Arrestations lors des manifestations sous Alpha Condé : Masinga charge Damantang et Fabou Camara

Albert Damang Camara (ex ministre) et Aboubacar Fabou Camara (ex directeur central de la police judiciaire)

« Un jour, le Commissaire Fabou Camara m’a appelé pour me dire de travailler pour lui. Il voulait qu’à chaque manifestation, que je lui file les noms des instigateurs des manifestations politiques. Ils m’ont dit puisque je loge sur l’Axe, c’est pourquoi ils veulent qu’on travaille ensemble, lui et Damantang », a notamment lancé Masinga lors de sa déposition.

Mamoudou Diallo, alias Masinga, et 7 autres de ses compagnons sont jugés au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma, pour association de malfaiteurs, vol à main armée, utilisation illicite d’armes de guerre et complicité. Les parties civiles dans cette affaire sont Oumou Dramé et Amadou Baïlo Sow. Pour l’audience de ce lundi, 3 juillet 2023, ce sont Mamoudou Diallo et Thierno Amadou Diallo qui ont été entendus à leur tour par le juge Sékou Ibrahima Soumah. Ils ont plaidé non coupables des faits mis à leur charge, a constaté un reporter que Guineematin.com avait dépêché sur place.

A l’ouverture des débats, Mamoudou Diallo, dit Masinga, a été le premier à comparaître pour sa déposition. Après avoir plaidé non coupable, il a crié au complot qui, selon lui, avait été monté de toutes pièces à l’époque par le Commissaire Fabou Camara, ancien directeur de la Direction centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).

« Je ne reconnais pas les faits pour lesquels je comparais. C’est un matin, de bonne heure, alors que je me rendais chez mon petit du nom de Mamadou Alpha Diallo que j’ai été arrêté. J’étais juste devant la porte, dès que j’ai garé ma moto, ils m’ont arrêté et fait monter dans leur pick-up. Ils voulaient m’amener à Démoudoula, mais il y a un certain Fabou qui a appelé au téléphone pour leur dire de me conduire à la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS). En cours de route, ils m’ont demandé des explications Je leur ai dit que je ne peux pas reconnaître quelque chose que je n’ai pas fait. Après, il y en a un qui s’appelle Bracus, il leur a dit de me conduire à une destination que je ne vais pas reconnaître. J’ai été envoyé alors à la DPJ. Quand on est arrivé à destination, ils m’ont conduit dans le bureau de Fabou Camara. Dès que Fabou m’a vu, il m’a dit que je l’ai trahi. Après, ils m’ont torturé, menotté. Le nommé Bracus m’a blessé avec un couteau. Après, ils m’ont conduit dans une cellule appelée ‘’Cellule Mathias’’ ou « Cellule noire » où j’ai fait deux (2) mois et deux (2) semaines. Chaque jour, on me torturait, mais je suis resté ferme sur ma décision. Je leur ai dit que je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés », a dit l’accusé.

Sur ses relations supposées avec le Commissaire Fabou Camara, ancien directeur de la DCPJ, alias Masinga raconte. « Monsieur le président, ce que je connais comme précédent, un jour, le Commissaire Fabou Camara m’a appelé pour me dire de travailler pour lui. Il voulait qu’à chaque manifestation, que je lui file les noms des instigateurs des manifestations politiques. Ils m’ont dit puisque je loge sur l’Axe, ils veulent qu’on travaille ensemble, lui et Damantang. A l’époque, Albert Damantang était le ministre de la Sécurité et de la protection civile. C’est Damantang qui m’a présenté à Fabou pour que je travaille pour la DPJ, pour filer ou donner les noms des gens. Alors, Fabou m’a donné un téléphone et une puce. Mais, je n’ai jamais fait ce qu’il m’a demandé comme service. Tous les accusés qui sont là, je ne connais que deux personnes : mon jeune frère, Souleymane Baldé, qui est mon cousin, et l’ami de mon jeune frère, Mamadou Alpha Barry. Parmi mes co-accusés, je n’ai trouvé qu’une seule personne à la maison centrale. Tout le reste du groupe m’a trouvé là-bas. Je n’ai jamais fait objet de condamnation et je n’ai jamais été associé à quelqu’un pour voler. Les personnes qui m’ont arrêté étaient tous en civil. C’est seulement le chauffeur qui était en tenue de policier », a-t-il expliqué.

L’autre accusé, en l’occurrence Thierno Amadou Diallo, a dit être victime d’une arrestation arbitraire. Il a nié toutes les accusations mises à sa charge. « Je suis un taxi motard. J’étais en train de transporter des clients quand j’ai été interpellé par la Brigade de répression du banditisme (BRB) de Kaporo rails entre 16 heures-17 heures au carrefour de Lambanyi. Ils m’ont interpelé, m’accusant de transporter des malfrats. Je ne sais pas de quels malfrats ils parlent. À la police, on m’a interrogé. J’ai subi des tortures lors de mon interrogatoire… »

Après avoir épuisé ses questions le tribunal, par la voie du juge Sékou Ibrahima Soumah, a renvoyé le dossier au 17 juillet 2023 pour l’audition des parties civiles, à savoir Oumou Dramé et Amadou Bailo Sow.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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