Faut-il exclure ou utiliser le fouet dans l’éducation des enfants ? Ce qu’en disent des citoyens de N’Zérékoré

Elisabeth Haba, rédactrice en chef à la radio espace forêt de N'Zérékoré

L’usage du fouet dans l’éducation des enfants est-il avantageux ou au contraire peut contribuer à abrutir l’apprenant ? La question vaut son pesant d’or d’autant plus que le fouet est encore présent dans la sphère éducative, malgré son interdiction par la législation scolaire. Interrogés par la rédaction régionale de Guineematin.com, des citoyens de N’zérékoré pensent tout de même que le fouet a bien sa place dans l’éducation des enfants. Mais, l’usage du fouet doit être modéré pour éviter de maltraiter les enfants. 

L’usage du fouet permettait de « discipliner » les élèves dits « récalcitrants » et contribuait à garder le calme et la sérénité dans les centres d’apprentissage. Si d’aucuns dénoncent son utilisation, surtout qu’il est interdit par la législation scolaire, des citoyens de N’zérékoré ne s’y opposent pas.

Ibrahima Korka Diallo, professeur de physique

Ibrahima Korka Diallo, professeur de Physique pense que le fouet peut dissuader l’enfant à mal agir. « Ce n’est pas forcément qu’il faut utiliser le follet, mais ça dépend des conditions. Tu peux utiliser plusieurs méthodes. On utilise généralement le fouet pour intimider l’enfant ou le persuader. Si tu veux que l’enfant t’obéisse, tu peux lui dire que quand tu fais telle chose, je vais te frapper. S’il a peur du fouet, il ne fera pas ce que tu lui as interdit. Et contrairement aussi, il peut faire ce que tu lui demandes de faire. On utilise le fouet pour éduquer l’enfant. Personnellement, je l’utilise chez moi, mais ce n’est pas pour faire du mal à l’enfant, mais pour l’amener à faire ce qu’il doit faire. Si on n’abuse pas l’usage du fouet contre les enfants pour leur bonne éducation, je ne vois pas de conséquences. Mais si on abuse, il y a aussi des conséquences derrière. Ce que je vais dire aux parents dans l’éducation de leurs enfants, c’est de voir ce que l’enfant peut suivre ou obéir pour être sur la bonne voie. Si le fouet peut l’amener à être sur la bonne voie, on peut l’utiliser. Ceux qui abusent dans l’usage du fouet, ce n’est pas aussi une bonne chose. On ne doit pas châtier l’enfant », a dit Ibrahima Korka Diallo.

Même son de cloche chez Pé Kolié, professeur de Géographie et d’Education civique et morale, qui ne manque pas de conseils à l’endroit des parents par rapport à l’usage du fouet dans l’éducation de leurs enfants.

Pé Kolié, professeur de géographie, d’éducation civique et morale

« Par rapport à l’usage du fouet, nous savons bien ici chez nous qu’en Afrique traditionnelle, les noirs ont toujours utilisé le fouet pour éduquer leurs enfants. Mais au fur et à mesure qu’on a évolué, on a compris que le fouet avait un impact un peu négatif. Parce que son usage abusif fait que l’enfant peut avoir peur même pour dire quelque chose à ses parents. Mais aussi, exclure le fouet dans l’éducation des enfants, c’est aussi laisser les enfants à la dérive. Parce qu’il y a des enfants de nos jours, sans le fouet, ils ne peuvent pas être éduqués. Donc, on peut utiliser le fouet dans l’éducation des enfants, mais ce qui est mauvais, c’est d’en abuser de l’usage. Ce que je peux dire aux parents, c’est de comprendre l’enfant quand il grandit. C’est-à-dire de quoi est-ce que l’enfant a peur de plus ? Si l’enfant a trop peur du fouet et que tu vois que l’utilisation du fouet peut créer du traumatisme dans son comportement, il faut écarter le fouet dans son éducation, et de chercher à l’approcher pour mieux comprendre les choses. Je déconseille les parents qui font l’usage du fouet à tous les temps dans l’éducation des enfants. Sinon, l’enfant n’aura même plus peur du fouet, car s’il comprend que c’est le fouet ton dernier recours, il va se dire que je vais faire un tel acte et après quand on me frappe c’est fini. Aussi pour ceux qui prennent des enfants comme des bijoux, cela a aussi des conséquences. Si tu vois que l’enfant, comprend ce que tu lui dis, c’est mieux d’exclure le fouet », a laissé entendre Monsieur Pé Kolié.

Elisabeth Haba, journaliste de profession et mère de famille, pense que le fouet a une raison d’être utilisé dans l’éducation des enfants, même si, dit-elle, les parents doivent l’utiliser de façon objective et modérée.

Elisabeth Haba, rédactrice en chef à la radio espace forêt de N’Zérékoré

« En toute réalité, le fouet a sa raison d’être utilisé dans l’éducation des enfants. J’avoue qu’à notre époque, lorsqu’on était encore à l’école, on utilisait le fouet. Et, en ce moment, franchement c’était le meilleur moment. Parce que lorsque tu penses qu’il y a le fouet, tu ne vas pas te permettre de faire du n’importe quoi.      Mais comme je l’ai dit, tout change. Et, actuellement, il a été décidé de ne pas utiliser le fouet. Et depuis qu’on a enlevé cette affaire de fouet à l’école ou à la maison, les enfants ont tendance à se dire qu’ils peuvent tout faire. Ils n’ont plus peur parce qu’ils savent qu’on ne peut plus les toucher, et quand on les touche, qu’ils ont le droit de porter plainte contre leurs parents. Et du coup, c’est comme si ces enfants étaient au-dessus de leurs parents. Mais de toute évidence, le fouet a une place importante dans l’éducation des enfants parce que ce n’est pas seulement pour frapper, mais des fois pour faire fléchir l’enfant car il aura peur d’être frappé. Pour moi, exclure carrément le fouet dans l’éducation des enfants peut poser problème. Même si on doit enlever le fouet dans l’éducation des enfants, on doit le faire de façon progressive. Quelque part, quand l’enfant voit l’intention de son papa ou de sa maman de le frapper, il peut avoir peur et faire ce qu’on lui demande. Par contre, si on abuse l’utilisation du fouet dans l’éducation des enfants, cela a aussi des impacts. Frapper un enfant pour lui faire du mal est une chose à éviter, parce que l’enfant est un être humain avant tout. Pour moi, le fouet doit être utilisé de façon objective et modérée. Si non, l’usage abusif du fouet contre l’enfant peut le traumatiser ou l’amener à avoir son mental préparé au fouet. Ce qui fait que certains enfants peuvent dire en eux-mêmes, que le fouet n’est plus rien pour eux, et par conséquent, ils n’ont plus peur de rien. C’est vrai que le monde évolue. Et pour ceux aussi qui prennent les enfants comme des bijoux ou des petits dieux, cela est aussi plus grave. Je parle en fonction des réalités de l’Afrique. Quand on prend l’enfant sur cet angle-là, finalement ce sont des enfants qu’on va appeler dans la société « enfants gâtés ». Et le plus souvent, ses enfants deviennent une honte pour les parents », a dit Elisabeth Haba.

De N’Zérékoré, Jean David Loua pour Guineematin.com

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