Traque de Claude Pivi à Conakry : le Barreau de Guinée condamne les menaces contre les avocats

Samedi dernier, un groupe de commandos lourdement armés a attaqué la maison centrale de Conakry pour exfiltrer quatre détenus qui sont accusés de graves crimes (meurtre, viol, assassinat…) dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. Quelques heures plus tard, trois de ces évadés ont été repris. Mais, le quatrième, Colonel Claude Pivi alias ‘’Coplan’’, est toujours en cavale. La chasse à l’homme engagée contre lui par les forces de défense et de sécurité n’a pas encore permis de le débusquer.

Les descentes musclées et les perquisitions enregistrées ces derniers jours dans certains quartiers de Conakry et des localités voisines (Dubréka et Coyah) inquiètent les populations. Ces dernières se plaignent de la violence et d’autres actes inciviques des agents armés.

Également, des avocats constitués dans le procès du massacre du 28 septembre 2009 craignent pour leur sécurité. Certains se plaignent des « menaces » dont ils sont victimes en cette période de nerfs tendus.

Dans une déclaration publiée ce mercredi, 8 novembre 2023, le Barreau de Guinée s’est exprimé sur cette situation. Il a notamment condamné les agissements contre les avocats et interpellé sur son devoir de les protéger et rappelé aux autorités que leur devoir régalien de rechercher et d’arrêter les auteurs de l’attaque contre la Maison Centrale de Conakry ne les affranchit pas de l’obligation de se conformer à la loi.

« Dans le cadre de la traque de ces assaillants, des témoignages font état de bavures et d’exactions commises par des éléments des Forces de Défense et de Sécurité sur des citoyens dont le seul tort serait vraisemblablement d’avoir des liens avec l’un des accusés qui reste encore en cavale ou seraient supposément proches de tel ou tel membre du groupe d’assaillants. D’autres citoyens se disent terrorisés à l’occasion des fouilles et perquisitions opérées dans les quartiers où des fugitifs sont suspectés d’être cachés. Des cas de dégradations ou de soustractions de biens privés sont également signalés et rapportés par les médias… Des avocats constitués par des accusés mis en cause dans ces événements se plaignent de recevoir des menaces.

Au regard de cette situation, le Barreau de Guinée déplore les cas de morts survenues à l’occasion de ces évènements (…) ; invite les autorités à tous les niveaux à s’abstenir de prendre des mesures administratives ou autres qui ne seraient pas fondées sur le Droit et justifiées par les conclusions d’une enquête administrative et judiciaire ; rappelle aux autorités que leur devoir régalien de rechercher et d’arrêter les auteurs de l’attaque contre la Maison Centrale de Conakry ne les affranchit pas de l’obligation de se conformer à la loi ; affirme de manière non équivoque que les avocats ne font qu’exercer leur profession conformément aux règles qui régissent celle-ci, sous le contrôle strict du Bâtonnier et du Conseil de l’Ordre.

En conséquence, le Barreau de Guinée condamne toutes formes de menaces ou d’intimidations contre les avocats et engage l’Etat à assurer leur sécurité », a écrit le Barreau de Guinée.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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