An 64 de la Guinée : le bilan mi-figue mi-raisin de la presse, selon Alpha Kabinet Doumbouya

La Guinée s’apprête à célébrer l’an 64 de son accession à l’indépendance le 02 octobre prochain. Les médias de notre pays ont fait du chemin depuis l’accession à l’indépendance, avec des hauts et des bas. Pour parler des péripéties des médias guinéens de cette date à nos jours, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Alpha Kabinet Doumbouya, journaliste, formateur, conseiller au niveau des médias, ancien Directeur général de l’Agence guinéenne de presse (AGP).

Décryptage !

Guineematin.com : dans moins de 48 heures, la Guinée va célébrer ses 64 ans d’indépendance. Vous êtes un ancien journaliste, un ancien de la Radiotélévision guinéenne (RTG). De quel œil regardez-vous les journalistes et l’évolution des médias de notre pays ?

Alpha Kabinet Doumbouya : Je voudrais d’abord saluer la presse nationale, la corporation que nous avons aimée de toute notre vie. Je voulais aussi rectifier, il n’y a pas d’anciens journalistes. Le journaliste, c’est un peu le contraire d’une belle femme qui est convoitée par le monde entier pendant sa jeunesse, avec toute sa beauté requise. Plus elle vieillit, plus elle a moins de convoitise. Cependant, le journaliste, à ses débuts, manquerait de toute la performance requise. Mais plus il vieillit, sur la base de l’expérience et du Background, il devient mûr et il devient le plus convoité. On nous a dit dans la salle de rédaction que ce métier ne nourrit pas son homme, mais comme dirait l’autre dans la Bible, tu vivras de la sueur de ton front. Le bon journaliste a toujours bien vécu, le bon journaliste a fait le tour du monde. Le bon journaliste s’est assis à la même loge que les grandes personnalités du monde. C’est pourquoi je dis que, plus on vieillit, plus on devient mûr, admirable et apprécié. Si on est resté dans le cadre du journalisme, c’est-à-dire le professionnalisme, l’éthique et la déontologie, la curiosité, l’innovation et l’excellence dans le travail. Je profite de ce 2 octobre qui arrive pour dire bonne fête à l’ensemble des journalistes de la Guinée. La presse guinéenne a son histoire que je vais découper en quatre étapes : la période coloniale, la période des indépendances, la période de la démocratie et la période de la révolution numérique.

La période coloniale s’est surtout basée sur la voix de son maître, c’est à dire l’influence de la métropole pour véhiculer les informations qui se situent dans l’intérêt exclusif de l’homme blanc, du colonisateur, de la métropole, du pays. Mais en regardant chez les autres, on peut aussi tirer les leçons du bien-être. C’est ce qui a amené la première génération de journalistes à s’illustrer dans le combat pour le respect des droits humains. Vous entendrez parler de la négritude. Vous entendrez parler de la liberté d’expression. Vous entendrez parler de la personnalité africaine. En Guinée particulièrement, nous avons eu des médias qui ont fait des moments de gloire. C’est le coup de bambou. Plus tard, le journal Liberté, qui est devenu dans la deuxième période après l’indépendance, le journal auréolé de la période de l’indépendance. Les médias étaient pratiquement à leur nouvelle expérience, c’est-à-dire traduire les préoccupations de la population, traduire la voix des sans voix sur les réalités locales face aux gouvernants. À l’époque, il n’y avait que le journal et la radio diffusion nationale qu’on appelait la Voix de la révolution, qui a créé une ambiance d’excellence au sein de ceux qui ont opté pour ce métier. Malheureusement, les pionniers de cette presse n’ont pas fréquenté une école de journalisme. Vous n’en citerez pas plus de trois. Il se trouve que ce sont des hommes qui ont eu une bonne formation à la base, le français étant la langue officielle du travail.

À l’époque, la Guinée n’avait-elle pas une école de journalisme ?

