Meurtre de manifestants (FNDC) à Conakry : voici la version du Lieutenant Aboubacar Keïta

Le procès du margis-chef Ibrahima Baldé s’est poursuivi ce lundi 23 octobre 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn.  L’audience de ce jour a été consacrée à l’audition à titre de témoin du Lieutenant Aboubacar Keïta, chef hiérarchique de l’accusé, poursuivi pour des faits meurtre, atteinte à la vie, coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Des faits intervenus suite à une manifestation du FNDC à Conakry, ayant entraîné la mort de 3 personnes dans la commune de Ratoma, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cette affaire, les faits reprochés au margis-chef Ibrahima Baldé datent du 20 octobre 2022, à l’occasion d’une manifestation du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Ce jour, moins trois jeunes gens : Thierno Moussa Barry, Thierno Bella Diallo et Elhadj Boubacar Diallo avaient été tués par balles à Conakry. Les enquêtes ouvertes ont abouti à l’arrestation de ce gendarme. Il avait été filmé, armé d’un pistolet, dans la banlieue de la capitale guinéenne ce jour de manifestation. Après son arrestation, il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt le 6 décembre 2022. A l’ouverture de son procès le lundi, 19 juin dernier, devant le tribunal criminel de Dixinn, l’accusé avait nié les faits.

Ce lundi 23 octobre 2023, le lieutenant Aboubacar Keïta, chef hiérarchique du margis chef, a été entendu à titre de témoin.  A la barre, il soutient n’avoir pas vu son subordonné ouvrir le feu, parce qu’ils n’étaient pas ensemble au moment des faits. « Moi, je n’ai pas vu Ibrahima Baldé tirer parce qu’on était pas ensemble au moment des tirs. C’est seulement celui qui l’a filmé qui peut nous dire qui a tiré. Il était déployé comme agent de maintien d’ordre. Officiellement on n’était pas armé. Même si l’arme est autorisée au maintien d’ordre par la loi 009 article 38, je n’ai pas fait de fouille de mon équipe pour voir s’il possède l’arme létale ou pas. Le margis-chef Ibrahima Baldé s’est déplacé ; mais il n’a pas duré là où il était parti. Il n’a fait que 5 minutes. C’est un tir de dissuasion qu’il a fait.  Il a riposté. Je ne lui en ai pas donné l’ordre.  C’est un tir commandité par le tireur lui-même. S’il avait tiré sur un manifestant, on ne serait pas resté tout ce temps-là sur place. Moi, je n’ai vu aucun agent ce jour avec une arme apparente. Je n’ai pas entendu parler de mort sur les lieux. C’est au téléphone que j’ai vu la vidéo », a témoigné le Lieutenant Aboubacar Keïta, commandant de l’unité de la gendarmerie de Sanoya déployé sur les lieux.

Au terme de cette déposition, Me Thierno Souleymane Baldé, avocat de la partie civile, a sollicité un transport judiciaire sur les lieux.

De son côté, le ministère public a estimé que cette demande est « inopportune à l’étape actuelle de la procédure ».

La demande du conseil de la partie civile a été rejetée par le tribunal qui a renvoyé l’affaire au 6 novembre pour aborder la phase des réquisitions et plaidoiries.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com 

Tel :620 589 527/664 413 227

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