Colonel Tiegboro Camara à la barre : « Celui qui parle encore, je le rentre dedans »

Colonel Moussa Tiegboro Camara

Comme annoncé précédemment, la phase des confrontations s’est poursuivie ce lundi, 22 avril 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Et, c’est le colonel Moussa Tiegboro Camara qui a passé la quasi-totalité de la journée à la barre pour sa confrontation avec certaines parties civiles qui l’accusent dans ce dossier. Un face à face l’a plutôt agacé et parfois énervé à cause des accusations proférées contre lui devant cette juridiction de première instance. Des accusations qu’il dit avoir été « montées de toute pièce » pour le salir, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Durant la présente journée de confrontation, le colonel Moussa Tiegboro Camara n’a cessé de clamer son innocence et d’interpeller ses accusateurs sur la gravité qu’ils tiennent à son encontre devant ce tribunal criminel. Des accusateurs qui lui reprochent d’avoir tenu des propos menaçants et outrageants à l’endroit des manifestants qui se trouvaient au stade du 28 septembre le 28 septembre 2009. C’est le cas de Mamadou Oury Baldé, garde du corps de Cellou Dalein Diallo (leader de l’UFDG) et partie civile, qui soutient que le colonel Tiegboro l’avait traité, lui et son équipe, de « loubards ». Il assure aussi que le colonel Tiegboro avait menacé de lui « rentrer dedans » s’il n’arrête pas de parler.

« Il (colonel Tiegboro) a dit : président Dalein, prendre des loubards pour les faire descendre dans la rue n’est pas la solution. C’est là-bas que moi-même j’ai répondu : on est loin d’être des loubards, nous sommes des gardes du corps de Dalein qui est notre patron. Il (colonel Tiegboro) a immédiatement rétorqué : tu la fermes ou je te rentre », a déclaré Mamadou Oury Baldé.

Mais, le mis en cause a très réfuté avoir prononcé le mot « loubard » à cette occasion. Et, il a mis au défi son accusateur d’apporter la preuve contraire.

« Monsieur le président, l’heure est grave. Le mot loubard n’est pas venu de moi et je ne l’ai pas entendu. Que quelqu’un exhibe la moindre preuve », s’est défendu le colonel Tiegboro Camara.

En plus des propos menaçants et outrageants, Mamadou Oury Baldé accuse le colonel Tiegboro Camara de tentative de kidnapping contre la personne de Cellou Dalein Diallo.

« Tiegboro a voulu kidnapper Elhadj Cellou Dalein. C’est vrai qu’il n’est pas venu le prendre au collet, mais il lui a dit : président Dalein, on entre ensemble au stade. Il l’a enlacé et Elhadj Cellou est venu ouvrir la portière arrière de la pick-up. Tiegboro tenait la portière avant. Mais, j’ai senti que Elhadj Cellou n’a pas compris ce qu’il (Tiegboro) voulait faire… Donc, je suis venu m’arrêter devant lui et je lui ai dit : président, qu’est-ce que vous êtes en train de nous faire ? Il m’a dit : n’aies pas peur. J’ai répondu : descendez ! Il a voulu s’entêter, mais je l’ai pris pour faire descendre avec l’aide de mon ami Aldiouma Diallo », a-t-il indiqué.

Visiblement désappointé par toutes ces accusations, le colonel Moussa Tiegboro Camara a eu de la peine à se retrouver dans les propos de Mamadou Oury Baldé. Il assure qu’il a « sauvé Cellou Dalein Diallo » et qu’il a du mal à comprendre les motivations de cette partie civile pour tenir son image.

« Monsieur le président, c’est vous qui souffrez parce que c’est compliqué tout ça. Déceler la vérité dans ça, c’est un peu compliqué… Ce jour-là, si moi je tentais de kidnapper le grand frère Dalein, le lendemain ça allait être sur toutes les antennes. Parce que la presse était là… Monsieur le président, lui (Mamadou Oury Baldé) est un champion. Et franchement parlant, c’est grave. Monsieur Dalein est un grand frère qui est allé chez moi dans le Konia remercier mes parents pour l’avoir sauvé au stade… Ce monsieur est en train de dire que moi je suis allé dorloter monsieur Dalein pour l’embarquer dans mon véhicule. Mais, on est où là ? C’est extrêmement grave ça. Il faut que les gens comprennent qu’on est en face de l’histoire et dans un procès public… Lorsqu’on n’a pas de preuve, on se tait », a-t-il expliqué.

« Celui qui parle encore, je le rentre dedans »

Depuis le début de ce procès devant le tribunal criminel de Dixinn, plusieurs parties civiles ont soutenu à la barre que le colonel s’était illustré par les menaces le 28 septembre 2009 contre les manifestants. Le mis en cause a toujours réfuté ces accusations qu’il met au compte d’une « affabulation pure et simple » visant à le nuire. Mais ce lundi de confrontation devant cette juridiction de première instance, le colonel Tiegboro Camara a reconnu avoir proféré des menaces. Mais, il assure que ces menaces n’étaient nullement adressées à Mamadou Oury Baldé.

« Je l’ai confirmé ici. Quand je parlais avec les leaders, pendant qu’on parlait tranquillement par rapport au rapport, les enfants qui criaient, je leur ai dit : taisez-vous, celui qui parle encore, je le rentre dedans. Je l’ai dit, mais pas contre lui (Mamadou Oury Baldé). Parce que tout ce qu’il raconte, je ne l’ai pas vu, je ne l’ai pas constaté sur le terrain, il ne s’est pas passé un échange de propos entre lui et moi. Donc, tout a été monté de toute pièce pour juste me salir », a-t-il martelé.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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