Gaoual : la Direction préfectorale de l’Agriculture et de l’élevage souffre d’un manque criard de personnel

Niouma Lazard Tolno, Directeur préfectoral de l'Agriculture et de l'élevage de Gaoual

Le Colonel Mamadi Doumbouya à la tête du CNRD à son arrivée au pouvoir, le 5 septembre 2021, avait bâti le nouvel organe de direction autour de cinq valeurs dont la refondation de l’Etat et la rectification institutionnelle. Deux ans après, si des réformes sont perceptibles dans plusieurs domaines, force est de reconnaitre que des efforts importants restent encore à faire, notamment au niveau de l’administration centrale où l’essentiel des cadres reste concentré à Conakry. Il arrive souvent de voir les bureaux des départements bondés de monde à Conakry où nombreux parmi eux ont à peine une place où s’asseoir, passant toute la journée à se ronger les ongles. Pendant ce temps, l’intérieur du pays est laissé pour compte.

La Préfecture de Gaoual ne fait pas exception à cette règle. Ces services, généralement mal équipés sont toujours dépourvus de personnel. C’est le cas de la Direction de l’agriculture et de l’élevage, où, un journaliste de Guineematin.com est allé à la rencontre de Monsieur Niouma Lazard Tolno, son directeur, le vendredi 18 août 2023.

« L’Agriculture et l’élevage c’est un primaire occupant plus 70 % de la population guinéenne. Gaoual n’est pas en marge de cette réalité. L’agriculture est bien pratiquée ici et l’élevage encore de plus. Selon les statistiques, Gaoual dispose le cheptel le plus important du pays. Les deux secteurs sont vivants et les activités se réalisent avec quelques difficultés », a introduit le Directeur préfectoral de l’agriculture et de l’élevage de Gaoual.

Et très rapidement, de façon mesurée, Niouma Lazard Tolno se rend compte du manque de personnel, dans ce service qui peine à mettre à jour les statistiques pourtant indispensables au niveau de l’Etat.

Niouma Lazard Tolno, Directeur préfectoral de l’Agriculture et de l’élevage de Gaoual

« Compte tenu de la distance, je ne dis pas que Gaoual est marginalisé, mais les services sont un peu en mal de disposes de personnel…En matière de statistiques, c’est maintenant que nous sommes en train de travailler pour les reconstituer. Vous comprendrez les difficultés auxquelles nous sommes confrontées dans ce cadre pour vous dire voilà ce que nous disposons en termes de bovins et petits ruminants par exemple ou vous donner les quantités produites à telle ou telle année »,a fait le DPAE de Gaoual.

Foncièrement calquée dans l’esprit du CNRD, cette Direction a réussi à coordonner la campagne agricole dans sa juridiction.

« Tous les programmes phares du département de l’agriculture et de l’élevage ont de l’impact sur Gaoual. Cette année par exemple, on a pu cultiver 50 hectares de riz dans la plaine de Yama, à la CR de Koumbia. Par rapport au programme agri/jeunes, nous avons envoyé leurs adresses au département. Et nous les convions à venir se procurer de semences de qualité auprès de la direction. Ils prennent les semences à crédit pour être remboursée à la récolte. Par rapport au programme PARFA, il y a un jeune de la commune rurale de Kounsitel qui en a bénéficié », a fait savoir M. Tolno.

S’agissant du projet de développement rural intégré de Gaoual, Koundara et Mali (PDRI/GKM), financé par la Banque Islamique de développement (BID) à hauteur de 25 millions de dollars pour une période de cinq ans et officiellement lancé en décembre 2019, et qui est à l’arrêt pratiquement, le DPAE est formel. Celui-ci souffre d’un problème de leadership.

« Le PDRI/GKM devrait être clôturé depuis le 30 juin 2023. Dans l’évaluation, les activités n’ont pas bougé sur le terrain. D’après ce qu’on nous a renseigné, il y avait un problème de leadership. Le premier Coordinateur a été remplacé. Son remplaçant n’a pas duré, on l’a remplacé et ces derniers temps, au moment où le projet tirait vers la fin de sa durée normale, la Coordination du projet a commencé à faire des va-et-vient pour demander la rallonge. Des rencontres ont été organisées et des documents fournis. La rallonge du projet devrait être liée à la crédibilité de ces documents (le rapport d’activités et le Plan de travail annuel et du budget). Quelques fois, on voit quelques activités du projet sur le terrain, notamment la livraison de semence en riz, arachides et maïs. C’est un projet en souffrance. C’est reconnu même au niveau du département que c’est un projet en souffrance », a reconnu le Directeur préfectoral de l’agriculture et de l’élevage.