La Guinée était loin d’avoir une école de journalisme. La préoccupation de la Guinée à l’époque, c’était l’affirmation de l’homme africain dans le concert des nations. Mais qu’à cela ne tienne, le père de l’indépendance, Ahmed Sékou Touré, paix à son âme, était lui-même un journaliste en sa manière à ce que le journalisme repose sur l’expression des idées, l’interprétation de la volonté politique. À cette époque, on se situe dans le contexte de la volonté politique des Guinéens. Donc, sur le plan de la parole, Sékou Touré a apporté une grande contribution, si ce n’est à son image, que ces pionniers de la presse ont exercé en avant de la révolution. Il y avait la radio banane. Ça appartient à la période coloniale. C’était une radio dont le siège se trouve à l’actuelle DPJ. C’était juste une radio qui annonçait l’arrivée du train pour le convoi des bananes. Donc, nous revenons dans la période des indépendances. Il y a eu d’excellents journalistes en République de Guinée. Je citerai le doyen Elhadj Alpha Ibrahima Mongo Diallo. Je citerai le doyen militant Émile Ton Papa, Emmanuel Kati et bien d’autres. Je m’excuse aussi si ma mémoire ne me permet pas de me rappeler de certains noms. Et nous avons grandi avec cet écho de ces belles voix, de ces grandes personnalités qui se faisaient remarquer dans le tas. Moi, j’appartiens à la catégorie intermédiaire des journalistes en Guinée. Très tôt, nous avons eu la passion de faire comme ces aînés parce que la radio était l’accompagnateur de tous les citoyens. À l’époque, la radio avait la vocation d’éduquer, d’informer et de former les militants. Et je pense que cette mission a été bien accomplie, même si la presse, sa mission principale consiste à la collecte, au traitement et à la diffusion de l’information. Vous avez dit que si la Guinée n’avait pas une école de journalisme, je dis non. Mais la Guinée avait un partenariat avec la presse internationale. C’est le cas de l’AFP, c’est le cas de Novosti Press, la presse soviétique. C’est le cas de Granma, le journal de Cuba. C’était la guerre froide. Donc, lorsque le 2 octobre 1958, la Guinée obtient son indépendance. On était obligé de rester dans le camp du bloc socialiste. Donc la Guinée a eu l’accompagnement, l’aide des pays comme Cuba, comme la Chine, comme l’U.R.S. S, l’actuelle Russie comme la Bulgarie, la Corée du Nord et beaucoup d’autres pays africains comme le Ghana. Donc, nous avons réussi ce combat pour l’affirmation de la personnalité de l’homme africain. Les programmes de la voix de la révolution, c’étaient des programmes sincèrement qui rentraient dans le cadre de l’éducation de la population. À notre arrivée en 1988, nous avons trouvé la même grille des programmes, dix ans, 20 ans après. Nous avons tenté de changer un peu la grille des programmes, mais on n’a pas réussi. Même l’indicatif que les aînés ont pu choisir pour telle ou telle émission, les génériques, sincèrement, il faut être de mauvaise foi pour les changer.

Est-ce que ça a été la même vocation au temps de la Révolution à votre temps ?

Nous sommes une génération intermédiaire. Nous sommes arrivés juste après la mort de Sékou Touré. La voix de la révolution avait changé de nom. C’était devenu la radiotélévision guinéenne, la RTG. Mais avant cela, en 1977, avec la coopération libyenne, Kadhafi nous a aidés à avoir notre télévision. Donc, à ce niveau également, les gens ont eu une bonne formation. J’allais oublier l’Allemagne démocratique où beaucoup de journalistes plus tard ont fait la main. Les premiers journalistes de la télévision ont été formés en Libye. Il y avait même des femmes camera Women qui se sont illustrées par la qualité du travail. Donc, dire que c’était la même vocation, je dis Oui. D’une part, parce que nous avons appris à respecter la ligne éditoriale. Nous avons appris à être responsable, une presse de développement. Nous avons appris à être le témoin immédiat de l’histoire de notre pays et nous avons eu le courage, contrairement peut être à nos devanciers, de dire crûment certaines choses à travers les émissions. Le journal parlé, grâce au service des reportages qui a été longtemps dirigé d’ailleurs par l’actuel président de la Haute autorité de communication Boubacar Yacine DIALLO, il y a eu bien d’autres reporters de talent Almamy Laye Soumah, paix á son âme, Abdourahmane Diallo DZ, qui est devenu plus tard un rédacteur en chef. Nous avons eu des aînés comme Mohamed Lamine Cherif, Aldo Moro qui est revenu après la mort de Sékou Touré. Il a été suspendu parce que tout simplement, il aurait dit Lansana Béavogui chef du gouvernement, alors que Lansana Béavogui était le Premier ministre. Rien que pour cette petite erreur sur la voix de la révolution, il a été suspendu. C’était, je crois, pendant la crise entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, lorsque Lansana Béavogui, lorsqu’il est descendu de l’avion en Côte d’Ivoire. Et il devrait continuer sur Conakry. Mais le climat ne permettait pas de continuer le voyage. Ils ont atterri à Abidjan et il se trouvait que certains Ivoiriens avaient des ennuis avec la révolution. Donc, ils ont été arrêtés. Pour annoncer cette information lorsqu’il a été libéré après la médiation de l’OUA et ainsi de suite, Sékou Touré avait cédé. Et il a dit juste Lansana Béavogui, chef du gouvernement. Il a été suspendu, interdit de l’antenne. C’est après la mort de Sékou Touré, quand la RTG a été lancée, qu’Aldo Moro est revenu. Et il fut mon maître de stage pour la formation parce que déjà en 1986, nous nous étions déjà envoyés à la RTG comme stagiaire. Mais d’ici là, on était familier avec ces aînés. On venait par curiosité parce que ce métier aussi, c’est la passion. On venait à la voie de la révolution comme pionniers pour présenter le récital, pour chanter les chansons révolutionnaires aux pontes du mouvement des pionniers…

