Meurtre de Thierno Mamadou à Hamdallaye : adjudant-chef Moriba Camara clame son innocence

Le procès en appel de l’adjudant-chef Moriba Camara s’est poursuivi ce jeudi, 7 mars 2024, à la Cour d’appel de Conakry. Cet agent est accusé du meurtre par balle de Thierno Mamadou Diallo à Hamdallaye (dans la commune de Ratoma) lors d’une manifestation contre la hausse du prix du carburant. Et l’audience du jour s’est tenue à huis clos, en l’absence des conseils de la partie civile. La défense réitère la demande de l’acquittement pur et simple de son client qui avait été condamné à 10 ans de réclusion criminelle par le tribunal de première instance de Dixinn, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cette affaire, c’est le 1er juin 2022 que Thierno Mamadou Diallo, élève en classe de 10ème année, originaire de Timbo, dans la préfecture de Mamou, a été tué par balle. C’était suite une manifestation contre la hausse du prix du carburant à la pompe. Après les enquêtes, l’adjudant-chef Moriba Camara a été mis aux arrêts et placé sous mandat de dépôt le 13 juin 2022. Le dossier a été jugé au tribunal de première instance de Dixinn où il a plaidé non coupable tout le long du procès.

Cependant, le tribunal l’avait déclaré coupable des faits de meurtre et l’avait condamné à 10 ans de réclusion criminelle. C’est contre cette décision que l’accusé et ses conseils ont relevé appel.

Le 11 janvier 2024, le procès en appel s’est ouvert en présence devant toutes les parties à la cour d’appel de Conakry où l’accusé a soutenu mordicus qu’il n’est pas auteur de ce meurtre.

« Je jure sur le Coran et les 5 prières que ce n’est pas moi. Je peux mettre ma main sur le Coran pour jurer. Le mercredi 1er juin 2022, une patrouille mixte a été déployée sur le lieu pour protéger les citoyens et leurs biens. Ce jour, nous étions stationnés au carrefour de Bambéto. Aux environs de 18 heures, la population est venue vers nous. Ils ont barricadé la route. Nous sommes allés enlever toutes les barricades devant la Galerie Marifala. Nous avons remonté l’information. Ainsi, nous avons pris la route Le Prince, direction Hamdallaye. A ce niveau, nous avons trouvé des jeunes armés de cailloux, de manchettes et tout ce que vous savez. Ils ont lancé un caillou qui m’a blessé au pied.  Mon collègue a reçu un coup au thorax. Tous mes collègues tiraient. Et moi, j’ai fait deux tirs de sommation en l’air. Immédiatement, la foule s’est dispersée. La foule a voulu nous exterminer ce jour. Si je n’avais pas fait les deux tirs de sommation, ils allaient nous tuer. Quand la foule s’est dispersée, nous avons trouvé des pick-up de gendarmes à Hamdallaye. Ceux-ci étaient venus en renfort et ils tiraient des tirs de sommation en allant vers Bambéto… Mais moi, je n’ai pas tué », a déposé l’adjudant-chef Moriba Camara.

Au sortir de cette audience de ce jeudi, 7 février 2024, Me Kabinet Kourala Keïta, avocat de la défense, réitère sa demande d’acquittement pur et simple de son client.

Me Kabinet Kourala Keïta, avocat

« Vous savez, avec cette nouvelle formation, les débats ont repris à zéro. Mon client a été identifié et les motifs pour lesquels nous avons interjeté appel ont été clairement exposés. En réalité, nous avons estimé que notre client a été condamné dans le doute à 10 ans de réclusion criminelle. Mais, mon client est innocent. Non seulement il en clame, mais il l’est. Je suis convaincu qu’il est innocent. Ils disent qu’il y a eu l’utilisation d’une arme qu’on appelle Kalachekinikov et il est constant que toute la brigade anti criminalité (BAC) a la même arme, la même munition. Toute l’équipe ce jour-là a tiré des tirs de sommation sur la même direction, sur les mêmes positions. Alors, en quoi on peut imputer la mort de ce jeune à l’adjudant-chef Moriba Camara. Aucun élément de preuve le parquet n’a pu démontrer. Donc, nous, nous restons convaincus que la cour de reformation va réformer incontestablement le jugement querellé et rétablir adjudant-chef Moriba Camara dans ses droits. Nous demandons son acquittement pur et simple », a expliqué Me Kabinè Kourala Keïta.

C’est dans ce climat que l’affaire a été renvoyée au 21 février 2024 pour la comparution des témoins et la continuation des débats.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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