Parlant du sous-secteur de l’élevage, Niouma Lazard Tolno reconnaît les efforts du service de santé animale sur le terrain.

« Il faut reconnaître aujourd’hui que le service de la santé animale est vraiment en train de travailler. Il faut le reconnaître. Chaque semaine, il publie le flash hebdomadaire par rapport à tout ce qui est analyse des maladies à travers le pays. Et les quatre laboratoires vétérinaires sont tous concernés. Et des formations pour les agents sont organisées… », a dit M. Niouma L.Tolno.

S’il n’y a aucun projet d’élevage qui évolue en ce moment à Gaoual, le Directeur préfectoral de l’agriculture et de l’élevage déplore l’état dans lequel se trouve les infrastructures héritées du PROGEBE (projet régional de gestion durable du bétail endémique).

« J’ai visité les installations du PROGEBE à travers la préfecture. Partout, elles sont en souffrance à cause du manque de suivi. Si les bénéficiaires ne sont pas formés à l’entretien et à la pérennisation des acquis, cela ne peut être encourageant. Et l’acquis d’un projet va être compliqué », regrette ce haut cadre de l’Etat qui conseille, à l’avenir, de mettre un accent sur le suivi et l’entretien des acquis dans le montage des projets.

Revenant sur les difficultés auxquelles est confrontée sa Direction, Niouma Lazard Tolno tire la sonnette d’alarme.

« Les difficultés les plus récurrentes auxquelles la Direction est confrontée ici, c’est le manque de personnel. Au niveau du service de l’élevage, les deux sections (santé de l’animal et production et alimentation), on n’a aucun cadre engagé. Ils sont tous stagiaires. Ils sont quelque part limités. Ils ne sont pas salariés. Et nous sommes en manque de produits pour faire les traitements. A Foulamory par exemple, il y a eu la fièvre aphteuse, la saison sèche passée. Personnellement, j’ai fait deux missions là-bas pour accompagner les agents pour faire des prélèvements. Mais on a perdu assez de têtes là-bas. A Koumbia, il y a eu le charbon bactéridien qui a tué beaucoup d’animaux. Les stagiaires peuvent être disponibles pour le travail. Mais sommes souvent fournis en quantité faible de produits et en équipements. Il arrive des fois que les vaccins qu’on reçoit soient en quantité insuffisante et  que la date de péremption soit proche. Lorsque la peste des petits ruminants (PPR) s’est installée, on nous a envoyé des vaccins, c’était un peu difficile. Il fallait cibler troupeaux où la maladie ne s’était pas signalée. Pour conclure, je voudrais attirer l’attention des hautes autorités sur la nécessité de nous aider à combler ce vide au niveau du personnel. Notre Direction dispose de 9 sections. Au moment où nous parlons, il n’y a que trois sections qui sont opérationnelles. Il s’agit de la section production de l’alimentation, la section santé animale et la section du conseiller rural. Même les sections qui évoluent, le nombre de cadres est très insuffisant. Le SERPROCA, le COA (qui devait avoir 11 à 12 personnes n’a que 3 agents). Si vous voyez qu’on a des soucis de reconstituer telle ou telle statistique, on n’arrive pas à les fournir très tôt, c’est parce qu’on est confronté à ces genres de problèmes. Au niveau de l’élevage, on a que des stagiaires, ils ne sont pas engagés. Une fois qu’ils vont trouver mieux, comment faire ? C’est compliqué. A côté de cela, il faut souligner qu’on a des problèmes au niveau des engrais et des semences qu’on reçoit tardivement. Parfois, c’est la lourdeur administrative mais il y a aussi l’état de la route. Très peu de transporteurs acceptent de nous envoyer des chargements à Gaoual.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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