L’an1 du CNRD dans l’éducation : « Les ministres en charge de l’éducation font du traitement de l’image personnelle et de l’autopromotion »

Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) va célébrer après-demain, lundi 05 septembre 2022, son premier anniversaire à la tête de la Guinée. Cette junte militaire dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya est venu au pouvoir le 05 septembre 2021 en accablant de maux au régime Alpha Condé qu’il venait de balayer. Mais, douze mois après, que peut-on dire de la gestion de la Guinée par ces putschistes ?

Dans le secteur de l’éducation, le CNRD aurait une note ‘’pas bonne, pas mal’’. En tout cas, dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, vendredi 02 septembre 2022, Michel Pépé Balamou, le secrétaire général du syndicat national de l’éducation (SNE), a dressé un bilan plutôt mitigé de la gestion du secteur éducatif.

« Dans le secteur de l’éducation, le syndicat national de l’éducation dresse un bilan mitigé. Un bilan teinté de grandes annonces, de grandes publicités de la part des ministres en charge de l’éducation qui, à ma foi, font de l’autopromotion, de l’occupation de l’espace médiatique, du traitement de l’image personnelle, de tentative de séduction du président du CNRD, que de poser des jalons réels allant dans le sens de la qualification du système éducatif… Lorsque vous prenez le secteur de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, nous avons vu les résultats des examens passés 17% au certificat d’étude élémentaire, 15% au brevet d’étude du premier cycle et 9% au baccalauréat unique. Des taux de réussite historiques en termes de baisse. Puisque même le régime de Sékou Touré qui était censé être un régime très rigoureux n’a jamais accepté que de tels résultats se produisent dans le pays. Et donc, à la réflexion de ce faible taux de réussite à ces différents examens nationaux, nous disons que le travail n’a pas été très bien fait. D’autant plus que l’homme savait que l’école de la République avait un manque de 20.000 enseignants, il y a de cela 2 ans. En réalité, rien n’a été fait pour juguler le déficit criard d’enseignants dans les écoles. Il vous souviendra également que nous avons aujourd’hui 10587 enseignants contractuels qui, pour certains, ont enseigné gratuitement pendant 10 ans dans les écoles de la République, d’autres 5 ans sans salaire… », a déploré Michel Pépé Balamou.

Pour ce qui est de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, le secrétaire général du SNE fait constater une « incohérence » et la promotion de la médiocrité.

« Au niveau de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, ce qu’il faut noter en Guinée (…), c’est l’Etat lui-même qui donne cette image aux enfants que ne pas aller à l’université c’est échouer. Pourquoi ? Parce que ce sont ceux-là qui échouent à l’examen du brevet d’étude du premier cycle, à l’examen du baccalauréat, qui s’orientent dans les écoles professionnelles. Et, ironie du sort, dans les écoles techniques et professionnelles, on fait 84% de taux de réussite… Mais, comment ceux qui ont échoué à l’enseignement pré-universitaire peuvent avoir 84% de taux de réussite à l’examen de sortie dans les écoles techniques et professionnelles ? C’est incohérent », a dit Michel Pépé Balamou.

S’agissant de l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et l’innovation, le secrétaire général du SNE a évoqué sa plus grande déception.

« Au niveau de l’enseignement supérieur, où le bas blesse ? C’est vrai que le président est à féliciter par rapport à l’augmentation de la bourse d’entretien des étudiants. C’est une avancée majeure, mais insuffisante dans la qualification de l’enseignement supérieur en République de Guinée. Il était question de construire des foyers, des cités universitaires. Aujourd’hui, les étudiants sont livrés à la prostitution, les filles dans leur écrasante majorité. Les étudiants sont livrés aux activités du secteur tertiaire comme les mototaxis, parce qu’ils ne savent pas comment se loger… Au lieu d’augmenter les pécules, on pouvait former ces étudiants à l’entrepreneuriat, à l’esprit d’entreprise,  à l’esprit de la créativité pour qu’eux-mêmes soient capables, en tant qu’étudiants, à monter des projets, des activités génératrices de revenus leur permettant de rester non seulement à l’université pour pouvoir se prendre en charge ; et, lorsqu’ils sortent de nos institutions d’enseignement supérieur, des centres de recherche scientifique, qu’ils ne disent pas obligatoirement il faut que je sois à la fonction publique pour être vraiment heureux. La fonction publique, c’est un salaire de 2 millions, 3 millions ; alors que celui qui fait l’entrepreneuriat, le management, le business et autres reçoit plus qu’un fonctionnaire… L’autre problème très important, c’est lorsque la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation dit que tous ceux qui ont 14 jusqu’à 12 de moyenne vont être orientés en télécommunications, en journalisme, en Droit. Ça veut que ceux qui ont 10 et 11 vont être orientés dans les ENI et l’ISSEG, alors que c’est là où on doit former les enseignants. Donc, là où on doit former les enseignants, je pense que c’est là-bas qu’il faut les meilleurs. Ceux qui ont 14 de moyenne, 15 de moyenne jusqu’à 12 de moyenne devraient être orientés à l’ISSEG et dans les ENI, puisque ceux-là sont chargés de venir enseigner les enfants de la République. Si réellement l’éducation est une priorité, il faut faire en sorte que ceux qui vont vers les options liées à la profession d’enseignants soient ceux-là qui ont des moyennes très élevées à l’examen du baccalauréat. En le faisant, on aidera plus le système. Mais, à l’allure où vont les choses, nous comprenons que dans la plus grande majorité des cas, ce sont des discours des effets d’annonces des 3 ministres en charge de l’éducation. Ils font une autopromotion, communiquent sur eux-mêmes et cherchent à se faire valoir auprès du président pour dire qu’ils existent, qu’ils sont en train de travailler ; alors que ce qu’ils sont en train de faire relève du domaine des réformes conjoncturelles. L’éducation a besoin de réformes structurelles », a indiqué Michel Pépé Balamou, tout en émettant le souhait de voir enfin créer le statut particulier des enseignants.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622561182

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