Paralysie des activités au tribunal de Kindia : des citoyens expriment leur désarroi

Depuis quelques jours, les activités sont paralysées dans les cours et tribunaux suite à l’appel au débrayage de l’Association des magistrats de Guinée (AMG). Une situation née de la double suspension d’un juge et d’un substitut du procureur au tribunal de première instance de Labé. A Kindia, des citoyens à la recherche de documents administratifs sont pris au dépourvu par ce débrayage. Interrogés par un des correspondants de Guineematin.com dans la journée d’hier, mercredi 23 août 2023, ils ont expliqué leur calvaire avant d’interpeller le Garde des Sceaux.

Depuis l’appel à la cessation « immédiate » de toute activité par l’Association des Magistrats de Guinée, la situation devient de plus en plus compliquée pour les gens qui ont besoin de papiers, notamment les jugements d’hérédité, les jugements supplétifs, les casiers judiciaires…

Mme Aïssata Keïta, veuve

Mme Aïssata Keïta, veuve domiciliée à Sarakoléyah, venue chercher un jugement d’hérédité raconte son calvaire. « Mon mari est décédé. Je suis venue chercher un jugement d’hérédité au nom de la famille à la justice de Kindia. Nous sommes des veuves. Nous avons souffert. Il y a 10 ans de cela que nous n’obtenons pas l’argent de la pension de notre mari. Nous faisons des montées et descentes, on ne comprend rien. C’est pourquoi je suis au tribunal de première instance de Kindia pour avoir ce papier. Mais là également, après avoir été reçue par le service, on me dit que les magistrats qui doivent signer sont en grève », a indiqué la veuve Aïssata Keïta.

Poursuivant, notre interlocutrice en a profité pour parler d’autres difficultés rencontrées en tant qu’épouse d’un ancien militaire. « Nous avons des enfants orphelins. On a tout fait pour que certains soient enrôlés dans l’armée. Mais c’est impossible. Je suis allée à Conakry pour rencontrer le président de la République, le Colonel Mamadi Doumbouya. Je n’ai pas pu parce que je n’ai pas de relations. Notre mari est un ancien gendarme qui a fait la guerre au Liberia. Il a même perdu son bras avant de tomber malade durant 10 ans, puis rappelé à Dieu. Vraiment, nous demandons au Colonel Mamadi Doumbouya, qui est actuellement le père de la Nation, de nous aider. Nous souffrons beaucoup et on n’a pas les moyens », a plaidé madame Aïssata Keïta.

Même son de cloche pour Abdoulaye Keïta, citoyen de la commune urbaine de Kindia. « Franchement, nous sommes dans un blocus. J’ai engagé mes dossiers pour l’obtention d’une carte biométrique. Mais arrivé sur le terrain, on a trouvé qu’il y avait une erreur. Moi j’ai fait Sociologie à l’université. Maintenant, lorsque je suis venu au tribunal pour faire le jugement supplétif, au lieu de mettre Sociologue, ils ont mis Géographe. C’est lors de la vérification à la commune qu’on a su que les deux renseignements de mon diplôme et du jugement supplétif ne concordaient pas. Je suis venu pour corriger ça à la justice. J’ai déposé le dossier, on m’a dit que le délai est de 10 jours pour valider mon dossier. Et 8 jours après, les magistrats sont en grève. Ils sont en grève par rapport à quoi ? Nous, on n’en sait rien. Les citoyens se plaignent aujourd’hui et ils demandent à ce que les magistrats reprennent service. On ne sait pas ce qui se passe là-bas. Mais nous, on demande au gouvernement de tout faire pour ramener les magistrats dans les tribunaux », a-t-il sollicité.

Alhassane Diallo, enseignant

Alhassane Diallo, enseignant domicilié à Cacia 2, dénonce la lenteur dans la procédure d’obtention des dossiers au tribunal de première instance de Kindia suite au débrayage des magistrats dans le pays. « Je suis venu chercher un casier judiciaire pour mon jeune frère. J’étais venu déposer hier. On m’a dit que les magistrats sont en grève. Je me suis patienté jusqu’à aujourd’hui. Heureusement que j’ai reçu le casier judiciaire. Mais ça n’a pas été facile parce que mon jeune frère m’appelait tout le temps. Je lui ai dit de se patienter. Habituellement, quand j’engage le matin, je reçois le soir. L’appelle que j’ai à lancer à l’endroit du Ministre Charles Wright et les magistrats, c’est de dialoguer et se comprendre parce que les gens ont besoin de leurs dossiers. C’est un droit », a déclaré Alhassane Diallo.

Amadou Bailo Batouala Diallo pour Guineematin.com

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