Affaire de faux médicaments à la CRIEF : le parquet demande de lourdes peines de prison contre les prévenus

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Après un plus de 7 mois de procès, les plaidoiries et réquisitions ont eu lieu hier, lundi 13 février 2023, dans le dossier opposant l’Etat guinéen à 18 personnes poursuivies devant la Cour de Répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour exercice illégal de la profession de pharmacien, usurpation de titre et de fonction et d’atteinte à la santé publique. Jusqu’à date, ne comparaissent dans cette affaire que deux prévenus : Mamadou Alpha Diallo et Alpha Amadou Barry.

Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé la condamnation des deux acolytes à deux et un an, respectivement. Pour les 16 autres, absents durant tout le procès, le procureur demande 3 ans d’emprisonnement contre eux, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Lors de la première audience, les 18 prévenus avaient comparu devant la chambre de jugement. Mais de la 2ème audience à nos jours, ils ont tous brillé par leur absence. Ce qui avait amené la Cour à décerner un mandat d’arrêt contre eux à la 3è audience.

Après l’émission de ce mandat, la Cour avait ordonné la main levée sur le mandat d’arrêt contre Mamadou Alpha Diallo et Alpha Amadou Barry, qui ont bien voulu comparaître libres devant la Cour. C’est ainsi que ces deux prévenus ont été entendus au fond dans cette affaire.

Les deux prévenus ont nié les faits au début ; mais au fil des débats, Alpha Amadou Barry a finalement avoué en disant qu’il les niait par peur. Par contre, Mamadou Alpha Diallo est resté sur sa position initiale en rejetant tout en bloc.

Pendant ce temps, leurs 16 autres co-prévenus continuent de briller par leur absence.

Lors de la précédente audience, la Cour avait mis fin aux débats et renvoyé cette affaire à la date de ce lundi, 13 février pour les plaidoiries et les réquisitions.

Dans ses plaidoiries, la partie civile, représentée par l’agent judiciaire de l’Etat, a dénoncé le laisser-aller que l’Etat guinéen a toujours permis dans cette affaire de faux médicaments. Les avocats ont relevé plusieurs irrégularités enregistrées dans la gestion de la présente affaire, de l’enquête préliminaire jusqu’au niveau du cabinet d’instruction. Après avoir rappelé les faits articulés contre les prévenus, Me Faya Gabriel Kamano a déclaré n’avoir rien contre Mamadou Alpha Diallo parce que pour lui, il n’y a aucune preuve contre ce dernier. Par contre, se fondant sur les déclarations d’Alpha Amadou Barry, qui a finalement reconnu les faits, l’avocat sollicite que la Cour le condamne au paiement de 5 milliards de francs guinéens à titre de dommage et intérêts. « Nous sollicitons qu’il vous plaise de rendre un jugement réputé contradictoire et condamner chacun des 16 autres en fuite, au paiement de 10 milliards de francs guinéens et ordonner le versement provisoire ».

Le ministère public, qui estime que les faits mis à la charge des prévenus sont établis, requiert des peines de prison ferme contre les deux prévenus qui ont toujours répondu présent, mais aussi aux 16 prévenus en fuite. « Monsieur le président, Mamadou Alpha DIALL0, Lamine KABA alias Loubama, Goffing Soumahoro, Sory CISSE, Mamadou DIALLO, Soualibou KONATE, CHERIF BARRY, Alpha Amadou BARRY, Mamadou Tanou BARRY, Abdoulaye DIALLO, Lancinet FOFANA, Elhadj Bakary SIDIBE, Abdoulaye DIALLO, Mamadou CHERIF, Sadou SOW, Elhadj Sanoussy DANSOKO, Ayouba SOUARE, Elhadj Sayon CAMARA tous des prévenus non détenus sont poursuivis par l’Etat guinéen devant la Cour de Répression des infractions économiques et financières CRIEF pour des faits présumés d’exercice illégal de la profession de pharmacien, usurpation de titre et de fonction et atteinte à la santé publique. Ici à la barre, devant votre auguste Cour, Mamadou Alpha Diallo a nié les faits à lui reprocher, alors qu’il les avait reconnus sans pression, ni torturés à l’enquête préliminaire. Il a déclaré avoir importé 3 conteneurs de médicaments alors qu’il n’en a ni le titre, ni la qualité et encore moins l’autorisation. Donc s’il a nié ces faits devant vous, ce n’est qu’un moyen de défense monsieur le président. Quant à Alpha Amadou Barry, c’est la même chose que Mamadou Alpha Diallo. Ils ont tous reconnu les faits devant les officiers enquêteurs, sans aucune contrainte. Mais pour Alpha Amadou Barry, avec votre technique de conduire le procès, il a fini par reconnaître avoir importé des produits pharmaceutiques depuis plusieurs années alors qu’il n’a pas la formation requise, il n’a pas la qualité, ni le titre et il n’a aussi pas l’autorisation ou l’agrément pour importer et vendre des produits pharmaceutiques. C’est pourquoi pour Mamadou Alpha Diallo et Alpha Amadou Barry, nous requérons qu’il vous plaise de les déclarer coupables des faits d’exercice illégal de profession de pharmacien, usurpation de titre et atteinte à la santé. Pour la répression, vous condamnerez Mamadou Alpha Diallo à 2 ans d’emprisonnement ferme et au paiement de 5 millions d’amende. Quant à Alpha Amadou Barry, il a bien voulu finalement coopérer en vous facilitant la tâche. C’est pourquoi, nous allons solliciter qu’il vous plaise de lui accorder de larges circonstances atténuantes en le condamnant à 1 an d’emprisonnement et au paiement de 5 millions d’amende. Pour les 16 autres prévenus, vous allez les condamner chacun à 3 ans d’emprisonnement ferme et au paiement de 1 millions d’amende », a requis le ministère public représenté à cette audience par le substitut du procureur Moustapha Mariama Diallo.

La défense, qui a plaidé non coupable, a dit que s’il y a quelqu’un qu’il faut poursuivre, c’est bien l’Etat qui a toujours favorisé la vente illégale des produits pharmaceutiques. « Monsieur le président, nous estimons que nos clients ne sont coupables de rien. Nous vous connaissons un magistrat rompu à la tâche. Vous n’allez pas libérer des coupables. Nous savons que vous n’allez pas aussi condamner des innocents. C’est pourquoi, monsieur le président, la défense plaide non coupable et sollicite qu’il plaise à votre auguste Cour de renvoyer nos clients des fins de la poursuite, de rejeter la demande de la partie civile et de renvoyer le ministère public à mieux se pourvoir. En le faisant, vous aurez rendu une saine et bonne justice à la société », a plaidé la défense.

La Cour a mis l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 6 mars prochain.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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