Impact de l’exploitation minière sur les habitants de la Région Administrative de Boké : entre risque et rentabilité, à qui profite les bénéfices ?

Safayiou Diallo, économiste

Libre Opinion : La Guinée, malgré son nouveau statut de pays à Revenu Intermédiaire Tranche Inférieur, reste et demeure encore l’un des pays les plus pauvres au monde en dépit de sa dotation immense en ressource naturelle. Si depuis le début du second mandat du Professeur Président le gouvernement guinéen a fait de la Guinée l’un des principaux exportateurs mondiaux de la bauxite vers la Chine, cette exploitation profite à peine aux Guinéens.

Suivant les informations dont nous disposons, la Région Administrative de Boké compte de nos jours plusieurs carrières de bauxite dont certaines à ciel ouvert. Nous avons nous-même été témoin lors de notre récent passage à Boffa, Kamsar, Boké et enfin Sangarédi de la présence de plusieurs zones d’exploitations minières. Sur ces zones, les camions et les trains transportant notre bauxite à l’état brut se cohabitent

En dépit de l’exploitation minière sur ces zones citées, le réseau routier se trouve par endroit dans un état délabré et les populations qui  vivent aux alentours tirent le diable par la queue. De plus, la bauxite est chargée sur des bateaux via des tapis qui quittent directement les carrières pour être ensuite exportée vers la Chine où l’on défini malheureusement les quantités produites. De plus, certaines de ces installations côtoient parfois les champs des villageois ainsi que les points de pêches etc… Nous vous laissons imaginer la suite de l’histoire.

Bien que l’exploitation de la bauxite rapporte à l’Etat guinéen des recettes liées à leur exportation en plus de emplois créés, ces zones sont des producteurs par excellence de l’inflation. De plus, notons diverses conséquences néfastes sur les communautés rurales vivant à proximité des activités liées à l’exploitation de ce minerai. Ce n’est pas pour rien si plusieurs sociétés minières ont longtemps profité de la situation avec la complicité active de nos dirigeants d’alors pour exproprier des terres agricoles ancestrales aux paisibles populations sans pourtant leur offrir d’indemnisations adéquates.

Selon le rapport de Human Rights Watch de 2018, d’énormes dégâts causés au niveau des sources d’eau sont attribués à l’exploitation minière par les populations locales, ainsi que la demande provoquée par l’afflux de migrants vers les zones minières. Cette dernière contribue d’ailleurs à la réduction de l’accès à l’eau pour les communautés suivant leur besoin. C’est d’ailleurs ce qui explique aussi en partie les émeutes qui ont éclaté à Boké en 2017 et Kollaboui au cours des années précédentes, face surtout au manque criard d’eau et d’électricité.

Autre fait marquant, c’est que la poussière produite par l’exploitation minière ainsi que le transport de la bauxite a fini d’envahir les routes mais aussi les maisons suscitant des inquiétudes chez certaines familles proches des carrières. Nos discussions avec certains employés des entreprises installées à Boké ressortent la crainte d’une détérioration de la qualité de l’air dans les années à venir. D’aucuns estiment qu’une majeure partie de la population de ces zones risque d’être atteinte de cancer de poumon.

Ce thème reste entier et mérite d’être mûri car son développement fait ressortir d’une certaine manière  des préoccupations des populations locales mais également des enjeux énormes pour l’Etat guinéen afin de réussir le pari. Bien qu’étant profane sur le sujet et n’étant point spécialiste des questions minières, notre devoir est de partager nos constats à qui de droit afin d’attirer son attention sur les véritables réformes à entreprendre afin de sauver des vies mais aussi pour une exploitation minière gagnant-gagnant.

Safayiou DIALLO, Citoyen guinéen

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