Conakry : validation d’une étude sur la gouvernance foncière et environnementale en Basse Guinée

L’atelier de validation de l’étude de référence du projet pour la gouvernance foncière et environnementale responsable en Basse Guinée s’est tenu ce jeudi, 15 septembre 2022, à Conakry. Organisée par l’ONU Habitat, cette rencontre a pour but de revoir les résultats des enquêtes menées sur le terrain, les analyses qui en ont découlé et les propositions faites par des chercheurs de l’université de Kindia afin de valider la présente étude. La rencontre a réuni les équipes de l’ONU Habitat, de la Primature, des cadres du ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, du ministère des Mines et de la Géologie, ainsi que du ministère de l’Environnement et du développement durable (entre autres), rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché sur place.

Le projet pour la gouvernance foncière et environnementale responsable en Basse Guinée couvre les préfectures de Coyah, Forécariah, Dubréka, Boffa et Boké. Il est financé par le fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix et mis en œuvre par l’ONU Habitat, le PNUD (programme des Nations-Unies pour le développement) et l’ONG ACORD (Agence de coopération de recherche pour le développement). Et, selon madame Gwendoline Mennetrier, la Coordinatrice des programmes à l’ONU Habitat, ce projet devrait permettre de doter l’Etat guinéen et les communautés d’instruments leur permettant de mieux gérer l’accès aux sols dans la région de la Basse Guinée.

Gwendoline Mennetrier, coordinatrice projet ONU Habitat

« Le projet touche du doigt l’ensemble des conflits qui tournent autour de l’accessibilité à la terre, l’usage des terres, les conflits entre les communautés, les conflits entre les agriculteurs et les éleveurs avec le secteur extractif qui conduisent parfois à un certain nombre de déplacements des populations. Et puis, le projet touche aussi du doigt les conflits qui sont liés à l’occupation des emprises publiques en milieu urbain et en milieu périurbain. Et donc, il va s’attaquer à l’ensemble des ces problématiques en essayant de doter les autorités, mais aussi les communautés, d’instruments qui leur permettraient de mieux gérer l’accès aux sols de manière plus pacifique et aussi plus rationnelle », a expliqué Mme Gwendoline Mennetrier.

Pour parvenir à ce résultat, des mécanismes de concertations et de dialogues sont en train d’être mis en place entre les habitants, les sages, les autorités religieuses, les collectivités locales, le secteur privé et les services techniques qui travaillent sur la gestion foncière. Ainsi, la rencontre de ce jeudi va permettre d’échanger autour des perceptions recueillies sur les différentes problématiques autour des conflits qui surgissent dans les zones touchées par l’étude de référence du projet pour la gouvernance foncière et environnementale responsable en Basse Guinée.

« Par rapport aux différentes problématiques du projet, il y a de vastes enquêtes qui ont été menées dans les cinq (5) localités. Il y a à peu près mille (1 000) personnes qui ont été enquêtées sur la question de l’accès à la terre et les conflits relatifs. Donc, aujourd’hui, on va discuter de ces perceptions auprès des communautés, mais aussi des perceptions des autorités par rapport à ces questions. Ce qui nous permettra de savoir où est-ce qu’on en est aujourd’hui et d’évaluer à la fin du projet où on en sera. Quel progrès on aura fait ? Donc, aujourd’hui, on se fixe nos ambitions pour un peu nous auto-évaluer à la fin du projet. Et, parallèlement, on a commencé à dérouler l’ensemble des activités, que ce soit au niveau d’analyse beaucoup plus poussée sur la question des conflits, sur la question aussi des déguerpissements, sur la mise en place d’un certain nombre de cadres de concertations communautaires dans ces localités. Sur aussi la cartographie des espaces qui sont dégradés suite au travail d’extraction et qui nous permettent d’identifier un certain nombre d’espaces qui pourraient être restaurés et aussi générer des ressources pour les générations », a indiqué la Coordinatrice des programmes à l’ONU Habitat.

Pour sa part, Ibrahima Sory Diallo, le Directeur Général du Bureau de Stratégie et du Développement du Ministère de l’Habitat et point focal de ce projet, a loué son importance, notamment pour les populations de la Basse Côte, d’autant plus que cette région attire à la fois les sociétés minières et d’autres populations qui viennent s’y installer.

Ibrahima Sory Diallo, Directeur Général du Bureau de stratégie du ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire

« Ce projet a des enjeux importants. Nous connaissons les nombreux problèmes liés au foncier et à l’environnement dans notre pays. Plusieurs conflits sont enregistrés dans le cadre de l’acquisition ou d’héritage du foncier. Vous savez également que l’exploitation des sociétés minières entraîne souvent des effets négatifs sur le foncier et sur l’environnement », a dit Directeur Général du BSD du ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire.

Plus loin, monsieur Diallo a rappelé que son département a intérêt tout particulier sur la réalisation de ce projet : « cette question constitue une vraie préoccupation au sein de notre ministère d’autant plus que la sécurisation et la digitalisation du cadastre foncier constitue l’un des objectifs prioritaires assignés au département par la lettre de mission du Premier ministre ».

Pour terminer, Ibrahima Sory Diallo a invité l’ensemble des partenaires techniques et financiers, ainsi que les points focaux des ministères concernés à mieux s’impliquer pour la bonne réussite de ce projet qui a déjà enregistré du retard au démarrage.

De son côté, Fassou Théa, le conseiller chargé du développement durable et maritime à la Primature, a salué ce projet qui permettra de prévenir et d’atténuer les conflits.

Fassou Théa, conseiller à la Primature

« Pour moi, quand on parle de gouvernance foncière, on est en lien avec ce qu’on appelle biens communs, qui sont les ressources naturelles que la nature nous a légués. Donc, les biens communs se caractérisent par plusieurs choses, par la non-exclusion. Et, comme disait l’autre : un bien commun en libre accès nous emmène à la ruine. Et, de nos jours, avec le partage des ressources naturelles sur lesquelles la survie des populations est basée, les conflits naissent chaque jour. Donc, le gouvernement qui a engagé sa politique de refondation, qui consiste à rétablir l’équité, la justice, la bonne gouvernance, est beaucoup plus intéressé et voit qu’il y a beaucoup d’attentes non seulement du côté des gouvernants, mais aussi des gouvernés dans ce projet. Un outil de gouvernance mis à la disposition, et d’ailleurs un outil de prévoyance et d’atténuation des conflits à l’amont, parce que ça permet à chaque usager des ressources naturelles et à chaque acteur de connaître ses droits et de comment réclamer ses droits. Donc, c’est un outil d’apaisement », a indiqué Fassou Théa.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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