Un enseignant jugé pour attentat à la pudeur à Conakry : pour le parquet, « les faits ne lui sont pas imputables »

Anatole Loua, enseignant de profession, est jugé au tribunal de première instance de Dixinn pour attentat à la pudeur. Il lui est reproché d’avoir fait des attouchements sexuels à une élève en classe de 6ème année. Appelé à la barre hier, mercredi 15 novembre 2023, le prévenu a rejeté en bloc les accusations portées à son encontre. Le parquet a demandé qu’il soit renvoyé des fins de la poursuite pour délit non constitué, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Enseignant de profession, Anatole Loua est reproché d’avoir fait des attouchements sexuels à AD dans une salle de classe. Dans sa déclaration par-devant le tribunal correctionnel de Dixinn, dirigé par le président Sékou Ibrahima Soumah, le prévenu soutient avoir été menacé par la mère de la plaignante à plusieurs reprises. « Quand la fille a été envoyée dans l’école où j’enseignais, c’est moi qui étais chargé de l’évaluer pour son admission à l’école. N’ayant pas le niveau requis, j’ai fait savoir au responsable qu’il fallait la faire retourner en cinquième année. C’est là que les problèmes ont commencé. Elle est restée. L’examen se passe, elle n’est pas admise. Elles ont pensé que j’étais le responsable de son échec. Sa mère m’a menacé, en disant que cette année encore vous vous acharnez sur ma fille, mais vous allez voir. Même pas une semaine après, on m’appelle pour me demander, il y a combien de filles qui s’appellent Aminata dans ma classe. J’ai dit qu’il y’en avait trois. Ils m’ont dit que celle qui est voilée et qui s’assoit toujours au fond m’accuse de l’avoir violée. Le moment dont elle parle-là, je n’étais même pas à l’école. Des gens qui m’ont vu sortir peuvent en témoigner », a-t-il déclaré à la barre.

Pendant sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile a rappelé le déroulement les faits, conformément aux explications de la partie civile. « Nous avons ce jour le procès d’un enseignant, un instituteur célèbre. Vous avez devant vous un prédateur sexuel. En plus d’enseigner normalement, il enseigne la perversion. À l’école où enseigne monsieur Anatole Loua, Il y a une période de pause. Pendant cette pause, ceux qui sont proches rentrent à la maison pour manger et se reposer.  Et ceux qui habitent loin restent au sein de l’école pour attendre la suite des cours. Ce jour-là, il était dans la salle de classe avec ma cliente et trois autres filles. Monsieur Anatole Loua s’est approché d’elle pour tenter, même pas tenter, pour assouvir sa libido. Il a introduit ses doigts dans les parties intimes de la fille. À la suite de ces faits, arrivée à la maison, la fille a informé sa mère. La maman est allée à l’école et monsieur Anatole a été interpellé. Depuis le début de cette procédure, ma cliente a toujours tenu les mêmes propos, les mêmes réponses aux questions posées de la gendarmerie jusqu’à devant le juge d’instruction. L’article 268 du code pénal, c’est sur le fondement de cette disposition que le magistrat instructeur a requalifié les faits de viol malheureusement et renvoie à l’attentat à la pudeur. Nous sommes en présence d’un cas de viol. Les témoins de la défense ont déclaré ‘’Non, je n’ai pas entendu Aminata crier’’, comme si la preuve de viol est de crier  ’’Non, elle marchait normalement’’. Est-ce qu’il s’agit d’un viol ou d’un attentat à la pudeur ? La décision vous appartient monsieur le président », a dit l’avocat. La partie civile a également demandé le paiement de la somme d’un million 315 mille GNF de dommages et intérêts.

Le Ministère Public, représenté par Mamadou Hady Diallo, estime que les faits ne sont pas établis à l’encontre du prévenu Anatole Loua. « Nous ministère public, nous avons été informés de ce viol sur une fille de 14 ans. Ce jour, si nos agents n’étaient pas intervenus, monsieur Anatole Loua ne serait pas là. Le viol a été commis dans une salle de classe où il y avait trois autre élèves. L’inculpé a toujours nié les faits et ces filles ont été interrogées, elles disent n’avoir jamais vu monsieur Anatole Loua violer mademoiselle A D. Le juge d’instruction a estimé que les faits de viol ne sont pas établis. C’est pourquoi il a requalifié les faits en attentat à la pudeur. Nous, nous ne pouvons pas nous prononcer pour un cas de viol (…) », a-t-il expliqué en estimant que Les faits à lui reprochés ne sont pas établis avant de requérir de renvoyer l’enseignant pour délit non constitué.

Interrogé par le président du Tribunal, le prévenu Anatole Loua dira pour sa propre défense : « je ne travaille pas pour toucher les fesses des élèves. Je ne l’ai jamais fait et je ne le ferai jamais. J’ai fait 15 ans dans cette école et pour me remercier, on m’accuse pour me salir. Ce jour-là, à Cosa, une bagarre qui allait éclater. J’ai des élèves au lycée que j’ai enseignés. Ils voulaient tous descendre, mais j’ai dit non. En cours de route, même si une de mes élèves me salue sur la route, je ne réponds pas. Je sais pourquoi ».

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 20 décembre 2023.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

Tél. : 628 286 119

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