Affaire 200 milliards de francs de la BNIG : la CRIEF va-t-elle libérer l’ex DG, Alpha Mohamed Kallo ?

Alpha Mohamed Kallo, ex Directeur Général de la Banque Nationale d'Investissement de Guinée

Le dossier ministère public contre Alpha Mohamed Kallo et plusieurs autres de ses collaborateurs a été appelé hier, jeudi 1er novembre 2022, à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’ancien Directeur général de la Banque nationale d’investissement de Guinée (BNIG) et ses compagnons d’infortune sont jugés devant cette juridiction pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, faux et usage de faux en écriture publique, atteinte à la liberté d’accès et d’égalité des candidats dans les marchés publics et corruption, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les personnes poursuivies dans cette affaire sont : Alpha Mohamed Kallo, ancien Directeur Général de la BNIG, Ibrahima Tounkara, son directeur de cabinet ; Salimatou Nabé, son comptable ; Ousmane Kallo, petit frère du DG de la BNIG et de la société INETKO.

Selon l’accusation, les faits reprochés à ces prévenus portent sur un montant total de 194 milliards 500 millions de francs guinéens, réparti en deux parties : la première s’élève à 75 milliards de francs guinéens et la deuxième à 119 milliards 500 millions de francs guinéens.

Selon les informations confiées à Guineematin.com, Alpha Mohamed Kallo est placé en détention préventive à la maison centrale depuis le 26 juillet 2022. Mais, deux ordonnances avaient été prises par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRFIE) en sa faveur. Il s’agit de l’ordonnance N°247 portant mise en liberté du prévenu et l’ordonnance N° 255 portant non prolongation de son mandat de dépôt.

Contre ces deux ordonnances prises par la chambre de contrôle de l’institution, le ministère public avait interjeté appel devant la chambre spéciale de contrôle de l’instruction. L’affaire avait été renvoyée à la date de ce jeudi, 1er décembre 2022 pour les débats sur cet appel du parquet spécial.

 A l’audience du jour, les débats ont effectivement eu lieu entre les parties devant le juge Ousmane SYLLA, assisté de Aboubacar Tiro CAMARA et d’Alpha CAMARA.

Le ministère public, représenté à cette audience par Lazare Mamady Bauret, a sollicité l’infirmation des deux ordonnances rendues par la chambre de l’instruction en faveur de monsieur Alpha Mohamed Kallo. Motif invoqué par le parquet ? Rien ne garantit qu’après sa sortie de la prison, il ne va pas s’enfuir, soutient le procureur. « Monsieur Alpha Mohamed Kallo a deux passeports différents, dont un guinéen et un autre français. Il a déposé le passeport guinéen, mais pas le deuxième qui est français. Monsieur Mohamed Kallo avait été interpellé à l’aéroport international de Conakry avec son passeport français pendant qu’il s’apprêtait à sortir du pays. Cependant, les faits à lui reprochés ne sont pas encore clarifiés », a-t-il rappelé.

Les avocats de la partie civile, qui défendent les intérêts de l’agence judiciaire de l’Etat, en l’occurrence Me Faya Gabriel Kamano et Me Pépé Antoine Lamah, ont appuyé le ministère public dans ses réquisitions en demandant de leur côté à la Cour d’infirmer les deux ordonnances de mise en liberté et de non prolongation de la détention de monsieur Alpha Mohamed Kallo. Ils ont également regretté la non-comparution des autres prévenus qui sont en liberté alors qu’ils sont poursuivis pour les mêmes faits.

Du côté des avocats de la défense, c’est un autre son de cloche. Me Santiba Kouyaté et maître Mohamed Lamine Conté ont plaidé l’irrecevabilité des appels contre les décisions prises par la chambre de l’instruction en faveur de leur client. Pour eux, la notification des appels contre ces décisions n’a pas été faite au prévenu et à ses avocats dans le délai imparti dans les dispositions de l’article 292 du code procédure pénale. « Puisqu’il y a eu non-respect des dispositions de cet article en n’ayant pas notifié les appels dans le délai, nous nous plaidons l’irrecevabilité des appels contre les ordonnances prises en faveur notre client », a rétorqué la défense.

La Cour a mis l’affaire en délibéré pour statuer sur les différentes demandes le 8 décembre 2022.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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