Les femmes, autrefois marginalisées, seules à s’occuper de toutes sortes de tâches ménagères dans les foyers, mises à l’écart de la vie politique et des métiers, sortent peu-à-peu de cette situation. Certaines se sont lancées dans l’investissement ou pratiquent des métiers réservés jusque-là exclusivement aux hommes. C’est le cas d’Aminata Soumah, âgée de 26 ans, domiciliée au quartier Yattaya, dans la commune de Ratoma. Cette jeune dame de 24 ans, mariée et mère d’une fille, pratique la maçonnerie.
À l’occasion du mois de mars, consacré à la célébration des droits des femmes, un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre de cette brave femme qui évoqué son parcours dans ce métier qui la passionne.
Selon Aminata Soumah, tout a commencé par le biais d’une ONG. « J’ai commencé ce boulot par le biais d’une ONG. On était au nombre de 15 personnes quand l’ONG nous a sélectionnées par filière : maçonnerie, carrelage, floriculture. Ils ont d’abord commencé à nous apprendre la langue soussou et après ils nous ont aussi appris la langue française. Cette ONG nous a pris en charge du début jusqu’à la fin de la formation. Le déjeuner, les fournitures, c’est l’ONG qui a pris tout en charge. Celui qui nous a formées aussi, c’était une bonne personne. Il s’appelle Abdoulaye Yattara. Franchement il nous a bien formées. Après la formation, ils nous ont demandées de faire le choix dans tout ce que nous avons appris. J’ai choisi le carrelage parce que c’est ce que j’ai bien appris et c’est ce que je comprenais. La maçonnerie aussi, je l’ai bien apprise ; mais c’est le carrelage qui est ma spécialité », a-t-elle expliqué.
Poursuivant, notre interlocutrice a fait savoir qu’elle parvient à tirer son épingle du jeu à travers ce métier qu’elle exerce avec passion. « Aujourd’hui, je peux remercier Dieu, puisque ça me rapporte beaucoup de choses. En plus, je me sens bien dans ce métier. J’aime beaucoup. Quand je fais ce métier, même quand il fait nuit, je ne m’en rends pas compte, tellement que je me sens bien dedans. Selon moi, tout ce que tu aimes ne te fait pas souffrir. Je dirai que je n’ai pas de difficultés dans ce métier. La vie c’est comme ça, quand tu choisis un métier par amour, ça ne te fera pas souffrir. Même s’il y a des difficultés, tu ne sauras pas », soutient Aminata Soumah.
En outre, notre interlocutrice affirme que tout ce que l’homme fait comme activité, la femme aussi peut le faire. « Ce que je peux dire aux femmes, quand tu entends ça c’est le métier des hommes, c’est parce que tu n’as pas l’amour du métier. Sinon, tout ce que tu aimes, c’est du miel. Les hommes font la cuisine non ? Pourquoi nous, on peut pas faire comme eux ? Pourquoi ne peut-on pas faire la maçonnerie ? Pourquoi ne peut-on pas jouer au ballon ? Pourquoi ne peut-on pas faire la menuiserie ? Pourquoi ne peut-on pas taper sur le fer ? Alors, pourquoi va-t-on croiser les bras ? Nous aussi, on doit leur montrer qu’on peut faire quelque chose, qu’on est capable. Aujourd’hui, les hommes n’aiment pas les femmes qui ne font rien. Même dans le concubinage, les hommes ne sortent plus avec les paresseuses. Donc, les femmes doivent prendre leur vie en main et se battre comme les hommes », a-t-elle martelé.
Dans l’exercice de son métier, Aminata Soumah dit n’avoir pas été victime d’une opposition de la part de sa famille. « Mes parents ne s’y sont jamais opposés. Ils se demandaient juste si je pouvais tenir, et Dieu m’a donné la force, j’ai pu tenir. Avant, beaucoup me jugeait, mais je n’ai jamais écouté, j’ai continué ma formation. A un moment donné même, j’ai quitté le domicile familial, je suis parti m’installer chez mon formateur parce que les gens me jugeaient beaucoup. Leurs jugements me donnaient beaucoup plus de courage puisque grâce à eux, je suis là où je suis aujourd’hui. Avec ce boulot, j’arrive vraiment à satisfaire mes besoins. Déjà, je travaille pour moi, je suis une femme indépendante. Donc, ça va… ».
Hassanatou Kanté pour Guineematin.com
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