La presse guinéenne a aussi connu ses heures de gloire ?

Oui bien sûr. Elle a eu ses moments de gloire. D’abord, le journaliste était vu comme un homme extraordinaire, aimé, adulé, respecté de tout le monde. Il était craint parce qu’il avait la voix qu’il portait auprès des gouvernés. Il était une courroie de transmission qui ne disait que l’essentiel sur la vie de la population. Le journaliste était responsable, le journaliste avait la patrie dans la peau. Je me rappelle, lorsque la Guinée a été agressée le 22 novembre 70, des journalistes comme Oumar Diabaté qui disait que les chiens aboient, la caravane passe. Quel est le titre d’un éditorial qui m’a d’ailleurs fait peur, l’innocence faisait que je pensais que le Portugal, c’était derrière la mer à Casa. Et j’ai dit, mais si la radio n’arrête pas de traiter les gens de chiens, ils vont nous attaquer encore. J’ai eu des petites psychoses, mais ce sont des aînés qu’on a vraiment aimés. Et ce qui se disait à la radio, c’était comme la voix de la Bible ou du Coran. C’est comme ça, le guinéen formaté jusqu’à maintenant. Quand vous dites quelque chose, le Guinéen, sa première réaction te demande est ce que c’est à la radio que vous l’avez entendu ? Et Sékou Touré, qui était un Démosthène à sa façon, un homme prolixe, un homme qui avait la joute verbale, Il le tenait en haleine non seulement le peuple de Guinée, mais aussi l’Afrique. Vous êtes étonnés de savoir que les Sénégalais qui écoutaient la voix de la Révolution, qui reprenaient quelques extraits du discours d’Ahmed Sékou Touré, etc. Donc la radio était un instrument non seulement de développement, d’éducation, de formation et d’information.

Vous êtes le pont entre les anciens et la nouvelle génération. Aujourd’hui, quelle est la vision que vous avez de cette nouvelle génération de journalistes ? Est ce qu’il y a eu des évolutions ? Est-ce que c’est toujours la même vocation ?

La troisième période que je voudrais évoquer, c’est la période de la démocratie. Sékou Touré est décédé et Lansana Conté vient au pouvoir en 1984 avec quelques conditionnalités que l’Occident nous a imposées. Le sommet de La Baule. On est rentré dans la démocratisation de nos politiques en Afrique. Alors, il était bien vrai que la presse devrait se replacer dans le contexte nouveau, c’est à dire la démocratie et les médias, la liberté d’expression, le respect des droits humains, l’interprétation des soucis par rapport au développement, la dénonciation des tares. Et c’est à cette époque que la presse guinéenne encore a eu les bras libres pour durcir le ton pour que la Guinée aille mieux. Au départ, c’était bien. Comme on dit que l’état de santé d’une presse s’apprécie par la santé de la démocratie, il y a eu des moments de gloire à cette époque. Les premières radios sont nées, les premières télévisions sont venues, les écoles de journalisme ont été créées, il y a eu ouverture. La guerre froide était terminée. C’était la mondialisation. Après, on pensait que le journaliste, c’est quelqu’un qui est tout permis, alors que c’est faux. Le journaliste répond à ces questions : qui a fait quoi ? Où, quand, comment et pourquoi ? Et c’est dans ça que nous respectons la déontologie. C’est dans ça que nous avons l’éthique de façon vulgaire. On dit que chacun est ambassadeur de sa famille. On vient au journalisme avec son éducation, l’éducation des parents, l’éducation de l’école et quand on est dans la vie active, on est devenu journaliste. On est dans l’éducation de la vie, de la société. Ce n’est pas parce que vous avez la chance de parler dans une radio ou de paraître sur une télévision que vous allez manquer de respect à la dignité humaine. On dira que c’est exagéré en le disant ainsi, mais c’est impardonnable à partir du moment où les écoles de journalisme ont été créées. Le marché de l’emploi a déversé beaucoup de personnes sur le terrain des médias. Le recrutement a été fait. C’est à ce niveau que l’Etat a un peu fléchi. On est trop humain pour être parfait. Les journalistes qui sont venus avec la fougue, avec l’enthousiasme de parler, d’écrire, ils n’ont pas été confrontés à la rigueur de l’Etat. Vous constaterez qu’après les premières télévisions où le cahier des charges était respecté, où les télévisions communautaires, ou radios communautaires ou radios commerciales, dix ans après, c’était devenu du fourre-tout. Les radios commerciales sont devenues du n’importe quoi. Il y avait l’amalgame entre le commercial et le communautaire. Le cahier des charges a été violé. Les sites sont arrivés plus tard. Tu vas chez le procureur contre 5 000 francs guinéens, tu achètes le timbre et demain tu es chef d’entreprise, tu crées ton site. On a fermé les yeux sur les premiers comportements qui allaient fragiliser plus tard la presse. Et aujourd’hui, la conséquence s’éclate à nos visages.

