La République de Guinée dispose d’énormes ressources naturelles, mais elle peine à en profiter suffisamment, notamment à cause du fait qu’elle n’a pas d’industries pour transformer les matières premières sur son sol. Ce qui fait qu’elle les exporte toutes dans d’autres pays, qui en tirent beaucoup de profits. Alors pour pallier ce déficit, elle s’est dotée d’une politique nationale de développement industriel (PNDIG). L’atelier de vulgarisation de ladite politique a eu lieu ce mercredi, 19 juillet 2023 à Conakry en présence du Premier ministre, de plusieurs membres de son gouvernement, de la délégation de l’Union européenne et de l’organisation des Nations-Unies pour le développement industriel (ONUDI), a constaté Guineematin.com à travers son reporter déployé sur place.
L’atelier de vulgarisation de la PNDIG (financée par l’Union européenne) est organisé par l’ONUDI en collaboration avec le ministère du Commerce, de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises. Son objectif global est d’informer et de sensibiliser les acteurs du secteur industriel sur les piliers et instruments de la politique nationale du développement industriel.
Ansoumane Bérété, représentant pays pour la Guinée de l’ONUDI, explique les effets économiques de la PNDIG sur l’économie de la Guinée.
« L’impact de cette nouvelle politique nationale de développement industriel sur l’écosystème de la Guinée sera global, et a des implications sur tous les secteurs de l’économie nationale. C’est une politique qui vise à accroître la part de l’industrie dans la richesse nationale au niveau de la Guinée. Aujourd’hui la manufacture tourne autour de 10% dans le PIB, cette politique vise à porter cela au-delà de 25%. Ce qui veut dire que ça devrait avoir beaucoup d’effets d’entraînement en terme de création d’emplois massive puisque nous savons que l’industrie est le meilleur créateur d’emplois à long terme. Et qui parle d’emploi parle de revenus, donc du niveau global de niveau de vie des populations guinéennes. Nous savons aussi que l’industrie a des effets de débordement sur plusieurs autres secteurs, que ce soit des secteurs productifs, que ce soit des secteurs sociaux. Cette politique vise justement à produire cet effet d’entraînement sur le secteur agricole, sur le secteur minier, sur le secteur de la pêche etc. Et donc, des implications en matière d’amélioration sur les secteurs sociaux tels que la santé et l’éducation. Puisque nous savons que la croissance économique soutenue aujourd’hui des pays qui émergent et des pays développés a été basée essentiellement sur l’industrie pour une transformation structurelle de leur économie, cette politique devrait amener la Guinée à atteindre, si elle est mise en œuvre, l’objectif de l’émergence à l’horizon 2040 qui passerait par des objectifs intermédiaires tel qu’inscrit dans le programme de réforme intérimaire qui vise un certain nombre de réformes dans le secteur industriel en matière de réglementation, en matière de développement d’infrastructures de base, en matière de promotion du commerce intérieur et extérieur. Donc, l’intégration de la Guinée dans les chaînes de valeurs au niveau régional et mondial. C’est venu à point nommé pour la Guinée et ça offre désormais un cadre global intégré de convergence des différents secteurs publics, mais aussi des partenaires techniques et financiers et surtout les acteurs du secteur privé pour produire cette transformation nécessaire de l’industrie guinéenne pour que le progrès social et économique recherché puisse être atteint », a-t-il dit.
À sa suite, la ministre du Commerce, de l’Industrie et des Petites et Moyennes entreprises, Loulou Lamah, rappelle que cette politique nationale constitue une priorité pour les autorités de la transition. Et elle s’attend à ce qu’elle soit mise en œuvre par toutes les parties prenantes.
« Après la première République, on avait plus de politique nationale de développement industriel, on faisait un pilotage à vue. C’est pour cette raison qu’on s’est donné pour ambition majeure l’élaboration, l’adoption et la vulgarisation de cette politique nationale de développement industrielle. Après cette étape on s’attend à la mise en œuvre effective de la politique par toutes les parties prenantes (industriels, administrations publiques, opérateurs économiques), puisque l’industrie ce n’est pas seulement au niveau du commerce, c’est au niveau des mines, mais aussi au niveau de la pêche, de l’agriculture. Donc tous les sectoriels doivent intégrer cette politique dans leur plan d’action pour pouvoir permettre à notre pays d’être compétitif à travers les produits et les unités industrielles, de conquérir le marché de la zone de libre-échange continental africain sans oublier qu’on est membre de l’organisation mondiale du commerce », a-t-elle ajouté.
Partenaire financier de la PNDIG, l’Union européenne considère le développement de l’industrie comme une priorité dans sa coopération avec la Guinée.
« Le développement de l’industrie c’est un des axes majeurs de notre coopération avec la République de Guinée parce que l’industrie est susceptible de créer de la valeur ajoutée localement, donc de ne pas devoir exporter juste des matières premières mais des produits élaborés, de pouvoir créer de l’emploi, de pouvoir faire une économie diversifiée, de pouvoir être une économie plus résiliente aux chocs extérieurs. C’est un enjeu pour la Guinée de pouvoir développer ce secteur », a indiqué Juan José Villa Chacon, chef de coopération de l’Union européenne en Guinée, précisant que l’institution a déjà plusieurs projets en cours pour soutenir les petites et moyennes pour une bonne compétitivité de l’économie guinéenne.
Saluant l’accompagnement de l’ONUDI, Dr Bernard Goumou pour sa part estime que la Guinée a désormais un cadre de référence propice au développement du secteur manufacturier.
« Alignée sur les différents textes stratégiques dont l’agenda 2030 des Nations-Unies pour le développement durable et la vision Guinée 2040, la nouvelle politique industrielle élaborée dote la Guinée d’un cadre de référence propice au développement du secteur manufacturier. Notre pays possède un potentiel énorme, riche, diversifié en ressources naturelles. Cependant, pour transformer ce potentiel en réalité, et construire une économie solide, diversifiée et durable, nous devons nous engager résolument dans le développement industriel », a dit le Premier ministre.
Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com