Enlèvement et assassinat d’Elhadj Doura : « on est allé enterrer le vieux la nuit Maférinya », reconnait un accusé

Elhadj Abdourahmane Diallo

Le procès des auteurs présumés de l’enlèvement et de l’assassinat de l’opérateur économique Elhadj Abdourahmane Diallo, dit Elhadj Doura, se poursuit ce lundi, 24 avril 2023, au tribunal criminel de Dixinn. Parmi les 26 accusés dans cette affaire, 21 comparaissent. Les 5 autres sont en fuite. Pour l’audience du jour, c’est Oumar Barry, militaire, ancien agent de la garde présidentielle, qui a fait sa déposition. A la barre, il a reconnu les faits mis à sa charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les accusés dans cette affaire sont poursuivis pour enlèvement, séquestration, association de malfaiteurs, recel, blanchiment de capitaux, abstention délictueuse, et complicité.

Dans sa déposition, Oumar Barry a tout d’abord expliqué comment il est entré en contact avec Elhadj Mamadou Diallo, cerveau présumé du kidnapping, et Cie. Il a également dit que c’est lui qui a conduit le véhicule qui a servi à transporter Elhadj Doura de Hamdallaye jusqu’à Sonfonia après son enlèvement. Oumar Barry dit avoir indiqué le lieu où Elhadj Doura a été inhumé à Maférinya.

« Un jour, Elhadj Mamadou est venu me trouver avec mon ami Amadou Sacko à Maférinya. Il était avec Ibro et d’autres personnes. Ils m’ont dit qu’ils sont en panne. Ils m’ont demandé de chercher un mécanicien pour eux. J’ai cherché le mécanicien et ce dernier a réparé la panne. Ils ont pris mon numéro de téléphone en disant qu’ils allaient en Sierra Leone. Deux jours après, Ibro m’a appelé, il m’a dit qu’ils sont de retour de la Sierra Leone et qu’ils étaient à Conakry. C’est comme ça qu’on a commencé à se fréquenter. Un jour, en compagnie d’Elhadj Mamadou et Ibro, on s’est rendu en ville, puis à Taouyah et Albanie, qui se trouve à Kaporo-rails, à côté de l’ambassade des États-Unis. Ensuite, nous sommes allés à Lambanyi, puis dans un motel Fatou Rose à Nongo où on a passé la nuit. Au petit matin, Elhadj m’a dit que Oumar, il faut m’accompagner chez moi, mon père est malade, il est tombé. J’ai conduit le véhicule, nous sommes allés jusqu’à la galerie Marifala à Bambéto. Elhadj Mamadou m’a dit de garer. Deux personnes sont venues s’ajouter à nous. Après, on a continué jusqu’au carrefour Concasseur.  Nous sommes rentrés dans le quartier. Il m’a dit de garer. Quand j’ai garé, ils sont descendus du véhicule. Entre-temps, ils sont venus avec le vieux. Il m’a dit de conduire le véhicule à ENTAG. Mais en cours de route, Elhadj Mamadou a dit qu’il a changé d’avis, on doit aller maintenant à Sonfonia. Nous sommes allés à Sonfonia où ils ont fait descendre le vieux pour le faire entrer dans une cour. Trois minutes après, il est sorti, il m’a remis 50 mille francs guinéens pour mon transport. J’ai pris 20 mille et je lui ai restitué les 30 mille francs guinéens. Quatre jours après notre séparation, Ibro m’a appelé. Il était avec Elhadj Mamadou Diallo. J’ai demandé à Elhadj Mamadou l’état de son père. Il m’a dit que ça va. C’est ainsi que Ibro m’a dit d’aller là où j’avais cherché une case pour lui à Maferinya. Parce que Ibro m’avait dit de chercher cette maison pour héberger des opérateurs chinois. Donc, il m’a dit d’aller là-bas. Arrivé sur les lieux, j’ai trouvé le vieux. Il était couché. Elhadj Mamadou m’a dit que c’est ce vieux qu’on est allé chercher à Hamdallaye. Il est mort. J’ai dit ; Ah, ton père ? Il dit, Non, ce n’était pas mon père. C’était un vieux qu’on a kidnappé. Et il est mort. Maintenant, il faut nous chercher un véhicule pour procéder à son enterrement. Je leur ai dit que là où nous étions, on n’enterre pas la nuit. Ils m’ont dit, si on n’enterre pas le vieux, on va te laisser avec le corps et partir. C’est ainsi que j’ai accepté et on est allé enterrer le vieux, la nuit. J’ai choisi le lieu où on devrait l’enterrer au bord d’un fleuve. Mais les outils qu’on a utilisés pour creuser la tombe étaient dans le véhicule d’Elhadj Mamadou Diallo », a-t-il expliqué à la barre.

Les accusés dans cette affaire sont Elhadj Mamadou Diallo, Oumar Barry, Abdourahmane Bah, Naby Moussa Camara, Thierno Mamadou Kahn, Mamadou Samba Diallo, Amadou Oury Bah, Amadou Sacko, Abdoulaye Yadi Camara, Sao Ndanema, Oury Diallo, Idrissa Diallo, Tony Akpo, Mohamed Dady Bah, Elhadj Bailo Sow, Uchechyku Stanley Okorom, Cibeku Ogocheuku, Calistus Okurom, Mamoudou Diallo, Mohamed Bafodé Camara, Mariama Camara. Ils ont été placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry entre 2018 et 2019.

Pour ceux qui n’ont pas répondu présents, et qui seraient en fuite, il s’agit de Thierno Ciré Sow, Alpha Oumar Barry, Lama Kaba alias LKaba, Zimbabwe, Ibrahima alias B 52.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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