Vous avez tout à l’heure dit dans votre intervention que le journalisme, ce métier ne nourrit pas son homme. Est-ce que vous avez toujours la même façon de voir les choses ? Parce que beaucoup disent que cette assertion ou cette idée est vraiment révolue…

C’est ça le péché malin de la nouvelle génération. Vous voulez, certains jeunes veulent avoir tout de suite le gain facile, avoir sa maison, avoir sa voiture. Et si c’est cela le journalisme, je dirais que nous avons perdu notre temps. On a perdu la chance de l’époque. Mais, regardez les footballeurs. Quand tu parles de Messi aujourd’hui, tu connais son salaire. Qui dira que Messi a été meilleur que N’Zoéla de Guinée ? Qui dira que Sadio Mané a été meilleur que Calva, que Tostao et ainsi de suite ? C’est des gens qui ont fait la gloire de la Guinée en football, mais ils le faisaient au nom de la patrie. Ils n’avaient même pas de salaire. Alors le monde évolue, aujourd’hui dire que le journalisme ne nourrit pas son homme ou nourrit son homme, moi ma conviction, elle est claire. J’ai eu des chances dans ce métier qui sont restées ou qui resteront pour moi comme de gloire, plus que de l’or. J’ai serré la main du pape Jean-Paul II ici au Palais du peuple. J’ai vu le mur de Berlin avant sa chute. J’ai dormi dans les plus grands hôtels pour vous faire rire. La première fois que je suis allé en Allemagne, l’hôtel, je descendais avec ma valise. Le taximan prend ma valise en bas. Il fait rentrer et la première question que le blanc que j’ai rencontré me demande, si mon père est ministre en Afrique. J’ai dit que je suis journaliste. Le drap était tellement blanc, le drap de ma chambre, c’était tellement blanc. La nuit, je me suis couché sur le tapis. Je n’ai pas osé me coucher sur le drap. C’est l’hôtel réservé pour les chefs d’État. Quand on arrivait, il y avait le président du Pakistan qui était à cet hôtel contre un franc. J’ai fait quatre fois La Mecque. J’ai touché la Kabaa trois fois, au compte de l’OCI. Aujourd’hui, pour que quelqu’un aille à la Mecque, il paye 60 millions. J’ai mangé le jour de la fête mon premier pèlerinage avec le roi de La Mecque. J’ai vu des chefs d’Etats africains le 9 septembre 1999 à Syrte, le sommet de l’OUA que la Libye a abrité sous le magistère de Kadhafi. Sur le plan local, j’ai été le premier, j’ai été primé meilleur reporter pour la couverture des premières législatives en Guinée avec le premier président du CNC, qui n’est pas n’importe qui. Un journaliste guinéen vous dira qu’il a été l’un des meilleurs journalistes, j’étais surpris. C’est à zéro degré. Après la mission que le CNC m’a décerné le prix du meilleur reporter pour la couverture des législatives en Guinée, j’ai été rédacteur en chef de la radio nationale pendant huit ans. J’ai été directeur général de la RTG, directeur national des services de l’information, après directeur général de la RTG, directeur de l’Agence guinéenne de presse. Si ce n’est pas un guide, une agence de presse, c’est la porte, c’est le portail de l’information et c’est pourquoi je vous le placerai.

