Violences à Conakry : plusieurs citoyens victimes de pillages à Koloma

En plus des morts, des blessés et des nombreuses interpellations, les manifestations enregistrées jeudi et vendredi à Conakry ont fait aussi beaucoup de dégâts matériels. Des citoyens ont été victimes d’actes de vandalisme et de pillage à divers endroits, notamment au quartier Koloma 1, précisément dans la zone située sur la transversale N°2 reliant Bambéto à l’aéroport, où plusieurs ateliers de couture et une salle de jeu ont été attaqués et pillés. Les victimes accusent des contre-manifestants en complicité avec les forces de l’ordre d’avoir commis ces actes, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui s’est rendu sur place ce samedi 30 juillet 2022.

Mme Aminata Barry, victime de pillage

Mme Aminata Barry, l’une des victimes, déplore d’importantes pertes subies. « Ils ont pris beaucoup de choses : nos machines de couture et beaucoup d’habits. Cette corde que vous voyez ici était remplie d’habits, ils les ont tous emportés avec nos machines. Il y avait des habits luxueux, dont des bazins, et beaucoup d’autres affaires ici. C’est un atelier de couture qui a une certaine renommée, donc vous imaginez ce que les gens peuvent envoyer ici », a expliqué cette victime.

Elle se dit très préoccupée par cette situation d’autant plus que les habits dérobés ne lui appartiennent pas. « Quand on parle de manifestation, les gens ne doivent pas venir piller les biens des pauvres citoyens. C’est là qu’on se débrouille pour élever nos enfants. Mais eux, ils n’ont pas trouvé mieux que de venir gâter ça et prendre des habits qui ne nous appartiennent pas. Ce n’est pas une façon de nous mettre dans des problèmes ça ?

Pour l’instant, je n’ai pas échangé avec mes clients, mais je sais que beaucoup ne vont pas pardonner, certains vont demander à ce qu’on les rembourse. Surtout les habits qui ont de la valeur. Donc, nous ne savons vraiment pas comment on va se remettre de cette situation », a dit Mme Aminata Barry, avant de solliciter l’aide des autorités pour pouvoir reprendre sa vie parce qu’elle n’a plus rien.

Mme Aïssatou Lamarana Diallo, victime de pillage

Même son de cloche chez Mme Fatoumata Lamarana Diallo, une autre couturière, victime de pillage. « Ça, ce n’est pas de la manifestation, c’est plutôt une façon de faire régresser les gens. C’est là qu’on se débrouille pour pouvoir subvenir à nos besoins afin de donner une bonne éducation à nos enfants. Mais si des gens viennent casser cela, ce n’est vraiment pas facile », regrette-t-elle.

Pour sa part, Sadou Traoré, gérant d’une salle de jeu qui a été aussi attaquée, dénonce le comportement de certains agents des forces de l’ordre qui, selon lui, sont complices des pilleurs.

Sadou Traoré, victime de pillage

« Ceux qui devaient être des solutions à nos problèmes sont devenus eux-mêmes des problèmes. C’est-à-dire, les forces de l’ordre qu’on croyait être venues nous défendre contre les casseurs, ce sont elles-mêmes qui sont venues avec un groupe de jeunes pour commettre des actes. Les agents jetaient du gaz lacrymogène sur nous avant de pousser leurs jeunes pour venir s’attaquer à nos biens », a-t-il expliqué.

Cette victime dit avoir perdu plusieurs téléviseurs dont un écran plasma acheté à 1 300 000 GNF, 4 manettes (2 PS3 et 2 PS2), un renverseur et des grillages. Une liste d’objets qui n’est pas exhaustive ; selon lui, parce qu’il n’a pas eu le temps de terminer l’inventaire.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Ibrahima Bah pour Guineematin.com 

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