Comme annoncé précédemment, Bah Oury (le président de l’UDRG) a de nouveau comparu ce mardi, 21 mars 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Ce leader politique est à la barre en qualité de partie civile et il se plaint de « coups et blessures ». Et, jusque-là, il garde sa sérénité devant la salve de questions des avocats de la défense, notamment ceux du capitaine Moussa Dadis Camara, qui tentent de le déstabiliser pour jeter un discrédit sur ses propos devant le tribunal, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
Bah Oury était le président de la commission d’organisation de la manifestation du 28 septembre 2009. Une manifestation qui a été réprimée dans le sang par le régime militaire de l’époque (le CNDD du président Moussa Dadis Camara). Sa déposition devant le tribunal criminel de Dixinn était très attendue. Mais, après deux jours de comparu devant cette juridiction, Bah Oury n’obtient pas l’unanimité des avocats des parties au procès. Les avocats divergent sur le crédit à accorder à ses propos devant le tribunal.
Bah Oury affirme que le massacre du 28 septembre a été planifié dans les hautes sphères au sommet de l’Etat. Son avocat, Me Alpha Amadou DS Bah, abonde dans le même sens pour dire que le massacre du 28 septembre a été organisé par le CNDD pour ternir l’image des leaders politiques.
« On a vu un homme serein qui a décrit de façon claire et précise tout ce qui s’est passé au stade. Que ce soit avant l’organisation du meeting et la manière par laquelle ils sont passés pour organiser ce meeting, sans oublier les crimes odieux qui ont été commis au stade et surtout leur exfiltration au stade. Malheureusement, les avocats de Dadis ont voulu essayer de le confondre à travers ses récits, mais c’était peine perdue. Bah Oury est un homme cohérent. Je pense que toute cette machination n’a pas fonctionné, parce que l’intérêt c’était pour le discréditer. Mais, heureusement pour le peuple de Guinée, voilà un homme qui est droit dans ces bottes et qui a expliqué comment tout cela s’est produit… Le rapport fait par la commission d’enquête nationale doit être remis en cause, parce que nous savons tous que ce ne sont pas les manifestants qui se sont entretués. Le fait d’avoir organiser cette manifestation n’était pas un élément suffisant pour aller perpétrer ces massacres. Des femmes ont été violées, des personnes tuées, donc c’est assez incongru que des personnalités s’assaillent dans un petit bureau et concluent à la responsabilité des organisateurs. Ce qui n’a pas été le cas dans le rapport d’enquête international, parce que là les informations crédibles ont été remontées au niveau de cette commission qui a effectivement rendu un rapport et qui a incriminé le président Dadis et tous ces complices. Nous pensons que c’est ce rapport qui est crédible… La thèse de complot sur laquelle les avocats de Dadis sont figés est assez ridicule, parce que le complot dont ils parlent n’a jamais été prouvé à travers des preuves concrètes. Comme l’a indiqué Bah Oury, le complot a été fait contre les parties civiles. Parce que aller au stade pour ensuite perpétrer de façon synchroniser, attaquer de façon frontale et barbare toutes ces victimes qui n’étaient munies d’aucune arme, qui étaient venues exprimer leur ras-le-bol face à la dictature, je pense que s’il y a complot, il faut le chercher du côté de Dadis et ses acolytes », a déclaré Me DS Bah au sortir de l’audience.
Pour Me Pépé Koulémou, un des avocats de Dadis Camara, Bah Oury ne raconte que des contre-vérités. Il estime qu’il n’est pas question d’imputer la responsabilité du massacre au pouvoir du CNDD, à partir du moment où cette manifestation avait été interdite.
« Monsieur Bah Oury qui s’est fait passer aujourd’hui pour une victime n’en est pas véritablement une. En raison principalement du fait que ce sont eux qui sont les instigateurs des événements du 28 septembre. C’est eux qui ont organisé. Lui Bah Oury en est même le président du comité d’organisation. Ils ont invité la population guinéenne, leurs militants et les membres des forces dites vives à l’époque à l’effet d’aller manifester au stade du 28 septembre. Ils ont d’abord adressé un courrier aux autorités communales de Dixinn. Ces autorités leur ont dit qu’elles n’étaient en mesure d’assurer la sécurité compte tenu de l’effectif qui était là. Donc, pour cela, ils devraient observer cette décision prise par les autorités communales. Mais, les organisateurs de cette manifestation ont forcé la situation, ils ont tenu vaille que vaille à aller faire cette manifestation à leur risque et péril. Ils ont même exposé la population guinéenne à ce qui est arrivé. Quand je lui ai posé la question de savoir, est-ce qu’il était informé de l’arrivée de certains manifestants au Commissariat central de Belle-vue ? Il a reconnu, il a dit qu’il a appris et ces militants des partis politiques ce sont servis en armement pour se rendre au stade du 28 septembre depuis le commissariat de Belle-vue. Eux-mêmes ont pris les armes pour aller s’entretuer. Après quoi, faire porter ça sur la tête du président Dadis Camara. Ça ne marchera pas. Je vais vous faire comprendre que tout ce que Bah Oury est en train de dire n’engage que lui. C’est eux qui ont fait appel à la manifestation, ils se sont rebellés contre cette décision des autorités communales. S’il y a quelque chose qui en découle, qui en assume la responsabilité ? C’est eux les manifestants. Au lieu de venir se victimiser, encore nous de la défense du capitaine Moussa Dadis Camara, nous estimons que c’est eux les instigateurs des évènements du 28 septembre contre le président Moussa Dadis Camara. Le complot en question avait l’aile politique et l’aile militaire. L’aile politique était chargée d’exécuter le complot de Monsieur Alpha Condé et ses alliés contre le pouvoir du président Moussa Dadis Camara. Et, l’aile militaire était dirigée par Monsieur Sékouba Konaté et Toumba Diakité. Par conséquent, nous estimons que c’est la même équipe qui se battait contre Monsieur Moussa Dadis Camara. Bah Oury est en train de raconter une contre-vérité », a martelé Me Pépé Koulémou.
Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com
