Droits de l’homme en Guinée : « C’est un bilan globalement catastrophique », juge Kaly Diallo

L’activiste des droits de l’homme ne passe pas par le dos de la cuillère. Pour lui, le bilan des droits de l’homme en Guinée pour l’année 2023 est globalement catastrophique. Kaly Diallo estime qu’il y a un grave recul, notamment ces derniers temps. Il l’a dit dans un entretien accordé à un journaliste de Guineematin.com mercredi 27 décembre 2023.

Les seules notes positives que ce défenseur des droits de l’homme trouve, sont l’organisation du procès du 28 septembre 2009 et la comparution du ministre de la Justice devant le tribunal correctionnel de Dixinn. Sinon les droits de l’homme à tous niveaux sont bafoués, selon lui.

« C’est un bilan globalement catastrophique. À part l’organisation du procès des événements du 28 septembre, qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’impunité, et peut-être la venue du ministre de la Justice pour répondre à une convocation à la justice pour dire que même quand on est ministre de la Justice, on est justiciable; ça c’est un signal fort, mais à part ces deux actes il y a un recul assez grave en matière des droits de l’homme (…). Malgré l’engagement de l’État de respecter et de faire respecter les instruments (juridiques nationaux et internationaux), il y a une interdiction systématique de la liberté de manifester sur les voies et places publiques. L’autre aspect, il y a l’usage disproportionné de la force lors des manifestations sociales et politiques (…). En termes de libertés publiques, la liberté d’opinion n’est pas épargnée. Pendant 2 mois on a suivi la restriction de Guineematin.com sans qu’on ne signifie ce qu’on reproche au site. C’est en violation de l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que “tout individu a droit à la liberté d’opinion, à la liberté de penser”. Ce qui implique le droit de ne pas être inquiété sur ses opinions et le droit de chercher, de répandre ses idées et ses expressions sans considération de frontières. Aujourd’hui on est plus à la restriction de Guineematin.com mais du retrait systématique des télés (Djoma, espace et Évasion) et du groupe Fréquence Médias de Canal plus et Startimes. Ça, ce sont des restrictions de libertés! Et, les droits sociaux, économiques et culturels (droit à la santé, droit au bien-être, droit au logement). Aujourd’hui quand on parle de droits sociaux et économiques, le citoyen tire le diable par la queue. Si la queue existe jusqu’à présent. Voyez-vous le coût de la vie aujourd’hui, alors qu’il est de la responsabilité de l’État d’impulser des politiques publiques qui partent dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Des femmes rurales qui portent les enfants au dos pour aller chercher l’eau potable à des kilomètres, si bien que la Guinée soit le château d’eau de l’Afrique de l’ouest. Le droit à un environnement sain. Il vous souviendra qu’on est arrivé à un moment où on a suspendu un conseil des ministres pour dire que tous les membres du gouvernement doivent s’impliquer dans le cadre de l’assainissement, parce qu’il y avait des ordures de telle sorte que la ville était méconnaissable. Malheureusement ce n’est pas une politique publique qu’on a impulsée pour dire qu’on confie cette gestion par exemple au niveau des collectivités locales. Jusqu’à présent les ordures sont là. La dégradation de l’environnement au niveau des zones minières, aujourd’hui la question de justice climatique se pose. Donc globalement, vous voyez qu’il y a un grave recul des droits de l’homme malgré que la Guinée soit l’un des rares pays qui ratifient tous les instruments de promotion et de protection des droits de l’homme exceptée la convention portant sur les disparitions forcées », a-t-il rappelé.

Pour l’année 2024 qui s’annonce, M. Diallo appelle les autorités au respect des textes juridiques nationaux et internationaux pris par le pays.

« Que les autorités respectent les engagements pris. Encore une fois en termes d’engagements pris, la Guinée devait être le paradis du respect des libertés (..). A mon avis, une déclaration solennelle du président de la transition allant dans le sens du respect des droits de l’homme, allant dans le sens du respect des libertés fondamentales pourrait impulser un nouveau climat en République de Guinée », a-t-il conclu.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

 

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