Recrutement à la fonction publique : « nous les syndicats, nous pensons que c’est de la diversion »

Michel Pépé Balamou, Secrétaire Général du syndicat national de l'éducation (SNE)

L’annonce du recrutement de nouveaux fonctionnaires est mal perçue dans certains milieux, notamment du mouvement syndical. Certains dénoncent un recrutement inopportun qui cache d’autres enjeux inavoués à un moment où le gouvernement est à couteaux tirés avec les enseignants contracteurs et le syndicat pour la hausse des salaires. Telle est la position défendue par Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat national de l’éducation (SNE), dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

De nombreux diplômés sans emploi sont à la recherche d’une panoplie de documents pour le recrutement à la fonction publique, prévu en fin novembre 2023.  Au même moment, le gouvernement peine à trouver solution au problème des enseignants contractuels qui ont renoncé à leurs arriérés et de primes pour être engagés à la fonction publique. Parallèlement, les négociations piétinent avec le Mouvement syndical, qui réclame une hausse de 100 % de salaires.

Michel Pépé Balamou, Secrétaire national du Syndicat national de l’éducation (SNE) se prononce sur le sujet. « Les enseignants contractuels ne sont pas dans le processus de recrutement annoncé par le ministre du Travail et de la Fonction publique, ce sont les autres dotant plus que nous sommes en train de signer un protocole pour leur engagement à la fonction publique, en renonçant aux arriérés de salaires et de primes d’incitation. Donc, ça ne concerne pas ni de près ni de loin les enseignants contractuels », martèle-t-il.

D’ailleurs, Michel Pépé Balamou soutient que ce recrutement est inopportun. « Ce recrutement est inopportun d’autant plus qu’on est à une phase de recensement biométrique. Nous avons assisté à beaucoup de recrutements dans ce pays. La montagne a toujours accouché d’une souris. C’est en plein recrutement que des agents ont du mal à se faire enrôlés. Directement, on sort un communiqué qui parle de recrutement. Il y a une part d’incohérence dans ce communiqué d’autant plus qu’on est à une période de négociations, où le gouvernement peine à satisfaire la prétention salariale du syndicat, prétextant qu’il n’y a pas d’argent. Mais le gouvernement veut recruter. Loin de nous toute prétention de vouloir ramer à contre-courant de toute politique de recrutement, c’est normal que les jeunes aient de l’emploi. Mais, il faut s’assurer que ceux qui ont de l’emploi sont bien payés. Une autre incohérence, on fixe les frais d’inscription à 100 000 francs guinéens, on met à l’eau la gratuité du service publique… Même dans une entreprise privée, on ne paie pas 100 000 GNF pour être engagé », estime ce responsable du SNE.

Selon notre interlocuteur, il y a anguille sous roche dans cette affaire de recrutement. « On voit d’autres enjeux derrière, des enjeux qui ne soient pas liés à ça. Nous les syndicats, nous pensons que c’est de la diversion. C’est une façon d’orienter l’opinion vers l’engagement de nouveaux agents de l’État que vers les négociations, et prendre le syndicat comme ennemi du recrutement d’agents parce que le syndicat a une prétention salariale de 100% d’augmentation de la valeur monétaire du point d’indice. Et t on ne va pas se laisser distraire », a-t-il indiqué.

Laouratou Diallo Guineematin.com

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