Assainissement : le maire de Matam s’insurge contre l’obstruction du canal de Matam Lido et ordonne la démolition des constructions sur son passage

Lancées depuis plusieurs mois par les autorités de la transition, les opérations d’assainissement se poursuivent chaque premier samedi du mois à Conakry et à l’intérieur du pays. Aujourd’hui, le 06 mai 2023, le maire de Matam s’est rendu avec ses équipes au quartier Matam Lido pour curer un canal bouché par des tas d’ordures venus de plusieurs quartiers environnants. Ismaël Condé a dénoncé cet état de fait mais également les constructions faites sur le canal qui empêchent l’eau de ruissellement d’y passer pour rejoindre la mère. Alors pour y remédier, il a ordonné que le canal soit immédiatement dégagé, mais sa décision pourrait se confronter à un obstacle, a constaté Guineematin.com à travers son équipe de reportage.

Avant le passage de la pelleteuse, le canal de Matam Lido, situé à quelques mètres du siège de l’Union des forces républicaines (UFR), ne ressemblait en rien à un canal. Il était englouti par des tas d’ordures qui dégagent une ordure nauséabonde et qui rendent le passage des piétons de ce côté extrêmement difficile. Selon un habitant dudit quartier rencontré sur les lieux, cette situation est ainsi depuis plusieurs années. Et à chaque saison de pluie, le même scénario se répète.

Dr Youssouf Barry, habitant de Matam Lido

« Le problème est qu’il y a un grand caniveau qui traverse notre entrée. Le grand caniveau-là, tous les quartiers presque de Matam leurs eaux de ruissellement se déversent dans le caniveau, mais il n’y a pas là où mettre les ordures, donc ils sont obligés mettre dans les caniveaux. Maintenant les ordures-là s’entassent pendant des mois, dès qu’il y a une petite pluie ça pousse les ordures, les ordures sont calées par des pneus et sont obligées de prendre d’autres trajets, ils viennent s’accumuler sur la devanture de notre cour. Chaque année on est obligé de faire le nettoyage. Mais la solution est que la commune n’a qu’à se battre pour mettre des sites de dépôts des ordures. Si il y a ça au moins, il y aura moins de problèmes », a estimé Dr Youssouf Barry, habitant de Matam Lido.

Venue représenter son ministre lors de cette journée d’assainissement, Hadja Aminata Touré, inspectrice générale de l’administration publique au compte du ministère du Travail et de la Fonction Publique, fait également un constat amer sur l’insalubrité dans la commune de Matam.

Hadja Aminata Touré, inspectrice générale de l’administration publique

« Mes impressions sont désolantes. Franchement, il faut qu’il y ait assez de mesures, beaucoup d’accompagnement auprès des différentes mairies. La commune de Matam, dont je suis citoyenne, vraiment nous vivons dans l’insalubrité totale. Je suis là depuis très longtemps mais il n’y a pas de poubelles dans les quartiers. Il faut des poubelles pour que les citoyens puissent mettre les ordures dedans. Et créer une commission de suivi qui puisse évaluer réellement par mois combien de tonnes d’ordures se trouvent dans cette commune. Deuxièmement, les équipes doivent sillonner toute la commune de Matam pour voir quelle est la partie la plus sale… Je demande aux autorités de mettre assez de ressources dans le nettoyage au niveau de toutes les communes parce que là, ça y va de la santé de la population car quand elle est propre, on est sain, dès qu’il y a la saleté on risque de tomber malade. Il faut vraiment qu’on prenne des dispositions pour que toutes les communes en Guinée soient propres », a-t-elle invité.

Décidé à débarrasser Matam Lido de ses tas d’immondices, Ismaël Condé, a ordonné à ses équipes de dégager le canal afin que l’eau y coule normalement. Et il dit avoir pris des dispositions pour sévir contre les « fauteurs de troubles » qui jettent les ordures n’importe où.

Ismael Condé, maire de Matam

« Vous voyez que le canal-là est complètement obstrué par les déchets, obstrué aussi par les constructions anarchiques. Le problème aujourd’hui c’est d’enlever les déchets avant d’entamer les opérations de démolition de tout ce qui est construction sur ce canal. Nous sommes là depuis 7 heures mais l’étendue du travail est colossale, et il faut faire vite parce que la pluie s’annonce déjà. L’année dernière nous avons eu pas mal d’inondations ici, nous avons fait des travaux, vous avez vu que les croix sont mises et les services techniques d’assainissement et de l’urbanisme sont à l’œuvre pour pouvoir faire très rapidement avant que les pluies ne commencent de façon très quantitative. Rien qu’hier j’ai signé une décision d’interdiction de mettre des ordures (partout) avec cette fois-ci des mesures plus répressives: il y a des gardes supplémentaires qui vont être recrutés, il y a les comités de veille qui ont été mises en place en collaboration avec les chefs de quartiers, les chefs des secteurs pour que chacun puisse jouer sa participation pour réprimander les fauteurs de troubles qui transforment les lieux en des poubelles géantes. Et je pense que la lutte a commencé dans la commune de Matam et elle n’est pas prête de s’arrêter. Toutes les inondations qui ont été signalées en amont là-bas, vous voyez leur cause c’est ici (canal bouché). La cause principale est que les propriétaires de ces villas ont construit sur le canal, ils ont mis des encombrants sur ce canal qui empêche aujourd’hui l’eau de ruisseler. Donc nous en tant que collectivité locale, nous allons prendre notre responsabilité, tout ce qui est construit sur ce canal va être dégagé parce que tant que ce canal ne sera pas libre, le problème d’inondations ne sera pas résolu », a-t-il expliqué.

Mais la décision du maire de Matam de démolir la construction sur le canal risque de se heurter à la résistance du locataire des lieux. Après que le premier responsable de Matam soit allé dans cette concession pour faire le constat, le locataire a laissé entendre que cette situation ne se passera pas comme ça, estimant que c’est agent de l’habitat qui a fait le plan. Aussitôt le maire a appelé une équipe pour venir casser la partie mise en cause. Mais jusqu’au moment où nous quittons les lieux, la démolition n’avait pas commencé.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Emmanuella Assou pour Guineematin.com 

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