Affaire école primaire Matam 2 : le maire (Ismaël Condé) et son adjoint (Badra Koné) trimballent la famille Soumah au TPI de Mafanco

Neuf (9) personnes, dont 3 femmes, sont jugés au tribunal de Mafanco pour violences, voies de faits d’injures, détention et consommation de stupéfiants. Les plaignants dans cette affaire sont Ismaël Condé et Badra Koné, respectivement maire et vice maire de la commune de Matam. A la barre, les prévenus ont nié, a constaté un reporter que Guineematin.com avait dépêché au tribunal hier, lundi 17 octobre 2022.

Les prévenus dans cette affaire sont : Abdoulaye Cissé, Mohamed Camara, Ismaël Camara, Mamadou Diallo, Amadou Soumah, Kadiatou Soumah, Mam Aissata Soumah, Yalikha Touré et M’Hawa Soumah. Ils ont été interpellés au secteur Gabon de Matam par des agents de la gendarmerie de Yimbaya au début du mois de septembre dernier. Certains, dans l’enceinte de l’école primaire de Matam 2, et autour de l’école pour d’autres.

Selon les informations recueillies par Guineematin.com, cette école est au centre d’un litige entre la famille Soumah et la mairie de Matam. A la barre, certains prévenus ont nié les faits qui leur sont reprochés.

Abdoulaye Cissé, le plus jeune des prévenus, explique avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment. « Ce jour, j’étais allé jouer à un match de gala, à mon retour à, 19 heures, j’ai décidé d’aller saluer un ami qui habitait à Matam là-bas. Arrivé dans leur concession, j’ai demandé à sa tante qui m’a dit que mon ami serait allé pour une commission. De là, j’ai acheté un plat d’achtiéké. C’est en mangeant ce plat que les forces de l’ordre sont descendues sur les lieux. La petite fille avec laquelle je mangeais a fui, ils sont venus m’attraper avant de me conduire à leur siège ».

Interrogé, Mohamed Camara, menuisier de son état, soutient avoir été mis aux arrêts pendant qu’il mangeait. « Je revenais du service quand j’ai décidé de passer voir les parents à Matam quartier. C’est là-bas que je me suis acheté un plat d’haricot au bord de la route. En mangeant, j’ai entendu les gens dire : les militaires, les militaires… c’est ainsi que les gens ont commencé à s’enfuir. En ce moment, moi je rinçais mes mains. Mais comme ce n’est pas mon quartier, moi je n’ai pas pu courir. C’est ainsi qu’un agent est venu vers moi et m’a demandé de le suivre dans le pick-up, je les ai suivis. C’est dans les environs de 20 heures ».

Pour sa part, Mamadou Diallo, ouvrier, explique qu’il a été arrêté devant l’école primaire en litige pendant qu’il travaillait dans un chantier. « C’est mon ami qui m’a invité à travailler dans un chantier. C’était pour acheminer les briques à l’étage. C’est en travaillant là-bas sur ce chantier que j’ai vu un pick-up de la gendarmerie sortir derrière moi. J’avais reculé pour pouvoir parler à mon ami qui était à l’étage, donc j’étais presque adossé à la clôture de l’école en litige. Moi-même je ne savais pas qu’il y avait problème là-bas. Ils m’ont pris et m’ont embarqué dans leur pick-up. C’était un vendredi pendant la journée au secteur Gabon, à Matam ».

Amara Soumah, journaliste et membre de la famille qui revendique l’école de Matam

De son côté, Amadou Soumah, journaliste au quotidien national Horoya et membre de la famille opposée à la mairie, soutient que c’est plutôt sa famille qui a été attaquée et violentée par les agents de la brigade de recherche de Matam, en compagnie du maire Ismaël CONDÉ. « Moi, j’ai été interpellé le vendredi matin, 2 septembre avec mes sœurs. J’étais sorti quand mes sœurs m’ont dit qu’il y a des agents qui sont venus encercler la maison. Du coup, je me suis rendu à la maison, j’ai trouvé sur place le maire, Ismaël Condé, le secrétaire fédéral de l’UFDG à Matam, Sorya Bangoura, et le commandant de la brigade de recherche, Aly Badra Sylla. Je me suis adressé au commandant pour savoir pourquoi ils ont envoyé leurs hommes pour menacer ma famille. À trois (3) reprises, je lui ai posé cette question sans réponse. Il a continué son chemin. Du coup, j’ai appelé un magistrat au tribunal de Mafanco qui m’a demandé de ne rien dire, de venir au tribunal. Je suis rentré dans ma chambre pour m’habiller pour aller au tribunal. Entre-temps, ils ont jeté le gaz lacrymogène dans notre cour et ils sont venus prendre mes sœurs par les cheveux pour certaines et d’autres ont été traînées par leurs pieds en proférant des injures contre elles. Il y a un agent qui m’a indexé, demandant de m’arrêter en disant : c’est lui le journaliste, embarquez-le. L’école dont il est question est la propriété de nos grands-parents. L’école qui n’a pas de direction, qui n’a pas de mât encore moins de toilettes. Est-ce une école ça ? Elle fait partie de notre concession », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que « ni moi ni mes sœurs n’ont insulté le maire que je connais ».

Abondant dans le même sens que son frère aîné, Kadiatou Soumah a également soutenu qu’elles ont été envahies par le maire et sa suite, y compris les gendarmes, pendant qu’elle se préparait pour aller au travail. « Ce sont eux qui nous ont insultés et violentés avant de nous embarquer dans leur pick-up. Notre frère nous a interdit d’insulter qui que ce soit parce que cette affaire d’école est pendante devant la justice. Quand les agents nous ont insultés, c’est mon frère qui a remboursé pour nous. Moi, je n’ai insulté personne parmi eux à plus forte raison porter main sur quelqu’un », a déclaré Kadiatou Soumah.

Le tribunal a renvoyé l’affaire au 24 octobre 2022 pour la suite de l’interrogatoire des prévenus.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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