Vous évoquez l’Agence guinéenne de presse (AGP) que vous avez dirigée à un moment. Comment se porte-t-elle ? On a l’impression qu’on privilégie la RTG ?

L’Agence guinéenne de presse est complètement abandonnée parce que les décideurs, peut-être, ne mesurent pas l’importance de ce média. On se focalise sur la radio et la télévision. Les tares du côté de l’Etat, c’est encore l’immersion ou l’interférence dans le traitement de l’information dans nos médias. La radiotélévision guinéenne n’est pas une radio de l’Etat, ce n’est pas une radio du gouvernement, c’est la radio du public, c’est l’argent du contribuable guinéen qui est investi pour entretenir ou pour payer le salaire de ceux qui travaillent à la RTG. Je ne comprends pas avec le vent de la démocratie, au moment où il nous a été dit de tout dire, de ne pas hésiter, de traiter l’information comme telle en répondant aux six questions, qu’en ce moment, le journaliste des médias publics se fait l’autocensure ou vous dites ce qui plaît à l’oreille du président ou du ministre, ou alors vous êtes éjecté. J’en ai été victime. Je prends ça comme les risques du métier mais c’est un combat noble qu’il faut mener parce que la presse, c’est le premier pouvoir qui accepte de se positionner à la quatrième place pour servir la nation en tant que courroie de transmission entre les gouvernants et les gouvernés. Démissionner, c’est encourager la dictature. C’est désolant aujourd’hui de savoir que ce petit monde est truffé de journalistes mal formés, de journalistes qui aiment rouler les R croyant que pour parler le français, il ne faut pas être naturel. Des journalistes qui sont sans conscience, qui courent après l’argent et qui défient ceux qui nous volent. La première fois qu’on a eu la chance de dénoncer la corruption en Guinée, l’argent détourné ne faisait même pas 200 millions de francs guinéens. Un scandale financier au ministère des Finances. Mais il fallait voir les titres qu’on annonçait, la moralisation de la chose publique à scandale au ministère des Finances 200 millions de francs guinéens. Aujourd’hui, c’est le prix du carburant pour certains, ça veut dire que le monde évolue à la phase de la révolution numérique, on doit être plus responsable parce qu’il nous a été dit pendant notre formation que dans les médias, tant qu’on ne te demande pas pourquoi tu as fait ça, tu es tranquille et pense, estime toi heureux, parce que tu as rendu un bon service, mais le jour où on t’appelle pour te demander qui t’a dit de dire ça ? En ce moment, tu es en conflit avec les règles du métier. Il y a trop de dérives. Quel héritage allons-nous laisser à notre génération, à la génération montante ? Quel héritage le politique va laisser à la nouvelle génération ? Quel héritage les journalistes vont laisser ? Ce n’est pas le cas de la Guinée seulement. Je suis déçu aujourd’hui de voir le mauvais traitement de l’information ou une prise de position de la part de ces grands noms à travers le monde. Des journaux qui ont marqué leur temps et qui sont devenus aujourd’hui des foutoirs. Et vous le constatez par la réaction des bonnes personnes qui disent que tel journal ne représente rien. Nous devons l’éviter. Il y en a qui vont jusqu’à parler de la mort de la presse écrite, mais ce n’est pas normal. La presse écrite également, à l’image de l’agence, c’est un trésor pour une nation. Tout ce que nous disons à la radio, peut être que c’est enregistrer tout ce que nous disons à la télévision, c’est enregistré. Mais le journal papier, 50 ans après le journaliste, le chercheur peut sortir un article et faire revenir une réalité qui a trompé des générations et des générations et sortir la vérité. Alors les décideurs doivent savoir que la presse aujourd’hui, c’est beaucoup de dépenses, mais ils doivent accepter de mettre la main à la poche pour accompagner la presse et être rigoureux aussi. Nettoyer ce milieu, celui qui ne le mérite pas, qu’il soit écarté pour ne pas salir le reste de la corporation.

Un dernier mot ?

Merci à vous. Ça a été un moment de plaisir pour moi de me retremper dans les dédales du passé et peut être que j’ai oublié certains aspects, ou alors j’ai heurté la sensibilité de certains cœurs sensibles. Oh, on s’en excuse, On est rigoureux avec nous-mêmes et nous le serons. Et nous prions Dieu que notre vocation ne change pas pour que vive ce métier que nous avons aimé tant.

Entretien réalisé par Djénabou Diallo pour Guineematin.com

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