Conakry : les sculpteurs se plaignent de la rareté des clients et de l’abandon des autorités

La production artisanale en Guinée est frappée par de nombreuses difficultés. Les producteurs de statuettes, de masques et d’autres sculptures se plaignent de la rareté de la clientèle et du manque d’égard de l’Etat sur cette activité. C’est le cas de Mamady Kaba, âgé d’une cinquantaine d’années, sculpteur et gérant d’une boutique d’art à Ratoma Centre, dans la commune de Ratoma.

Rencontré par un reporter de Guineematin.com, le sculpteur est revenu sur les difficultés quotidiennes avant d’interpeller les autorités sur cet état de faits.

Mamady Kaba, sculpteur et vendeur d’objets d’arts

Kaba Mamady exerce ce métier depuis le début des années 1990 alors qu’il était au collège. Mais aujourd’hui, la situation est difficile à cause des grandes pluies et de clients devenus de plus en plus rares. « Je suis rentré dans ce métier à travers mon frère qui était là depuis 1991. Je suis venu à ses côtés alors que j’étais élève… Je confectionne des œuvres d’art, j’en achète aussi quelques-unes. En cette saison pluvieuse, la fréquentation de la clientèle est très moyenne. Il n’y a presque pas de fréquentation. Selon les clients, la vie est difficile en cette saison pluvieuse, ils disent qu’il n’y a pas d’argent et qu’ils ne peuvent pas investir dans l’artisanat. Il y a aussi l’abondance de la pluie qui empêche surtout les étrangers de venir acheter. Les personnes qui achètent les objets d’art ici sont des expatriés et les gens qui aiment l’art. Vous savez, nous les guinéens, on n’aime pas l’art, on est toujours à côté. On confond tout, surtout nous les musulmans. On confond l’islam à tout. Notre métier là, je ne peux pas dire que ça n’a rien à avoir avec l’islam. Mais nous ne sommes pas là pour adorer ces objets d’art, nous sommes là pour confectionner, faire plaisir aux gens en un mot, valoriser la culture guinéenne, comme les artistes. Un artiste qui chante, c’est pour faire plaisir à ses fans et c’est pareil pour nous aussi, on travaille pour montrer l’image et grandir la Guinée… Avant, il y avait beaucoup de clients, il y avait des blancs. Mais maintenant, les blancs sont rares ici, ils ne viennent plus, ils sont découragés. Je ne sais pas pourquoi. Mais vraiment, c’est dur », a-t-il expliqué.

Plus loin, Mamadi Kaba invite l’Etat guinéen à faire face aux problèmes liés à l’artisanat guinéen avant qu’il ne soit trop tard. « La première des choses, l’Etat doit faire face à nous, venir faire comme ce que vous faites là, venir sur le terrain pour connaître nos problèmes, le problème principal. C’est un problème de rencontre. Tous les artisans doivent se rencontrer comme dans les autres pays, le Mali, le Burkina, la Côte d’Ivoire. Il y a le village artisanal partout, sauf en Guinée. Donc, on doit avoir des places partout en Guinée. Mais l’Etat refuse de nous accompagner pour avoir une place. À Ratoma ici, on a de sérieux soucis, toutes les places de Ratoma sont cochées à cause de la route. Actuellement, on est dans des soucis. Si l’Etat ne nous fait pas face, l’artisanat va chuter. Ratoma, c’est l’endroit idéal pour montrer le visage de l’art guinéen », estime notre interlocuteur.

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tél. : 621 937 298

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