arrêté à l’aéroport de Conakry : son avocat, entre inquiétude et colère

Elhadj Mohamed Habib Hann, directeur général de la SONAG et vice-président du patronat guinéen

Habib Hann, directeur général de la SONAG et vice-président du patronat guinéen, a été arrêté hier à l’aéroport de Conakry. L’opérateur économique voulait se rendre à Dakar, lorsqu’il a été interpellé et conduit vers une destination inconnue. Une situation qui suscite de l’inquiétude et de la colère chez son avocat, Me Salifou Béavogui.

« Il se rendait à Dakar pour des raisons familiales. Il devait faire un aller-retour. Arrivé à l’aéroport entre 17h et 18h, il a fait toutes les formalités requises. Il attendait son vol, lorsqu’un policier est venu l’interpeller pour lui dire que la police a besoin de lui pour des commodités. Donc, arrivé là, on lui a dit qu’il y a une interdiction de sortir du territoire contre lui. Et par la suite, il a été mis à la disposition de la gendarmerie.

Et depuis hier, à 19 heures, jusqu’à maintenant, on ne sait pas où est-ce qu’il se trouve. Ses téléphones sonnent, sans réponse. Sa famille n’a pas dormi, et son avocat que je suis n’a pas eu de repos. Nous avons cherché partout, dans tous les services de sécurité accessibles judiciairement, mais nous n’avons pas pu le localiser », a déploré l’avocat, dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce mercredi 27 juillet 2022.

Il dit avoir saisi tous les procureurs d’instance de Conakry, qui ont dit n’avoir pas connaissance de cette affaire. « Je me suis personnellement adressé aux procureurs de la République des trois Tribunaux de première instance de Conakry (Kaloum, Dixinn et Mafanco) pour juste savoir s’ils sont au courant que mon client, M. Habib Hann, a été interpellé, je n’ai eu aucune réponse. D’ailleurs même ces respectueux procureurs étaient étonnés.

Alors que l’aéroport international se trouve dans le ressort judiciaire de Mafanco, fut-il un territoire national, mais tous les procureurs disent être au courant de rien. Ce qui est dangereux et difficile à consommer. Aucun citoyen ne doit être privé de sa liberté d’aller et de venir, même pour une seconde, si le procureur compétent n’est au courant. Ça, c’est la loi qui le dit.

Et plus tard, je me suis adressé à l’un des avocats généraux de la Cour d’appel de Conakry, qui dit également n’être au courant de rien. Ensuite, j’ai saisi le parquet général d’un courrier pour lui expliquer la situation et lui exprimer les inquiétudes de la famille Hann, de ses proches, d’un de ses avocats que je suis. Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas pu le localiser.

Or, il est malade, il est diabétique, il doit prendre ses médicaments de façon ponctuelle et quotidienne. Où est-ce qu’il se trouve ? Qu’est-ce qu’on lui reproche ? Il n’y aucune information autour de lui. Ce qui est vraiment très grave dans un Etat de droit, parce que c’est une atteinte grave et intolérable à la liberté individuelle.

Quand on interdit à un citoyen de sortir du territoire, on lui notifie l’interdiction, qui est une décision ou d’autorité judiciaire ou même administrative pour qu’elle puisse exercer les recours. Mais ici, on attend que la personne arrive à l’aéroport, c’est là qu’on lui dit : monsieur, vous ne pouvez pas sortir. Mais c’est de l’abus, c’est de l’arbitraire pure et simple », a fustigé Me Salifou Béavogui.

Tout ce que l’avocat souhaite aujourd’hui, c’est savoir où se trouve son client et qu’est-ce qu’on lui reproche. Ce qui lui permettra de mieux assurer sa défense pour qu’il puisse recouvrer sa liberté.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

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